Ce que cache l'arrestation de Patrice Nganang

Franchement, l'affaire de l'arrestation de Patrice Nganang est troublante.

Quand j'étais souvent arrêté à répétition, en 1993, 1994 et 1995, c'était souvent en me réveillant le matin et je trouvais que mon domicile était encerclé par les policiers et les gendarmes.

Une fois, j'avais essayé d'enjamber le mur de la clôture de l'arrière, et j'avais entendu «qui vas là?». J'avais aussitôt réenjambé la clôture pour rentrer dans ma concession, avant que ces forces armées, comme d'habitude, cassent la barrière et la porte centrale que je refusais d'ouvrir, afin d'entrer et m'arrêter.

Mais j'avais échappé à beaucoup d'autres occasions d'arrestations, surtout quand les jeunes du quartier Biyem-Assi m'informaient de la présence des inconnus et policiers dans le secteur.

Mais quand on lance publiquement des insultes à la famille Biya en ajoutant que l'on le tuerait sans hésitation, puis on se rend au Cameroun en déclarant que l'on n'a pas peur et que si le régime veut il n'a qu'à vous arrêter, «ça fait un genre» quand même.

Il est vrai que certains voient l'arrestation et l'emprisonnement par le régime criminel de Paul Biya comme un certificat de combattance pour se justifier qu'on est l'un parmi les héros résistants du Cameroun. Mais on ne sait pas si c'est le cas de Nganang, qui peut s'expliquer par d'autres raisons.

Les émotions fortes de voir l'impunité régnante, les vols de la fortune publique, les citoyens tués comme des animaux, souvent présentés par les escadrons de la mort de Biya comme des trophées de barbarie, amènent souvent certains à la dépression.

Un autre écrivain camerounais, Zéphirin Bertrand Teyou, qui, lui, avait connu les geôles du pays en 2010 pour son ouvrage dénonçant le comportement de Chantal Biya, avait mis le feu à l’Hôtel de Ville de Besaçon, France, le 25 juin 2015 sachant bien qu'il sera arrêté et emprisonné. Il était soupçonné que Teyou souffrait de dépression, mais le diagnostic médical en la matière est peu fiable.