L’édifice a fait peau neuve et veut se relancer dans le marché du spectacle de la capitale.
C’est une pause, lascive mais méritée. Les danseurs du Ballet national échangent assis sur le plancher de la scène, ciré il y a quelques minutes par les femmes de ménage.
Elles se déploient désormais, serpillères aidant, dans les allées de la salle principale, passant au peigne fin les 165 places extensibles au besoin. Dans une semaine, ils présenteront leur spectacle « Cocorico », alliage de danse traditionnelle et contemporaine, lors des journées portes ouvertes du Centre culturel camerounais, prévues du 11 au 17 mai prochain.
Le site, non loin du rond-point Province se veut plus distrayant, loin du sérieux affiché par ses nombreux voisins administratifs comme la Délégation générale à la Sûreté nationale ou les services du gouverneur de région et du préfet du Mfoundi.
L’endroit respire le neuf, et ce n’est pas pour déplaire aux artistes qui souhaitent faire de ces lieux leur niche. Julio Soh, chorégraphe et membre du Ballet national depuis 2006, se réjouit. Avec ses camarades, ils ont enfin leur coin à eux.
« Nous travaillons dans un cadre beaucoup plus professionnel. On a des vestiaires, en plus d’une salle moderne et tapissée bientôt disponible pour nos entraînements de lundi à vendredi, entre 9h et 15h30 », explique-t-il.
La réhabilitation est encore récente. L’intérieur a été totalement refait, des fauteuils au podium en passant par la sonorisation et la lumière. La peinture, fraîche dans ce qui sera bientôt le cocon des danseurs, témoigne de l’attrait de la nouveauté.
Au sous-sol, une pièce rouge et spacieuse, est réservée pour les répétitions de l’Orchestre national. Le personnel du CCC, comme on l’abrège, est déjà à la manœuvre. Dans le hall, le régisseur-lumière, une dame, est en grande conversation avec des techniciens chargés d’installer le rideau, celui-là qui donne une dimension iconique à l’entrée et à la sortie des artistes.
« Il faut qu’il soit noir. Un ton bleu ou rouge, ça n’ira pas du tout », dit-elle, l’air convaincu. Entre ces érudits du décor, il fuse des mots que le profane capte peu ou pas du tout. Près d’eux, le babillard où la grande affiche trône déjà : la chanteuse Eva Hakapoka a l’honneur de s’inscrire parmi les premiers musiciens à fouler la scène du Centre new look ce soir à 19h, après les jazzmen le 30 avril dernier, à l’occasion d’un concert pour la journée internationale du jazz.
A l’extérieur, la façade avant est d’un vert fuchsia captivant. Le logo rouge, trois grandes lettres C et leur traduction en anglais et en français, trône aux deux extrémités. Sur la terrasse, la cantine est là pour attirer les passants curieux. Sous un parasoleil, un fonctionnaire prend une bière à l’abri de la chaleur de midi.
« Je suis content que Yaoundé, la capitale, ait enfin un lieu de culture digne de ce nom », lance-t-il. Sa mission première étant la promotion de l’art camerounais, le CCC veut à présent prendre son rôle à cœur et attirer de nombreux abonnés.