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Cameroun : mourir de soif dans un pays bondé d’eau

L’analyste politique Aristide Mono est scandalisé par la péneurie d’eau potable au Cameroun

Fri, 18 Feb 2022 Source: Aristide Mono

L’analyste politique Aristide Mono est scandalisé par la péneurie d’eau potable au Cameroun. Dans cette tribune, il explique pourquoi le Cameroun ne devrait pas avoir ce genre de problèmes.

Lorsque certains parlent de l’émergence, de l’autosuffisance, de la modernisation ou du développement paradisiaque du Cameroun, nous rions seuls en route comme de nouveaux fous, disons comme des individus nouvellement fous comme disent les étons.

Vous vous demandez si ce n’est pas vous le problème, si vous n’êtes pas atteints du syndrome des contempteurs incorrigibles, ceux-là qui ont toujours la prétention de tout savoir et se délectent de la critique systématique, ceux- là qui sont des véritables trompettistes pianistes haut-parleurs de la déstabilisation, pour emprunter l’une des rhétoriques chroniques de l’infatigable bâtisseur.

Mais continuons néanmoins à croire à la fiabilité de nos états mentaux, la solidité de notre esprit de discernement, voyons si ce ne sont pas ceux d’en face qui sont plutôt atteint d’un syndrome sévère, le syndrome du déni de la réalité, le syndrome du mensonge, le syndrome de la manipulation et de là zombification. Comment peut-on vanter les mérites de la gouvernance d’un pays qui depuis 60 .ans n’arrive pas à garantir ne serait-ce que de l’eau à boire à toute sa population.

Seul 45% de la population a un peu accès à de l’eau, pire une eau qui défit toutes les caractéristiques d’une eau potable. Une eau à la couleur de la jaunisse propagatrice de la fièvre typhoïde, une eau bizarrement salée lorsqu’elle ne renferme pas un arrière-goût d’amertume, une eau qui après repos laisse toujours apparaître une marre de boue au fond du récipient.

Même dans ce qui fait jusqu’ici office de capitales politique et économique, avoir un robinet chez soi relève d’un luxe, et quand bien même vous disposez d’un branchement, l’eau apparaît comme le croissant lunaire; c’est la fête dans certains quartiers comme c’est souvent le cas avec le retour de l’électricité après délestage, les gens applaudissent comme une égalisation in extremis des lions indomptables.

Jusqu’à récemment le tuyau d’arrosage des fleurs de la présidence de la république, au lieu- dit carrefour Etoudi, était le point de ravitaillement des populations des quartiers Etoudi et Emmana. Des longues files d’attente commencent au niveau de la Mobile Emana, sûrement un don présidentiel.

Pour avoir de l’eau, il faut parcourir en moyenne trois kilomètres dans les villages de l’extrême Nord tels que Pivou, Agzawaya, Homaka, Doulo, Tchikiré et Manawatchi que nous avons récemment visités; dans ces villages, les êtres humains plongent encore leurs bouches dans les mêmes mares d’eaux où s’abreuvent leurs bétails. Des êtres humains discutent encore de l’eau avec des bœufs, des chameaux et des moutons dans le département d’origine du très ultra honorable.

Et dire que nos dirigeants, en co-action avec des élites ultra patriotes du Nord ont enterré un projet de construction de 3000 forages dans cette région du grande, une promesse présidentielle de 2011, mixée en 2018, qui sait, elle sera encore mixée en 2025; c’est juste formidable ! On peut comprendre ce que veut dire t ~ fille aînée du renouveau.

Voilà un pays dont presque tous les 58 ‘départements portent le nom d’un cours d’eau, un pays qui est les le pays le plus arrosé en eau en Afrique subsaharienne après la République pseudo démocratique du Congo et l’Ethiopie, c’est ce pays qui totalise un taux de branchement d’eau de 26% très loin derrière un pays comme le Sénégal qui totale un taux de 78% ou encore la côte d’ivoire 62%. Ce qui choque encore plus, c’est que les rares installations et les stations d’eau qui existaient sont tombées en ruine.

Des stations ayant survécu à l’esprit de ruine ne sont pas régulièrement ravitaillés en produits de traitement d’eau. Les laboratoires d’analyse commis pour contrôler la qualité de l’eau n’existent que de nom. Les branchements payés par les populations ne sont pas installés. Au 31 décembre nous étions à près de 11000 branchements payés mais non installés.

Où partent les 120, 150, 180.000 versés par ces populations qui parfois, fatiguées d’attendre sont obligées d’acheter elles- mêmes le matériel de branchement ? Le personnel mal payé est mal traité, les retraités du secteur sont de plus en plus aux abois.

Après le départ des marocains avec leurs CDE, l’Etat avait injecté 7 milliards pour le redémarrage de la CAMWATER, curieusement la situation s’est empirée. Aujourd’hui tous les yeux sont rivés vers Batchenga, sûrement c’est cette station qui va ravitailler tout le mayo tsanaga, tout le mayo sava et tout le Logone et Chari. Entre-temps les ultras patriotes d’en haut boivent du pétrus, les ultras •patriotes d’en bas nous lancent comme toujours, aka bia kat bo’o na’ala Njom teg bo’o.

Auteur: Aristide Mono