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Enigme Justin Danwe : 'comment le directeur des opérations des services secrets est-il devenu le principal suspect d’un tel crime ?'

Il a été décoré chevalier de l’ordre du mérite camerounais

Fri, 3 Mar 2023 Source: Roland Tsapi

Si l’on peut souscrire à la thèse officielle selon laquelle ces tueries commises par les forces de défense et de sécurité sont à mettre sur le compte des bavures qui peuvent arriver, l’argument devient peut convainquant devant l’assassinat de Martinez Zogo, organisé et mené à bout par un lieutenant-colonel de la gendarmerie, Justin Danwe.

Le magazine panafricain jeune Afrique le décrit comme une « figure majeure de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), personnage à l’allure athlétique inconnu de la quasi-totalité de ses compatriotes. La seule photo publique sur laquelle il apparaît est un portrait – de profil- adossé adossé à la quatrième de couverture d’un roman au titre intriguant qu’il a publié en 2012 intitulé « Les Génies du mal. L’assaut des enfants- soldats…

Justin Danwe est un homme de l’ombre. Comme tout bon espion, ses interactions sociales sont limitées, et sa vie numérique intraçable. Une existence discrète et secrète qui a pris fin le 1er février 2023 quand le Secrétaire général de la présidence de la république Ferdinand Ngoh Ngoh a confirmé à demi-mots son arrestation pour son implication présumée dans l’assassinat de Martinez Zogo. Quelques jours après la découverte du corps sans vie du journaliste, le 22 janvier, Justin Danwe est interpellé dans la plus grande discrétion, devenant le tout premier suspect d’une enquête qui deviendra rapidement une affaire d’État.

Convoqué à la suite d’une dénonciation faite par un de ses collaborateurs, Danwe s’est, selon les informations de jeune Afrique, autodénoncé aussitôt que lui ont été présentés les éléments ayant conduit à son arrestation, lesquels le situaient déjà comme la pièce clé de l’organisation du meurtre de Martinez Zogo. Comment le directeur des opérations des services secrets du pays, décoré chevalier de l’ordre du mérite camerounais – la deuxième plus haute distinction honorifique du pays, le 20 mai 2021, est-il devenu le principal suspect d’un tel crime ? S’interroge le magazine.

Qui situe son admission à l’École militaire interarmées (Emia), en 2002. Sorti en 2004, il devient lieutenant en 2007, et sera ensuite promu capitaine au début des années 2010, chef d’escadron en 2018, et, depuis le 1er janvier 2022, lieutenant-colonel de la gendarmerie. Un niveau assez respectable dans la hiérarchie militaire au Cameroun, mais également un niveau où on a accumulé suffisamment d’expérience et tissé assez de relations, couvert assez de collègues pour oublier que la tenue que l’on porte, est faite pour protéger la population, au lieu de semer au sein d’elle la mort et la terreur.

La recrudescence des crimes impliquant les hommes en tenue tout grade confondu, a atteint des proportions inquiétantes, qui devraient amener ces corps à se regarder dans le miroir et surtout à réviser les manuels pour se remémorer de leurs missions, celle de dresser les murs de sécurité autour des populations, et non être des vecteurs d’insécurité

Auteur: Roland Tsapi
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