Les relations entre une patronne et son employé sont légion. Bien que déconseillée pour la bonne marche des affaires, la pratique se répand à une allure folle. L’histoire qui suit est racontée dans le roman 'Un homme entre casseroles et passion'.
(…) Un coup est frappé sur la porte. Je lève la tête du dossier que je fouillais distraitement à la recherche d’une information. Je suis juste ébahi par cette apparition. Je la regarde fermer posément la porte et s’approcher de la table, tandis que je me lève dans un geste inconscient pour lui faire face. Son sourire grandit avec chaque pas. Elle contourne la chaise et s’arrête face à moi.
- Bonjour Jaro, dit Keshia d’une voix enjouée.
- Bonjour.
- Surpris ?
- Normal, je pense. Je ne m’attendais pas à te… te voir apparaître dans mon bureau.
Je l’observe avec recul. Elle ne bouge pas et cela semble secouer les neurones de mon cerveau. Je détaille sa tenue. Une chemise blanche ceinte en dessous des seins par une grande ceinture marronne qui épouse la jupe droite noire qui se termine au milieu de ses cuisses. Elle semble avoir une allure interminable sur ces talons qui accentue encore son côté féminin. Elle n’a pas perdu en classe, bien au contraire. Je lui pointe un siège.
- Mais assieds-toi, je t’en prie. Excuse mon impolitesse. La surprise.
- Merci.
Je m’assieds en même temps qu’elle.
- Que me vaut l’honneur de ta visite ? Je suis surpris – tu m’excuseras la répétition – mais je ne m’attendais vraiment pas à cela.
- J’imagine. C’est l’effet escompté, dit-elle en regardant autour d’elle. C’est plutôt bien ici. Vraiment mieux que ce que je t’avais proposé. Tu as vraiment fait ton bout de chemin Jaro. Je t’en félicite.
- Trois ans ne sont pas rien. Il faut aussi le relever. J’ai travaillé dur comme j’ai toujours eu à le faire et j’en suis arrivé à être directeur de projet il y a quelques mois. J’ai enfin mon propre bureau. Mais comment m’as-tu retrouvé ?
- Les contacts, très cher, dit-elle en opinant de la tête. Je connais toujours beaucoup de monde. Vu que tu es restée dans le même cercle, ça a été facile pour moi. Mais je n’ai pas eu le temps de venir plus tôt.
- Ça fait combien de temps que tu es là ?
Elle sourit dans le vide et se redresse dans son siège. Je regarde sa jambe se lever et elle croise lentement les pieds et pose d’un geste souple sa pochette sur ses cuisses avant de me regarder. Je pourrais jurer qu’à cet instant c’est une femme possédée qui me regarde. Elle a tout l’air d’une prédatrice.
- Ça ne fait que deux semaines. Je suis venue pour un stage professionnel. J’en mourrais d’envie là-bas. Mais je m’ennuie déjà ferme. Florian est toujours aussi ennuyeux et désormais occupé par son travail. La vie de tout le monde a évolué entre-temps et il me faut encore du temps pour prendre pied.
– Je comprends. C’est le cas chez moi.
Nous nous dévisageons un long moment. Je tapote distraitement du doigt sur la table. Un coup d’œil sur la montre à mon poignet et le stress s’empare de nouveau de moi. Je recommence à fouiller bruyamment dans les dossiers. Je lève la tête et remarque seulement que Keshia se tient debout, sa pochette serrée devant son corps. Elle me regarde placidement.
- Je vais te laisser travailler. Ravie de t’avoir revue.
- Oui. Moi aussi.
Mes doigts se détachent des papiers et je la regarde sortir de la pièce. Mes yeux suivent involontairement le mouvement de ses hanches, son derrière serré dans cette jupe qui se balance à chaque pas et remonte de manière si sexy… Je sursaute en posant la main sur mon pantalon. Me voilà en train de ban*der comme un adolescent. Ce n’est pas n’importe quel derrière, dois-je reconnaitre alors que la porte du bureau se referme. C’est celui de Keshia. Mais ce n’est pas ce derrière qui me donne mon salaire à la fin du mois. Alors au boulot !
(Une autre fois) Malgré le sursaut intérieur que je ressens, je me retourne lentement. Keshia se tient à quelques mètres à peine de moi. Je ne l’ai pas entendu entrer dans le bureau. La porte est ouverte et j’étais au téléphone.
- Bonjour, dis-je en lui faisant face.
- Bonjour, répond-elle timidement.
- Ça fait longtemps que tu es là ?
- Un peu. Mais je n’ai pas voulu t’interrompre. C’est juste que… La situation paraissait un peu lugubre quand tu t’es perdu dans tes pensées après ton appel.
Ça doit être passionnant de regarder ainsi par la fenêtre.
Elle s’avance vers moi et pose la main sur ma joue. Je sens son parfum dont les effluves viennent me chatouiller les narines. Sa lourde poitrine dont les formes se dessinent délicatement sous sa robe effleure la main posée sur ma poitrine.
– Tu n’as pas changé, Jaro.
Je la regarde sans répondre.
– Rien n’a changé.
Elle se hisse sur la pointe des pieds et pose une bise sur chacune de mes joues. Elle fait un pas en arrière et sort du bureau. Je demeure immobile longtemps, aspiré par cette apparition inopinée au moment où les clients me cognent le cerveau avec leur dossier. À suivre…