Le conseil d’administration de la nouvelle Société nationale camerounaise de l’art musical (Sonacam) compte 41 membres. Ils ont été présentée samedi dernier lors de l’assemblée générale constitutive. L’équipe conduite par Sam Fan Thomas aura la lourde tâche de changer le disque rayé du droit d’auteur au Cameroun. Avec ce nouveau départ, l’avenir s’annonce radieux certes, mais comme par le passé, des notes discordantes se font encore entendre.
«10.000 F.cfa, adopté !!! ». L’on se croirait à unevente aux enchères dans un carrefour de la ville de Yaoundé. Que non. Il s’agit du montant des droits d’affiliation retenu par les artistes pour intégrer la nouvelle Société nationale camerounaise de l’art musical (Sonacam).
C’était au cours de l’assemblée générale constitutive organisée samedi dernier au Palais des congrès de Yaoundé. Dans le hall, l’on peut reconnaître des musiciens de renom tels que Longuè Longuè, Papillon, Prince Afo Akom, Sergeo Polo etc. Tous ont tenu à assister à la création de cette nouvelle société. Ceci, après les dissolutions de la Cameroon music corporation (Cmc) et de la Société civile camerounaise de l’art musical (Socam).
Prévue pour débuter à 09h, ce n’est qu’à 11h 45 que s’est ouverte la cérémonie. Première étape : définir les statuts (règlement intérieur) de la nouvelle société. Le mot démocratie prend alors tout son sens. « C’est vous qui choisirez la proposition qui vous plaira », lance d’entrée de jeu le nommé Onana, l’un des membres du panel. « Si une règle ne vous convient pas, vous pouvez la rejeter », poursuit-il. Il n’aurait certainement pas pensé que les artistes musiciens le prendraient au mot.
Durée du mandat
Tout commence avec le montant des droits d’affiliation. Le maître de séance propose que chaque membre verse la somme de 15.000 F.cfa. Certains comme Papillon, assis au premier rang acquiescent. Derrière lui, une forte agitation secoue la salle. « Nous n’avons pas autant d’argent que les grands frères qui sont au premier rang, nous demandons que ces frais soient réduits à 10.000 F.cfa », hurlent ceux des ar-
tistes au fond de la salle. Leur proposition est adoptée.
Deuxième étape : définir les fonctions du Président du conseil d’administration (Pca).
« Nous ne voulons plus que le Pca ait accès à notre argent comme dans les anciennes sociétés. Son rôle est de superviser la société », fulmine un artiste. Nkotti François assis au premier rang, n’est pas de cet avis. « Le Pca est le grand chef, il doit donc avoir un regard sur la gestion de l’argent », affirme-t-il. Un brouhaha s’installe à nouveau dans la pièce. Aussitôt des doigts se lèvent. Chacun veut prendre la parole.
Certains musiciens
n’hésitent pas à crier pour manifester leur mécontentement. Lorsque le président de séance reprend la parole, c’est pour mettre un terme au débat. « Le Pca ne gérera pas
l’argent, sauf pour une dépense supérieure à 3 millions de F.cfa ». « Prochaine résolution », lance-t-il sans attendre d’autres interventions. Les artistes exultent. Le calme s’installe à nouveau dans la salle. Calme qui sera de courte durée car, sur l’estrade, l’on annonce l’article 24 du règlement intérieur. Article visiblement très attendu par les artistes. Il s’agit de la durée du mandat des administrateurs
de la nouvelle société. Raymond Tchengang par exemple, souhaite que le mandat soit conservé à 05 ans renouvelables une fois. Proposition que rejettent catégoriquement les autres artistes.
« Ces administrateurs sont élus, et l’on sait comment se déroulent les élections dans notre pays. Ce n’est pas toujours le choix du peuple », détaille Eboué Chaleur, avant de demander que le mandat de ces « fraudeurs » soit ramené à 03 ans renouvelables une fois. Proposition adoptée. Il faut cependant préciser que plusieurs résolutions ont été votées sans éclats de voix. Par exemple, il a été décidé que le siège de la société est à Yaoundé, que pendant les trois premières années, 35% de ses entrées serviront au fonctionnement de la société et les 65 autres seront répartis entre les ayants droits.
Conseil d’administration
La dernière articulation qui s’avère plus pacifique que les précédentes, est la présentation des administrateurs choisis de manière consensuelle pour gérer de la nouvelle société de gestion collective du droit d’auteurs. Manu Dibango, et Eko Roosevelt sont faits présidents d’honneur. Sam Fan Thomas quant à lui, est Président du conseil d’administration (Pca). Dans son équipe, on retrouve des artistes comme One Love, Salatiel, Lab’l, Majoie Ayi, Josco l’Inquiéteur, Isnebo, Ledoux Marcellin, Papillon, et bien d’autres, pour un total de 41 personnes.
Dans son discours de remerciements, le nouveau Pca a tenu à préciser que l’heure n’est plus au conflit mais au travail. «Demain (le 10 septembre Ndlr), aura lieu au Musée national, le premier conseil d’administration de notre nouvellesociété », a-t-il annoncé, avant d’être happé par ses amis qui souhaitent le féliciter.