Roman : 'Comme il était au commencement'

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Sat, 14 May 2016 Source: culturebene.com

En s’arrêtant un temps soit peu sur le nom d’emprunt de l’auteure, on pourrait immédiatement être étayé sur la dimension spirituelle à laquelle elle nous convie à travers son œuvre. Otitié Kiri, l’étoile du matin si vous préférez, en a dans la tête ; pas forcément par l’intelligence acquise au terme de longues études, mais aussi et surtout sa démarche relative à la quête spirituelle ô combien sage et opportune, dans une ère où numérisation et technologie outrecuidante maintiennent en otage la pensée. A travers son roman « Comme il était au commencement »  paru tout récemment aux éditions l’Harmattan, la romancière nous ramène à ce qu’il n’est pas prétentieux d’appeler la « raison ». Elle nous prescrit ainsi une « quête spirituelle et identitaire », afin que l’on s’assume, s’accepte, au-delà du superficiel et des artifices dont on se bourre depuis plusieurs siècles.

Un beau petit joyau littéraire de 181 pages, une écriture à la fois simple et soignée, et un texte plein de sens et de sagesse. Comme il était au commencement, l’auteure ne pouvait alors rêver meilleur titre que cette formule liturgique pour mieux nous plonger dans notre quête de soi, de notre IDENTITE, notre AUTHENTICITE. Elle qui pourtant a vu le jour dans une ville européenne, Paris, n’en garde pas moins les pieds sur terre et la tête sur les épaules. Bel hommage donc à sa culture (africaine), encore qu’elle s’est rebaptisée Otitié Kiri. Diplômée en Langues Etrangères appliquées aux marchés émergents (traductions de documents contemporains) Option Enjeux politiques et communication interculturelle, Mlle MBARGA (son vrai nom) tient là l’opportunité de contribuer à la reconnaissance des valeurs qu’incarne le riche patrimoine africain. Mieux, à travers son ouvrage, elle nous plonge au cœur du MFANG, de l’ « authenticité ».

Placer des mots sur des problématiques qui la touchent, extérioriser les paradoxes de son identité écartelée entre des valeurs africaines et un mode de vie occidental, sont autant de prétextes qui l’auront suffisamment inspiré. L’auteure confie alors que le livre est prêt depuis Juin 2011… Le choix de la couverture est d’autant plus révélateur, en ce sens qu’il donne à voir comme élément principal la LUMIERE. On remarque justement sur la couverture la lumière du soleil qui semble se lever derrière la montagne, et plus bas, par opposition à celle de la ville qui elle, est artificielle. L’œuvre nous conte l’histoire d’une femme, Esther, qui préserve jalousement un secret. Une part d’elle-même qu’elle brime parce que l’école, la morale, la religion, la télévision, les modèles dont elle subit l’influence l’ont programmé pour penser que tout ce qu’il y a d’authentique en elle est mauvais ; de ce fait elle va développer un sentiment de désamour envers elle-même. Elle se protège alors des regards des autres…  L’histoire en elle-même est une sorte de journal intime à travers lequel le personnage se parle (soliloque) s’exorcise, se réapprend, bref, une auto thérapie pour ainsi dire. La réconciliation entre l’histoire et la personnalité d’Esther, et pas des moins antinomiques.  Avec le génie de l’auteure, il nous est donné de comprendre en ceci une quête de soi doublée d’une quête de spiritualité, élément essentiel pour un recours au COMMENCEMENT. Comme elle le souligne, on pourrait y saisir l’objet de la quête spirituelle d’Esther qui est de « quitter la ville pour aller se réfugier dans la montagne » ; cependant, cette montagne n’est pas physique puisqu’elle est plongée dans un état spirituel que cette dernière s’attèle à cultiver.

Le roman soulève également plusieurs questions en l’occurrence l’émancipation de la femme africaine dans la société occidentale. Idées préconçues, déductions morbides et le « vivre selon l’autre », autant d’éléments que l’auteur dépeint avec poésie afin certainement de s’assurer d’une perception douce du sujet.

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