Nouvelle aventure de la chanteuse : accompagner ses cadettes dans la musique. Les prestations de Coco Mbassi, les 28 et 29 janvier derniers à Yaoundé et Douala auront été un franc succès.
Une bonne note pour la structure à la base de sa venue, Mulato Entertainment qui pour un coup d’essai, a réussi un coup de maître. Cela serait-il dû aux personnalités derrière, notamment l’une d’elles ? Elle doit y être pour beaucoup Sissy Dipoko, elle qui, l’idée en poche, est allée à la rencontre de la directrice de l’Institut français de Douala, Aïda Sy-Wonyu. Un partenariat était ainsi né. Le but de Mulato (métissage en français), un espace d’expression de qualité pour les voix féminines.
Expression d’abord par une meilleure scène. A cet effet, la boîte pense organiser un spectacle tous les deux ou trois mois chaque année, avec l’intention au bout de 365 jours, de mettre sur pied un festival pour que les talents féminins qui auront été les plus marquants sur scène soient encore plus mis en avant. Mais il n’est pas seulement question de scène, aussi d’accompagnement,
d’encadrement, à travers par exemple des conseils, des « master class », pour que les jeunes puissent s’améliorer. A ce jour, la chanteuse a déjà recensé une quinzaine de talents. Entre autres Marie Lissom (qui a assuré la première partie du spectacle de Coco Mbassi), celles qu’on connaît un peu comme Sanzy Viany, Danielle Eog, Frédérique Ottou, les grandes promesses comme Estelle Mveng, Léonie Langa, Merveille Tsang’Mbe (l’une des Trois Vierges du groupe Macase), etc. D’autres pourront venir grossir les rangs après des appels à candidatures et castings prévus. Dans sa mission, la chanteuse s’est associée à deux personnages. Il y a donc Sissy Dipoko l’artiste, Michel Ndoh l’expert culturel, qui aura notamment été manager de Were Were Liking pendant plus d’une dizaine d’années, et il y a Lucien Moussinga Bojongo, lui son domaine de définition, c’est tout le volet marketing. Ensemble, ils ont pour rêve de démontrer que les voix féminines camerounaises peuvent s’éloigner du dessous de la ceinture, un magma d’obscénités dans lequel tant se complaisent aujourd’hui.
Sissy Dipoko, artiste: « Beaucoup de talents, mais pas d’assistance »
Pourquoi vouloir accompagner les voix féminines ?
L’idée était de créer un cadre qui permette le rayonnement de la jeune chanteuse, parce qu’elle est l’avenir de la musique. C’est elle qui va nous remplacer, nous les aînées. Il y a énormément de jeunes femmes talentueuses, mais elles n’ont pas d’assistance, de manager, quelqu’un qui peut ouvrir les portes pour elles, elles n’ont pas d’argent.
Nous jouons un peu ce rôle-là, en les encadrant, en les coachant, en mettant à leur disposition des plateaux de qualité, en proposant leur travail à des festivals. Et nous ne comptons pas nous limiter au Cameroun. D’où le nom même de notre structure, Mulato. Ça signifie métissage, parce que nous nous intéressons à toutes les musiques. C’est vrai qu’on a beaucoup travaillé sur les Camerounaises, mais on va ouvrir sur la femme africaine. Donc s’il y a une Africaine qui est prête à accepter les conditions, on l’embarque. Parce qu’il faut préciser que notre projet n’est pas tourné vers l’argent, plutôt vers une certaine reconnaissance, une visibilité musicale.
Vous n’êtes plus seulement artiste, vous avez franchi un palier…
Je reste artiste, mais maintenant, je mets mon expérience d’aînée, de chanteuse, qui a collaboré avec les artistes de haut niveau, à la portée de mes jeunes sœurs. Je suis dans un processus de transmission des savoir-faire. C’est une main tendue, mon expérience prolongée vers les autres. J’ai connu de belles scènes, de grands plateaux et j’aimerais que les plus jeunes connaissent la même chose. 237online.com J’ai été dans des cadres où on était très exigeant en termes de travail et j’aimerais que mes cadettes apprennent à gérer cette exigence-là pour la qualité des spectacles et pour que la musique camerounaise renaisse de ses cendres. Donc, je me retire pour l’instant pour mettre un projet qui me tient à cœur en place, mais je vais me remettre au travail pour un prochain album. Justement, vous parlez de qualité des spectacles.
Pouvez-vous revenir sur le constat d’où vous êtes partis pour mettre Mulato sur pied ?
Il manquait soit la rigueur artistique, soit la rigueur technique. Par exemple, on peut faire le choix de montrer un artiste moyen, mais les conditions de faisabilité du spectacle peuvent être tellement bonnes qu’à la fin, on retiendra quand même que ça a commencé à l’heure, le son était bon, les lumières étaient bonnes et la prestation de l’artiste sur scène n’était pas mauvaise.
Il est donc question d’arriver à avoir un type de produit qualitatif, digeste, honorable pour l’artiste en même temps que pour le public, parce que ce dernier, c’est la cible. Pourquoi les gens ne vont plus aux spectacles aujourd’hui ? Parce que quand ils arrivent, ils ne repartent pas contents. On ne commence pas tôt, il y a de petits ratés, après on apprend que la sono a eu tel problème, il y a eu tel larcin ou on n’a pas payé les cachets de tel ou tel autre. Et je pense que l’équipe de Mulato, qui est assez réduite pour le moment, mais qui peut prendre quelques intermittents selon les besoins, a quand même des gens qualifiés pour faire de belles choses.