Carrefour Ari, Un bœuf volé pour une dot.
Le week-end était plutôt festif pour la famille P. au quartier dit << Ari »>, dans l'arrondissement de Douala III. La dot de Céline, 29 ans, ingénieure, venait d'être versée par la famille de son fiancé Jules César D., ingénieur informaticien de 35 ans. Après les réjouissances étalées sur deux jours, il était question que le bœuf, mentionné dans la liste et fourni par le prétendant, soit égorgé et partagé ce lundi entre les différents ayants droit. Un certain Issa est contacté pour l'office.
En cette veille du 15 août, Issa débarque comme un sauveur pour ceux qui s'impatientent déjà d'emporter << les choses du ventre >> de l'animal, afin de fêter l'Assomption avec des airs d'avant-goût de Noël. Après avoir déployé son matériel, Issa se fait conduire vers le bœuf. Et là, il l'observe un moment, saisit sa corde, sans que les gens autour ne sachent s'il s'agit d'étapes dans son opération ou d'autre chose... Finalement, il demande à ses clients qui leur a vendu la bête. « C'est le beau-fils qui a apporté », reçoit-il comme réponse. Issa prend alors son téléphone et passe un appel dans une langue que personne alentour ne comprend. Puis demande à tout le monde de patienter un peu.
Quelques minutes plus tard, un monsieur, dont on apprendra par la suite qu'il venait de Texaco Aéroport, gare son véhicule sur les lieux. II demande à voir celui qui a acheté le bœuf. Jules César est à Yaoundé. Le monsieur explique que ce bovin est le sien, qui lui a été volé il y a une semaine environ. Un vol pour lequel Issa avait même été indexé, précise le nouveau venu. Dans la foulée, il appelle la gendarmerie. Des éléments de la brigade de Nylon ne tardent pas à arriver.
Le père de Céline dit qu'il est pour la paix, et que le bœuf peut être emporté à la brigade au besoin. Le propriétaire autoproclamé refuse. II veut juste savoir qui a vendu l'animal... Finalement, Jules César est joint au téléphone. Et explique qu'il avait chargé son frère aîné de l'achat du bœuf. Appelé à son tour, l'intéressé, qui dit être à Edéa, déclare avoir effectué l'achat non loin de l'aéroport de Douala. Puis donnera un nom, figurant sur le document qu'il avait reçu en guise de reçu-facture. Un nom que le propriétaire reconnaît. Pour une raison non élucidée, l'homme a demandé que le bœuf soit plutôt égorgé hier, mardi... La gendarmerie a ouvert une enquête.
A.N