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Des enfants du milliardaire Victor Fosto devenus pauvres: Nadia Fotso indifférente

Nadia Fotso et son père

Tue, 20 Sep 2022 Source: Nadia Fotso

A l'occasion d'un don de l’honorable Albert Kouinche, du conseiller municipal Justin Talom et du maire David Kengne qui ont offert 10 millions CFA aux veuves, petit-fils et fils de Victor Fotso, tout le Cameroun apprend que certains héritiers du milliardaire traversent des moments difficiles. Alors que beaucoup s'attendaient que Christelle Nadia Fosto donne son avis par rapport à cette actualité, elle évite le sujet et parle d'une discussion qu'il a eues avec un jeune camerounais sur les réseaux sociaux.

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"Je ne savais pas que j’avais des lecteurs au Cameroun…Cette vidéo m’est parvenue par un jeune homme de Bandjoun avec qui j’ai échangé sur Twitter et qui m’a dit qu’il me lisait avec d’autres. J’entends tellement d’énormités sur les réseaux que je ne l’ai pas cru puis je lui ai dit que je faisais le Marathon de New York et il m’a envoyé ceci. Je l’en remercie tout en faisant autant pour ces étudiants que je ne connais pas. Ils ont l’air si jeune que j’ai presque peur pour eux.

Je sais que c’est un grand plus d’aimer la littérature et de lire lorsqu’on vient de coins non pas pauvres mais volontairement abîmés comme pour figer le temps et empêcher le progrès. Pour moi, tout vient par l’écriture et la littérature. J’ai commencé à écrire très jeune, trop jeune pour ne pas être mangée par un monde absurde, violent et surtout, surtout niais. Il fallait écrire pour exorciser, essayer de se réparer, crier la bouche fermée et mettre du rose ou du bleu sur les paupières pour ne pas avoir à se crever les yeux comme Œdipe en voyant enfin nettement la nudité de la vérité.

La bénédiction d’être handicapée surtout sur le continent africain et des pays insolents comme le Cameroun est la même que celle du poète dans l’univers baudelairien. On voit, on saigne et on crée en mélangeant son sang avec ses larmes en sentant sans toujours le savoir ou l’accepter qu’on est d’ailleurs et qu’on grimpe parce qu’on a besoin de hauteur et surtout de sublimer sa sensibilité.

Je regarde cette vidéo brute mais magnifique d’authenticité et comme un ancien candidate à une élection présidentielle quelque part dans la monde, je m’exclame trop Maptué pour n’être qu’émue, « ils disent que je suis seule ! Est-ce que je suis seule ? »

Ceux qui ne m’ont jamais lue parlent de mon égocentrisme, de cette folie qui me rend autant insaisissable que mordante et enfin d’une soi-disant maniaco-dépression comme si, comme si c’étaient des défauts, des critiques sérieuses, ou pertinentes… Quand je bute sur ces crottes de chien en oubliant de ne regarder que devant ou en haut, je dis toujours non pas pour répondre mais me rappeler qui je suis ces phrases qui ne varient que superficiellement : la raison pour laquelle je marche avec une canne, en ayant une prothèse interne et une de la jambe droite est qu’il faut toujours tout cela pour porter mon génie à qui même mon égo ne rend pas justice.

Sans littérature, je ne saurais pas écrire. Sans l'écriture, je ne serais plus vivante. Et c'est parce que je suis aussi vivante que mon désespoir pour citer cet Eluard que je ne perds jamais et que je veux continuer d'écrire que je fais ce marathon de New York...L'histoire est déjà écrite dans ma tête et ma plume me portera jusqu'à la ligne d'arrivée chez moi, Central Park, le premier dimanche de novembre 2022. Folle, j'entendrai des voix sans doute les mêmes qu'a entendu Fotso avant de mourir sans voir, sans revoir une dernière fois sa mère et je crierai, "je suis Christelle Nadia Fotso ! "

Jeunes étudiants de Yaoundé, on se rencontrera forcément un de ces jours bien qu’il se peut que nous soyons tous des montagnes!"

Auteur: Nadia Fotso