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Canada : Qui veut la mort de l’ACC ?

Mar., 3 Nov. 2015 Source: Cyrille Ekwalla

J’ai hésité avant de rédiger cette tribune, qui tient plus d’un plaidoyer. Et puis, ayant pesé les avantages et les désavantages de cet acte, il m’est apparu que la prise de parole valait mieux que le silence.

Dans une dizaine de jours, le regroupement associatif des camerounais de Montréal, connu sous l’appellation ACC (Association des Camerounais du Canada), doit se doter d’un nouvel exécutif. L’intermède Guy Epassy, du nom de celui qui aura tenu le fort tout seul et tant bien que mal, sera tourné. Il faut toutefois lui reconnaître un mérite; celui d’avoir maintenu le nom « ACC » à flot; tant l’hypocrisie et/ou le lâchage de celles et ceux qui l’ont sorti du chapeau magique, il y a deux, au moment de la crise, a été criard.

Pour être tout à fait juste, force est de constater qu’il y a parfois prêté le flanc. Néanmoins, il fallait sauver le bateau « ACC » et ce fut lui, à son corps consentant, qui se dévoua (d’autres diront « se sacrifia »). Sans équipe, sans moyens, il aura essayé, parfois avec des ratés, souvent avec des succès, à faire vivre l’ACC au sein d’une communauté qui s’en est totalement détachée. Un désintéressement survenu après la crise de succession, née du refus de l’ancien président de lâcher la bride.

Alors, dans quelques jours, il y aura une élection. Pour partir sur de nouvelles bases ? On devrait s’en réjouir. Et pourtant ce n’est pas le cas.

Et ce ne le sera pas, tant que celles et ceux, qui ont été contraints de s’en aller par la porte de derrière, reviennent par la fenêtre de la cuisine. Soit directement, soit par des femmes ou des hommes-liges.

Pourquoi reviennent-ils ? Quels sont leurs objectifs ? Qu’ont-ils à proposer ? Que nul ne se méprenne sur mes propos. Au-delà des personnes, je voudrais parler des objectifs, de la vision, de l’intérêt collectif. Engageons à quelques jours de cette élection, un débat de fond.

Quelle ACC ? Pourquoi ? Pour qui ? Et pour quoi faire ?

L’Association des Camerounais(es) du Canada a été pensée par ses fondateurs comme le forum qui permettrait aux filles et fils du Char des dieux, vivant au Canada (et plus précisément à Montréal) de se retrouver pour faciliter l’intégration dans le pays d’accueil et garder le Vert-Rouge-Jaune dans les cœurs et les esprits en en faisant la promotion de ses valeurs identitaires.

Il ne peut exister mission plus noble que celle-là. Dire que cela n’a pas été fait serait injuste. Malheureusement, comme dit le dicton, « là où il y a des hommes, il

y a des hommeries » et nous, nous ajouterons : « là où il y a des camerounais, il y a des camerouniaiseries ». Et ce sont ces dernières qui ont été la cause principale de la crise connue par l’ACC, il y a deux ans.

Quelles en ont été les conséquences les plus graves ?

* Une désaffection sans commune mesure, de nombreux camerounaises et camerounais du Canada, envers leur association

* Une montée en puissance des regroupements tribaux et ethniques, sans pareille, accentuant les divisions au sein de la communauté.

* Un morcellement et un éparpillement des groupes à caractère culturel ou socio-économique qui, pourtant, mis ensemble, auraient élevé la communauté et son image.

* Une perte d’influence énorme de la communauté camerounaise au sein de la grande communauté africaines, immigrante et de la société d’accueil.

…pour ne citer que ces quelques points.

Et malheureusement, celles et ceux qui sont responsables, oeuvrent encore aujourd’hui en coulisses pour « (re)prendre l’ACC ». Ils ont le droit, comme tout camerounais résidant à Montréal et ses environs de briguer la présidence et l’administration de l’ACC, mais la question évidente est : sont-ils (ou elles) les hommes (ou les femmes) de la situation ? Dans l’intérêt de l’ACC et de sa survie, est-il approprié que ce soit encore eux qui manigancent pour diriger l’ACC ?

Et pourtant, la communauté camerounaise peut et doit être rassemblée. Riche en potentialités comme aucune autre, travailleuse, capable de solidarité, patriote, intégrée… elle ne demande et ne souhaite que cela. Cette mission, ce rôle est dévolu à l’ACC, pour peu qu’elle reprenne sa place. L’ACC a besoin de renaître. Et elle peut renaître.

Encore faudra-t-il que les uns et les autres, au-delà des discussions en comités restreints, acceptent la vérité et évitent de se voiler les yeux : L’ACC ne renaîtra et ne retrouvera son lustre, qu’avec un leadership nouveau, fédérateur, rassembleur, doté d’une vision et d’un projet clair, et pour finir, au service exclusif de la communauté, toute entière. Sans eexclusive.

En d’autres termes, cette « vieille maison » qui se doit d’être la maison commune de toutes les camerounaise et de tous les camerounais de Montréal et des envirions, doit être renouvelée de fond en comble. Un coup de « wash-wash » comme ce qui se trame en ce moment, ne réglera pas la situation. Sauf, bien évidemment, si cela arrange certains intérêts, motivés par des agendas qui ne concernent en rien, la communauté camerounaise. Je puis affirmer ici, que si cela est le chemin emprunté, l’ACC mourra de sa belle mort.

Que ceux qui sont en charge fassent preuve de responsabilité. La communauté camerounaise du Canada, quoiqu’on en pense, a besoin de l’ACC; et l’ACC a besoin des camerounaises et camerounais du Canada.

Auteur: Cyrille Ekwalla