'PimentCam': Jovi raconte l’industrie du Piment au Cameroun

Piment Cam1 Couverture du single

Tue, 6 Mar 2018 Source: voila-moi.com

Jovi est très à l’aise lorsqu’il s’agit de traiter les sujets de sexe ou trash. Cela s’est souvent retrouvé dans certains de ses titres à l’instar de Cash, Monshung, Maquerau… C’est encore tout un développement qu’il a dédié au sujet dans son nouveau titre « PimentCam ».

03 piments aux couleurs du drapeau Camerounais, voilà qui titille dès l’entame, lorsqu’on regarde la pochette du single. Alors que le mot Piment au Cameroun a pris une connotation faisant allusion au sexe. A tel point qu’on a des mots dérivés dans l’argot à l’instar de Pimenterie, Pimenteuse, Jovi ramène cette fois ci la dimension industrielle personnalisé du piment au mot PIMENTCAM. Ça s’entend comme l’industrie Camerounaise du piment. Des personnalités féminines Camerounaises sont même devenues célèbres dans ce qu’on appelle « La vente du piment » : La prostitution.

Il faut dire que Jovi a vraiment décrypté le sujet dans son morceau. Avec une description très affûtée des clichés autour de la prostitution. Jovi fait une état des lieux dans un discours à la Camerounaise. Il raconte d’ailleurs cela avec une allégorie très subtile et des codes fermés. Il faut être un initié pour comprendre son langage.

Son texte bien que fun, repose sur une logique dans laquelle il met de la connaissance. Notamment en économie, puisqu’il explique de nombreuses variables sur le fonctionnement du marché. De nombreuses punchlines et une inspiration spéciale.

Jovi transporte le piment de la dimension comptoir à la dimension industrie. Inscrivant un aspect comportemental et fonctionnel autour du phénomène.

Dans son texte, Jovi semble vouloir dénoncer ici l’ampleur du phénomène

Ennemi juré de la femme au Foyer…Tu look dans la marmite tu commences à pleurer…

Une fille qui dormait dans le caniveau, là voilà qui change les euros …

Pendant les fêtes du nouvel an c’est comme s’il y’a la foire du piment…

Dans l’ensemble c’est un exercice artistique poussé que Jovi nous offre dans cet opus. De la musique qui est assez spéciale (que je ne saurai d’ailleurs nommer), au développement très intelligent du sujet. C’est d’une capacité cérébrale remarquable il faut l’avouer. Par dessus tout, c’est l’aisance avec laquelle on le retrouve sur ce morceau.

A bien écouter, au fond, c’est aussi un étalage de la frivolité à laquelle se livrent les jeunes femmes par que faire? Les premières phrases les disent bien :

« Monsieur le prési, je suis une vendeuse de gésier. Je vend le piment pour m’acheter les beignets.Vendeuse de piment c’est aussi une métier…Le piment que tu vois là a aussi son marché, comme y’a un marché, il faut aussi quelqu’un pour démarcher… CNPS nous aussi on veut cotiser… »

Oui Jovi en parle comme l’issue de certaines. Au final, il dénonce, il alerte…Il fait un état des lieux, un état des lieux alarmant du Cameroun. C’est du lourd en tout cas coté artistique. Espérons que ça ne passera pas inaperçu comme souvent.

Vendeuse de piment c’est aussi une métier…Le piment que tu vois là a aussi son marché, comme y’a un marché, il faut aussi quelqu’un pour démarcher… CNPS nous aussi on veut cotiser…

Le piment au Camer, ça donne les doh… Si on veut joss les ways du poteau, si c’est pour ça personne n’a le niveau.

Le poteau renvoie ici à l’expression filles du poteau (façon dont on appelle les prostituées)

Piment qui chauffe mbom c’est par ici … Il y’a tout genre de piment de piment dans ce pays.

Il décrit le commerce du piment comme moyen d’ambition chez les pimenteuses

Est ce que tu as déjà vu une vendeuse de piment traverser le désert? Elle go là bas chercher qui? Que les avions sont finis? Le billet d’avoion pour la Turquie, elle passe par Dubai pour la Russie.

Ce passage est une description métaphorique qui exprime le matérialisme et l’opportunisme chez les vendeuses de Piment. En effet, le désert représentent les poches vides ou l’homme pauvre. Tandis que les autres pays cités représentent les blancs nantis pour lesquels elles ont des préférences. Jovi utilise un discours assez codé pour expliquer le coté ambitieux des pimenteuses.

Les snacks et les boites, c’est les champs… Les cultivateurs de piment….

Il expose les dangers du métier

Maguida ! Pardon attend retire… Bébé le choisi c’est le choisi, on t’a dit que je vendais le spaghetti?

On a ici une interlocution entre une vendeuse de piment et un Maguida (Nom donné aux hommes de culture et d’origine sahélienne- à certains peuls venant du nord Cameroun). Les Maguida sont connus pour avoir un gros sexe. Dans cette conversation, on a la vendeuse de piment qui exprime son mal durant l’acte et le Maguida lui répond en disant que son sexe n’est pas le spaghetti. Une façon de dire que même quand c’est costaud les vendeuses de piment doivent supporter.

Source: voila-moi.com