Avant de rendre l’âme brutalement au petit matin du jeudi 23 juillet 2015, le richissime homme d’affaires s’était retiré dans son village afin de planifier ses prochaines activités.
Lieu-dit carrefour Kassap dans l’arrondissement de Bayangam, ce jeudi 23 juillet 2015. Il est 10h03 min.
La nouvelle du décès du premier magistrat de cette localité est déjà sur toutes les lèvres. Même sur celles de ce groupe d’hommes qui en parlent autour d’une bière dans l’un de ces bars situés sur les abords de la route.
Après environ 4 km sur une route non bitumée, nous sommes à la résidence du désormais regretté André Sohaing, un géant panneau l’indique. La cour de cette majestueuse résidence est prise d’assaut par une cinquantaine de personnes, visiblement abattues. Les portes du local qui fait jusque-là office de mairie, sont fermées.
Même pas l’ombre d’un employé ne rode. Certainement à cause de la violence des premiers rayons de soleil, certains villageois accourus, ont trouvé abri au pied des arbrisseaux plantés ci et là. D’autres sont agglutinés devant la petite tribune de cette esplanade.
Constituées en groupuscules selon les sexes et en fonction des tranches d’âge, ces personnes échangent. Un seul sujet est au menu de leur conversation : la mort de celui-là que certains appellent « leur père ».
La consternation qui règne ici, semble plus grande du fait de la disparition brutale du propriétaire des lieux. La veille (mercredi 21 juillet 2015) apprend-on, André Sohaing a passé une bonne partie de sa journée parmi les siens.
« Hier il était avec nous, il avait l’air bien portant. Puisqu’il faisait des va-et-vient sans problème. Il distillait comme d’habitude de la bonne humeur », se souvient un commis pour la protection de la résidence fermée.
Les va-et-vient dont ce dernier fait allusion, sont liés à l’agenda surchargé de l’un des hommes d’affaires les plus prospères du Cameroun. C’est cet agenda vraisemblablement qui l’a poussé à se retirer dans son Bayangam natal il y a une semaine.
Durant cette période, il était au four et au moulin, pour les préparatifs de plusieurs événements ; heureux et malheureux. Notamment, des obsèques de l’une des élites (Samuel Noumsi, propriétaire de la savonnerie Nosa) de cette contrée décédée de suite d’accident de la circulation. L’enterrement de cette élite est programmé pour ce weekend.
Mais également, André Sohaing préparait une session du conseil municipal de la comune de Bayangam dont il est maire depuis 19 ans, initialement prévue ce vendredi 24 juillet 2015.
De même, les préparatifs de l’inauguration avant la fin du mois courant, du nouvel hôtel de ville de Bayangam, figuraient dans son agenda.
Après avoir presque tout bouclé, André Sohaing retrouve sa résidence à la tombée de la nuit le mercredi 22 juillet, accompagné de son garde du corps.
A priori, il ne présente aucun signe d’un quelconque malaise. « Hier (22 juillet 2015, ndlr) on était ensemble. Il était bien portant. Le maire Sohaing grimpait tout seul les escaliers du nouvel hôtel de ville. Rien ne faisait soupçonner qu’il serait malade », confie Mungambo Ekema William, sous-préfet de Bayangam qui revient sur la fin subite de ce baobab.
« Son garde du corps m’a appelé autour de 4 heures pour me dire que le maire est un peu souffrant. Qu’il faut que je vienne d’urgence. J’ai suggéré qu’il fasse immédiatement appel à un médecin. Lorsque j’arrive, on me dit que le maire est décédé. J’ai douté, j’ai cru qu’il dormait jusqu’au moment où, l’information est confirmée par son premier adjoint à la mairie de Bayangam », relate attristé, le chef terre.
Par la suite, le corps sera transporté pour une morgue de la capitale économique.