En octobre 2009, près de quatre mois après votre nomination, vous avez été instruit par le Chef de l'État de régler définitivement le problème de la mise à la retraite des agents de la fonction publique et notamment des hauts commis de l'État.
Six ans plus tard, le constat est accablant : toutes vos annonces en Conseil de cabinet ont fait long feu. Aucun de ceux concernés par ces mesures n'a obtempéré.
Pour compliquer l'affaire, les dérogations et prolongations accordées par le Chef de l'État ont conforté tous les refuzniks du départ normal et mérité à la retraite. Ces personnels dont l'expérience pourrait servir d'une autre manière et qui ont la possibilité de s'adonner à diverses autres activités, en milieu rural, dans les loisirs ou à titre de consultant.
Aussi, l'absence de diligence dans le remplacement des fonctionnaires occupant des postes de responsabilité les conforte dans des habitudes consacrées. Une fois de plus, en octobre dernier, vous avez remis le couvert avec une annonce tout aussi forte. Pour quelle efficacité ? Pour quel résultat? Vous le savez mieux que nous, c'est de cohérence et de courage dont à besoin l'État pour faire triompher l'éthique et le respect des lois, de la réglementation en vigueur et des principes de l'État de droit.
Et dans cette matière plus qu'ailleurs, c'est ce qui manque le plus. Est-il utile de vous rappeler que notre président est fonctionnaire depuis 1962, soit 53 ans. Autrement dit, à deux ans près, l'équivalent de l'âge de départ à la retraite dans la catégorie A2, la plus élevée de la nomenclature de la fonction publique.
Est-il utile de rappeler de quand date votre sortie de l'École nationale d'administration et de magistrature et que vous avez été ministre pour la première fois en 1975, il y'a 40 ans ?
Est-il utile de rappeler que chez nous, exception mondiale, les généraux ne vont pas à la retraite ?
Faut-il promener notre regard sur la moyenne d'âge du Gouvernement que vous dirigez ? Vous savez bien qu'à 70 ans, on a encore espoir d'y entrer. Quelle garantie donnez-vous aux camerounais que ces fonctionnaires loyaux et diplomates dévoués au Président qui restent des dizaines d'années, protégés par le privilège de la prolongation accordée au plus haut niveau de l'État, partiront cette fois-ci ?
Vous comprenez bien qu'à travers ces exemples, rien n'est exemplaire, rien n'est incitatif. Il faut se rendre à l'évidence et penser le rajeunissement clair, volontariste et courageux de la haute fonction publique et de l'État.
Ce serait bien d'avoir de nouveaux Yang Philemon. A peine sorti de l'École et nommé Vice-ministre à 28 ans ! De quoi inciter dans un pays normal à une retraite paisible, sereine et méritée.