• Nathalie Koah a écrit un livre
• Il parle de sa relation avec Samuel Eto'o Fils
• Le début de l’histoire est une idylle
L’influenceuse camerounaise Nathalie Koah est l’auteur du livre "Revenge Porn" qui n’a vraiment jamais été mis en circulation. "Revenge Porn" a été publié en 2016, un ouvrage d’un peu plus de deux cents (200) pages qui raconte l'histoire émouvante et naïve d'une femme blessée par la perversité d'un homme. Dans les paragraphes suivants, extraits de l’œuvre de Nathalie Koah, on peut lire la Camerounaise narrer comment elle a rencontré Samuel Eto'o Fils pour la première fois.
[…] Les sollicitations ne manquaient pas, mais je n’avais ni l’envie ni le courage, au fond, de sauter le pas vers une relation avec un homme plus âgé. J’avais beau me prendre pour une grande dame, je restais une lycéenne de dix-huit ans. Je voulais juste jouer avec la crédulité des hommes et en profiter pour me faire plaisir. L’une de mes camarades de classe, Yolande, n’avait pas ces réticences : elle était déjà passée à l’étape supérieure. Nous nous sommes rapprochées au fil de l’année scolaire.
C’était sans aucun doute l’une des filles les plus élégantes de l’établissement. Certaines de ses paires de chaussures valaient à elles seules un mois de salaire de ma mère. Je me prenais déjà pour une femme fatale, mais à côté de Yolande, je passais pour une diva de carton. Elle m’a vite remise à ma place. « Tu pourrais avoir beaucoup plus de choses si tu sortais avec ces garçons au lieu de les faire tourner en bourrique. Ils vont se lasser de tes promesses, et tu n’auras bientôt plus rien. » J’en étais consciente. Mais j’avais besoin de quelqu’un pour me faire entrer dans la vraie cour des grands. Yolande l’a senti, et a accepté de remplir cette mission.
Mon initiation débute quelques jours plus tard. Yolande m’invite à une après-midi shopping en vue de l’arrivée le soir même d’un de ses amis, un Camerounais qui vit en Suisse, et a flashé sur une photo de moi. Nous prévoyons de nous retrouver en boîte plus tard dans la soirée. Après nos emplettes au carrefour Bastos, un quartier chic de Yaoundé, nous cherchons un bar pour papoter autour d’un verre. Une grosse Mercedes s’arrête à notre hauteur alors que nous nous apprêtons à traverser la rue.
À son bord, deux hommes bien mis, la trentaine, nous adressent la parole. « Ça va les filles ? Vous vous appelez comment ? » Je reste muette, interdite. Yolande prend la situation en main et sympathise tout naturellement avec le conducteur. Elle m’impressionne. Je n’arrive pas à ouvrir la bouche. Mes yeux sont fixés sur le passager, un très beau garçon, grand, au teint clair. Les deux compères expliquent être cousins et nous proposent de nous retrouver dans un bar du quartier le temps de garer leur bolide. J’ai envie de m’enfuir mais Yolande me convainc d’accepter, assurant que nous avons du temps avant de rejoindre son ami plus tard dans la soirée. En entrant dans le bar, les deux cousins sont déjà là. Ils jouent au billard et n’ont pas l’air très habiles. On sent qu’ils veulent nous impressionner. C’est raté.
Yolande et moi prenons une table, et commençons à nous plonger dans la carte des cocktails. Nous n’en connaissons aucun, et finissons par choisir un breuvage inconnu à base de lait. La serveuse nous apporte une boisson tiède au goût amer et infect. Je lui demande des glaçons pour tenter de rafraîchir la potion et la rendre buvable. La scène n’échappe pas aux cousins, qui nous rejoignent hilares. Celui au teint clair dit s’appeler Frédéric. « Le cocktail vous plaît ? » demande-t‐il. Je tente une moue blasée.
« Oui ça va. »
« Ah bon ? Tu es costaud. Parce que moi, je trouve ça dégueulasse. Quand je vous ai entendues commander, je me suis dit que vous alliez le regretter. Et je ne crois pas m’être trompé. »
Frédéric est plié en deux. Son rire est communicatif. Yolande et moi n’arrivons pas à nous retenir longtemps. L’anecdote brise instantanément la glace. Frédéric me demande mon âge. J’annonce vingt-trois ans.
« Mais ton véritable âge, c’est quoi ? » Je suis morte de honte. Il n’a pas cru une seconde à mon mensonge.
« Dix-huit. » Je suis démasquée en un clin d’œil. Inutile de vouloir « pipoter » davantage. Frédéric nous propose de venir dîner chez lui. Sa bonne, dit-il, s’occupera du repas. Je comprends qu’il vit seul. Je me vois déjà chez lui, en épouse accomplie, en train de m’occuper de la maisonnée pendant qu’il travaille. Je me vois déjà en femme.
En vrai. Le dîner est parfait, l’appartement, magnifique. J’apprends qu’il appartient à sa sœur, car lui vit et travaille essentiellement en France. Je suis sous le charme. À vingt-neuf ans, Frédéric a tout de l’homme posé, qui s’assume seul. Il parle un français parfait. À la fin du repas, il propose de nous déposer à la boîte de nuit. Je n’ai plus aucune envie de rencontrer l’ami suisse de Yolande. Au bout d’une heure sur place, je rappelle Frédéric qui vient me chercher et suggère de me déposer chez moi. Je n’ai pas envie qu’il voit la maison de ma mère, mais je souhaite encore moins qu’il pense que je le rejette. La vision de mon quartier ne paraît pas lui déplaire. Notre histoire d’amour commence. C’était la relation dont je rêvais. Même si Frédéric travaille en France, il revient souvent au Cameroun. Il m’apporte tout ce dont j’ai besoin. Il m’amène au lycée en voiture, et vient me chercher le soir.
Toutes mes copines sont vertes. J’ai l’impression d’être une adulte. Je suis folle amoureuse. Je le présente à ma mère et à mes frères, il me présente à sa sœur, Léonie. Une mère célibataire à la tête de sa société d’événementiel et de communication. Une femme forte, belle et autonome. Je l’admire. En l’absence de son frère, je me rapproche beaucoup d’elle, à tel point que j’emménage dans son appartement au bout de quelques semaines. Frédéric n’y voit pas d’inconvénient, bien au contraire. Nous sommes ensemble depuis trois ou quatre mois, et déjà il répète à l’envi qu’il me demandera en mariage lors de son prochain séjour à Yaoundé. C’est rapide, certes, mais l’osmose est parfaite. Pourquoi refuser ? Le mois de juin 2008 marque la fin de l’année scolaire.
Le bac approche alors à grands pas, mais les études ne m’intéressent plus, au grand dam de ma mère. Tandis que Frédéric passe l’essentiel de son temps en France, Léonie et moi devenons plus complices que jamais. Elle met alors un point final à son grand projet du moment : l’organisation de la Nuit des stars. Ce grand gala prévoit de réunir la crème des people d’Afrique de l’Ouest pour lever des fonds au profit de la lutte contre le cancer. Pour cette troisième édition, qui doit se dérouler à Abidjan, la liste des invités est déjà prestigieuse : le footballeur Didier Drogba, le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro, le chanteur congolais Fally Ipupa. Mais Léonie voit plus loin, et veut s’offrir la nouvelle star du foot camerounais : Samuel Eto’o.
Le jeune prodige est devenu une star du ballon rond, signant quatre ans plus tôt un contrat de 24 millions d’euros avec le FC Barcelone. Sa saison 2008 avec le club catalan est en demi-teinte, l’équipe ne parvenant à décrocher aucun titre. En revanche, il a brillé plus tôt dans l’année au côté des Lions lors de la Coupe d’Afrique des nations. L’équipe nationale du Cameroun termine deuxième de la compétition, Eto’o devenant au passage le meilleur buteur de l’histoire de la CAN avec seize buts.
Eto’o n’est plus une star camerounaise mais une superstar mondiale. Avec le Barça, il a déjà remporté deux championnats d’Espagne et, surtout, la Ligue des champions en 2006 contre Arsenal. Tout le Cameroun l’adule, et au-delà, c’est l’Afrique entière qui célèbre l’avènement du prodige. Son parcours rend le personnage encore plus attachant. Enfant des rues, Samuel a atteint le sommet du football planétaire à la force de son seul talent. Passé par une académie pour sportifs de haut niveau à Douala, la deuxième ville du Cameroun, il tente sa chance à l’adolescence dans les centres de formation de grands clubs français, comme Cannes et Saint-Étienne, mais n’est pas retenu.
C’est finalement le Real Madrid qui va flairer le bon coup, et lui offrir son premier contrat à l’âge de quinze ans. Il faut attendre son passage au club de Majorque, entre 2000 et 2004, pour voir éclore le champion qu’il va devenir. Lors de sa dernière saison avant son transfert à Barcelone, Eto’o permet à Majorque d’atteindre les huitièmes de finale de la coupe de l’UEFA, terminant meilleur marqueur de l’histoire du club avec soixante-dix buts inscrits durant la saison. Depuis, et malgré quelques pépins de santé, Eto’o est, avec son camarade du Barça, Ronaldinho, célébré comme l’un des plus grands avants-centres de sa génération.
Sa stature internationale rend toute tentative d’approche difficile, même pour Léonie. Pourtant, la jeune femme ne démarre pas de zéro. Elle peut compter sur un réseau solide, à commencer par le petit frère de Samuel, David, qu’elle fréquente depuis quelques mois déjà. Mais la superstar reste insaisissable. Nous sommes à une dizaine de jours de l’événement, prévu pour le 27 juin, et Léonie n’a toujours pas réussi à caler une rencontre formelle avec celui qu’elle entend désigner comme le parrain de la soirée. En attendant le rendez-vous providentiel, l’organisatrice décide de se rendre au stade pour distribuer quelques invitations de dernière minute aux joueurs de l’équipe B des Lions indomptables, présents ce jour-là pour une séance d’entraînement.
Connaissant ma passion du foot, elle me propose de l’accompagner, ce que j’accepte. Nous entrons dans le stade Ahmadou-Ahidjo de Yaoundé, vide de tout spectateur, avant de gagner la tribune présidentielle, tout aussi déserte. Sur la pelouse, l’équipe des cadets divisée en deux joue contre elle-même. Rien de bien passionnant, même pour une mordue comme moi. À mes côtés, Léonie et David, le cadet de Samuel, observent la rencontre sans plus de passion. Le match touche à sa fin, lorsque j’aperçois Alexandre Song surgir de nulle part et se diriger vers nous. Le milieu défensif d’Arsenal vient tailler le bout de gras avec David comme un vieux copain. Sa présence me surprend autant qu’elle m’intimide. Mon cœur s’emballe. Des joueurs de l’équipe A seraient-ils présents dans le stade ? Je n’ose pas y croire. David sait, forcément.
Je lui pose la question sans détour. « Oui, oui, Achille Emana est là. Et mon frère aussi. » Les battements frénétiques de mon cœur se transforment en galop. Samuel Eto’o. La star des stars. L’emblème d’un pays. Le héros de mon adolescence. Je n’ai pas le temps de réaliser qu’il apparaît déjà, grimpant les escaliers dans notre direction. Lui et ses coéquipiers ont regardé le match quelques mètres plus bas, dans les tribunes spectateurs, hors de notre vue. Je le dévisage comme on scrute un tableau de maître. Il est habillé du survêtement jaune et vert des Lions. Moins sexy tu meurs. À cet instant, je suis d’ailleurs loin de porter sur lui le regard d’une femme séduite. Je suis juste une gamine émerveillée par la vision d’une légende vivante. Léonie, qui espérait secrètement croiser son chemin, se jette sur l’occasion et lui fait signe de s’approcher de nous. « Léonie ? Comment vas-tu ? » J’ai le souffle coupé.
Je veux à tout prix garder mon sang-froid. Ne surtout pas montrer que je suis en train de défaillir. Je rassemble toutes mes forces pour contenir l’état de surexcitation qui est le mien. Non, ne fais pas ta groupie, ce serait ridicule. Je reste assise là, faussement indifférente, le regard vide, tenant le sac de Léonie en attendant qu’elle termine sa conversation. Cinq secondes plus tard, je l’entends m’appeler. Je me retourne. Ils sont là, à deux mètres de moi. Léonie veut sûrement récupérer son sac pour en sortir l’invitation destinée à Samuel.
Je le lui tends en évitant soigneusement le regard du numéro 9. Rien n’y fait : j’aperçois sa main qui se dirige vers la mienne. Impossible d’y couper. Je la lui serre en fixant mes chaussures. Je sens ses doigts se refermer sur les miens. J’ai envie de courir me cacher sous un siège. Il ne veut rien lâcher, et continue de me tenir la main comme pour me forcer à plonger mon regard dans le sien. Mon flegme apparent va devenir suspect. Je cède. Son visage s’illumine. Pas un « bonjour », pas un « ça va ». Juste deux mots qui résonnent encore en moi.
« Très belle ».