Le roman de Charles Sale raconte les vicissitudes de La’afal, haut fonctionnaire généreux devenu odieux après avoir été trahi par ses proches. Comment comprendre qu’un homme généreux devienne subitement avare? Charles Sale, écrivain et homme politique en sait quelque chose. Dans son roman de 174 pages, paru aux éditions L’Harmattan et intitulé « La’afal, Ils ont dit … », il retrace l’histoire du héros éponyme : un haut fonctionnaire altruiste mais qui une fois relevé de ses fonctions a découvert la traîtrise, l’ingratitude. Il s’est vu tenter par la perversion avant d’être sauvé par un prêtre.
C’est à Kôbassa au Nord-Ouest de Lombatchi, un pays imaginaire de l’auteur que l’histoire se déroule. Tout petit, La’afal, brille par sa générosité. Devenu adulte, il ne perd pas cette qualité. Tous les jours, ses largesses, sa magnanimité et son sens élevé des relations humaines font monter sa cote de popularité. Même devenu directeur de cabinet du ministre en charge des affaires communes, on l’appelait « Papa Noël ». Tant son domicile était ouvert à tout le monde et il savait partager. Lorsque sa femme attire son attention sur cette façon de se conduire il lui rétorque : « Si Dieu a permis que j’occupe ce poste, c’est pour pouvoir aider les autres ». Dans ce sillage, il fait venir de son village, un instituteur retraité pour s’occuper de son secrétariat. Mais, après l’avoir transformé, stage de formation à l’étranger à l’appui, l’instituteur devient son premier ennemi.
La source de tous ses problèmes.
Dans ce roman réparti en 13 chapitres, l’histoire du personnage principal est semblable à celle de bien d’autres personnalités. Elle pose les questions d’une humanité en proie à des blessures existentielles : la souffrance, le mal. Car, comme tous les hommes bons, à chaque fois qu’on attirait l’attention de La’afal sur son collaborateur, il ne s’inquiétait pas. Il le prenait encore pour le petit instituteur, villageois qu’il a sorti des champs. Naïf, il a continué d’aimer ses amis malgré la calomnie et les coups bas dont il était victime. Des motifs qui l’auraient amené à changer. C’est une fois tombé dans l’inactivité et obligé de rentrer au village qu’il devient un autre homme.
La’afal est devenu radin, avare, méchant. On l’appelait picsou, pingre, harpagon…Il préférait les oiseaux à ses frères. Mais, comme tous ceux qui ont ce genre de comportement, tous les dimanches à l’église, il s’asseyait aux premières loges. Alors qu’à longueur de journée, il préférait voir les fruits de sa plantation pourrir ou saccagés par les animaux que d’être consommés par ses frères. Certains vont même penser qu’il a signé un pacte avec le « Mami wata ». Mais grâce à l’intercession d’un grand prêtre, il finit par comprendre que tout bienfait n’est jamais perdu. Le prélat lui dit alors : « Continue à faire du bien, même s’il ressort des expériences vécues, le sentiment d’une chute, d’une privation ou d’une frustration. Cela a pour nom bénédiction et salut ».