Les yeux pétillent. Les joues s’empourprent… Nathalie, 31 ans, évoque ces moments intimes avec gourmandise : « Me cambrer sous ses caresses, entendre son souffle qui accélère, trouver sa peau sous les étoffes, sentir ses mains qui me cherchent, me serrent, me pétrissent. L’explorer avec ma bouche, humer son odeur devenir plus forte et fondre sous sa langue. Lui dire des mots crus et le voir s’emporter… » Les images défilent, plus sensuelles les unes que les autres. Sujet chaud, pour celui qui raconte comme pour celui qui écoute.
Les préliminaires, une préparation à l'amour
Préparation sensorielle à l’amour, les préliminaires attisent l’imagination et les désirs de certains, et soulèvent, pour d’autres, de grandes inquiétudes. Moment de la rencontre des corps et de l’expression du désir, « ils concentrent les enjeux relationnels du couple. Grandioses quand le désir circule librement. Réfrigérants lorsque les difficultés, les frustrations et les récriminations s’en mêlent », observe Brigitte Martel, gestalt-thérapeute. Si bien que, dans les cabinets de psys, les préliminaires font souvent l’objet des premières plaintes. « Elle n’a jamais envie », « Il n’est pas assez tendre »… Un regret que l’on imagine plus féminin. À raison : l’enquête menée par le psychiatre et anthropologue Philippe Brenot sur la sexualité montre qu’ils constituent, pour les femmes, le moment préféré de l’amour. Mais 67 % des hommes de plus de 50 ans et 48% des trentenaires admettent s’y adonner d’abord pour leur compagne. Peut-être par méconnaissance de leurs bienfaits.
Axel, 36 ans, en couple depuis deux ans, y voit « l’éveil des sens, l’abandon des défenses et l’ouverture à une réceptivité qui n’est pas celle de la vie de tous les jours ». Sas parfois indispensable pour couper du quotidien et faire monter le désir, ils ne sont pour autant pas toujours nécessaires. « Lorsque l’envie est là, elle est impérieuse », confie Maxence, 43 ans, marié depuis treize ans. C’est aussi, pour Martine, 46 ans, divorcée, « le moment pendant lequel nous nous mettons en harmonie » ; qui donne, complète Axel, « la tonalité de la relation sexuelle : joueuse, bestiale, tendre… ».
Les préliminaires sont en effet l’expression de notre désir d’union. Ils nous échauffent, ouvrent les zones érogènes et mettent les corps en résonance. « Selon la tradition chinoise taoïste, le désir de la femme s’ouvre au coeur, tandis que celui de l’homme prend sa source au niveau de son sexe, explique Danièle Flaumenbaum, gynécologue, acupunctrice et auteure de Femme désirée, Femme désirante (Payot, “Petite Bibliothèque”, 2011). Les caresses, les paroles et les baisers font donc descendre les énergies féminines, dont l’excitation est plus intellectuelle, sentimentale, et monter celles de l’homme, lui permettant de s’ouvrir au désir. » En unifiant ainsi les corps, les préliminaires autorisent un plaisir global, moins centré sur les zones génitales.