Très cher "papi", sauf votre respect, acceptez de recevoir dans votre cachot de l'espoir, les sentiments les plus distingués d'un jeune africain qui vous admire !
J'observe depuis quelques années la scène internationale africaine. Vous vous distinguiez alors par votre intarissable faconde, votre verve qui dévoilait au grand jour l'immense sagesse qui particularise "certains" hommes de votre âge. Très vite, et parce que votre style était atypique, je me suis mis à lire quelques bouquins sur vous et votre pays. Quel itinéraire, quelle audace, quel cran, quelle hardiesse, quelle intrépidité, quelle témérité ! Si à 93 ans, certains vous trouvaient un peu trop vieux pour briguer un énième mandat, une bonne partie de la population croyait encore que le légendaire personnage que vous êtes, du fait de vos extraordinaires exploits par le passé, pouvait jusqu'à sa mort, conduire les destinées de l'Ex-Rhodésie du Sud. Vous êtes un "trop humain", un "surhomme" pour parler comme Nietzsche, je l'avoue ! D'ailleurs, qui aurait pu croire en 1964 que celui qui était alors le prisonnier du gouvernement rhodésien deviendrait président un jour. Je me souviens que le Pr. Jean Emmanuel PONDI aimait à me rappeler qu'une fois devenu chef d'État, vous avez prêché la tolérance, la construction de la nation et la réconciliation en allant jusqu'à inviter les citoyens blancs (vos bourreaux d'antan) à prendre part à la construction d'une nation forte en laquelle vous croyiez. Un parcours à la Mandela. Mais vous n'avez pas compris comme lui qu'il fallait s'en aller. Vous ne vous êtes pas rendu compte du fait qu'on peut être héros un jour et gueux le lendemain, surtout lorsqu'on refuse de partir.