Voici ce qui se passe dans les groupes WhatsApp au Cameroun

Telephone Le réseau social whatsapp

Mon, 29 Jan 2018 Source: achouka.mondoblog.org

J’ai un groupe sur WhatsApp qui s’appelle aussi « Les Camerounaiseries », comme celui que j’avais créé sur Facebook. Mais sur WhatsApp, les gens ne parlent pas trop de la désorganisation qu’il y a dans le concours de Miss Cameroun. Généralement, les gens ne parlent pas de la politique. Les gens du groupe sont surtout là pour regarder les profils des jolies filles qui sont connectées, et pour aller les baratiner en privé.

Et laissez-moi vous raconter que ça chauffe là-bas dans les inbox !

Il y a d’abord les groupes de pornographie

À l’heure où je vous parle, je suis inscrit dans plus de vingt-cinq groupes pornographiques sur WhatsApp (partouzes, rencontres, sexe, etc). Les gens aiment souvent m’ajouter dans les groupes comme ça pour quoi oooh ? Mais en tous cas hein, moi j’ai juré que je ne sortirai jamais de ces groupes-là de mon propre chef…

Parce que dans les groupe sexuels, c’est très simple : les gens parlent seulement des nourritures comme le ndjansang, le plantain mûr dur, la banane verte, le haricot rouge, les concombres, la pistache, le piment, etc ! Les gens se réveillent le matin et ils envoient la photo de leur bangala qui est verticalement tendu comme un paratonnerre, jusqu’à ça me donne même souvent la nausée. Et ce qui m’énerve ce sont les garçons qui envoient seulement les images des filles qui sont sans caleçon. Et ce qui me choque c’est que tu vois un gars qui n’a jamais parlé dans votre groupe hein, mais le gars-là vous sature avec les vidéos pornographiques jusqu’ààààààà… Jusqu’à ça te boit les mégas jusqu’à tu n’as même plus de crédit dans ton forfait pour téléphoner par Internet à ta grand-mère !

Il y a également les groupes professionnels

Les groupes professionnels ont l’air un peu plus sérieux quand même. Ce sont généralement des journalistes qui se regroupent, des avocats, des prostituées, des anciennes dauphines de Miss Cameroun, etc.

Mais il y a aussi des groupes professionnels qui ne sont pas vraiment très sérieux. Comme par exemple le groupe des blogueurs. Ils sont seulement là en train de critiquer l’organisation de la CAN 2019, de critiquer l’action gouvernementale et de critiquer systématiquement les nouveaux ordinateurs 32 gigas de Paul Biya.

Est-ce que c’est alors sérieux comme ça ?

Mais bizarrement, il y a un groupe professionnel que j’avais créé, et qui était mort le même jour ! J’avais ajouté Ndam Njoya, Maurice Kamto, John Fru Ndi, Anicet Ekanè, Edith Kah Wallah… L’idée, c’était de rassembler les grosses têtes de l’opposition et de discuter sur de vrais projets pour le Cameroun, mais les membres se sont retirés un à un et ils m’ont bloqué jusqu’à je me suis retrouvé finalement tout seul dans mon nouveau groupe !

Il y a quelques rares groupes de mode

Curieusement les groupes de mode ne sont pas trop à la mode. Mais une fois je me suis retrouvé dans un groupe comme ça par erreur (je ne connaissais personne dans le groupe), et finalement j’en avais été expulsé au bout de –seulement– 48 heures !

J’ai quand même eu le temps deux jours pour observer comment ça fonctionne, pour voir que sur les 119 membres qu’il y avait dans ce crew (en dehors de moi), il y avait 77 filles et 42 efféminés. J’ai constaté que ça parlait exclusivement de sacs à main, de louboutins, de broderie artisanale et de sous-vêtements en dentelles. Je me suis rendu compte que pendant que nous on réfléchit sur le réchauffement climatique, il y en a qui réfléchissent, mais alors très sérieusement, sur le réchauffement de la fourrure ! Et puis quand je suis allé me plaindre pour demander à l’administratrice de « String & Cie » pourquoi est-ce qu’elle m’avait expulsé alors que je n’avais pourtant rien fait de mal, elle m’a dit que c’est parce que j’avais déjà « inboxé » plus de 53 filles !

Je lui ai répondu que c’est parce que je ne connaissais pas encore bien la charte du groupe…



Il y a de plus en plus de groupes de jeunes

Je suis dans dix groupes de jeunes ! Pas pour me prouver que je suis encore jeune hein, mais c’est parce que parfois tu peux y dégoter des informations exclusives. Par exemple, c’est dans un groupe de jeunes que j’ai appris que notre Miss du Cameroun ne sait même pas comment on fredonne correctement l’hymne national…

En dehors de ça, les groupes de jeunes me fatiguent quand même un peu. Car dès qu’un gars a réussi à avoir une bouteille de bière, il se filme avec ça pour vous démontrer comment il est en haut. Dès qu’une fille réussit à attraper un gibier qui va l’amener danser dans un cabaret-lounge, elle vous envoie un enregistrement audio de la musique qu’on est en train de jouer là-bas à l’intérieur. Dès qu’un garçon capte une mauvaise blague, il vous la balance sans même vérifier si elle sera d’abord amusante. Et dès qu’une araignée a réussi son maquillage ou alors si elle vient de s’acheter une nouvelle perruque, on va sauf que mourir le jour-là avec ses selfies !

Donc, contrairement à mon groupe « Les Camerounaiseries » qui est sur Facebook et qui est vraiment polyvalent, j’ai aussi un groupe sur WhatsApp où les gens ne se cassent pas la tête avec la politique : les filles viennent là-bas pour chercher leur mari, et les garçons sont là pour regarder scruter leurs profils et si elles sont jolies, ils vont aller les baratiner en privé…

Sur WhatsApp au Cameroun, tu vas voir un gars qui va coucher avec toutes les filles qu’il y a dans un groupe, y compris avec les administratrices.

Dans nos conversations WhatsApp du Cameroun, on se fixe les rendez-vous de partouze. On achète le piment avec Orange money. On escroque aussi les innocents à travers des arnaques virtuelles.

Dans les inbox camerounais et dans nos groupes, je ne voulais pas le dire mais c’est là-bas que les homosexuels et les lesbiennes se retrouvent.

C’est là-bas que tu peux trouver le visa pour la Guinée-équatoriale. C’est là-bas que tu peux enfin rencontrer la bonne personne en amour. C’est là-bas que tu pourras réussir à obtenir un emploi décent. C’est là-bas que tu pourras faire de superbes découvertes, des expériences inoubliables, des connaissances et des amitiés qui vont durer pour le restant de ton existence, si seulement tu sais t’y prendre.

Puisque c’est là-bas que moi j’ai rencontré mon ami Pierre La Paix Ndamè.

Source: achouka.mondoblog.org