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Martinez Zogo : la frilosité du clergé est regrettable

Arol Ketch tacle le clergé camerounais

Mon, 30 Jan 2023 Source: Arol Ketch

La frilosité du clergé face à l’assassinat de Martinez Zogo est regrettable. Il fut un temps au Cameroun où tout le clergé se levait comme un seul homme pour réclamer justice face aux assassinats odieux. Ce fut le cas dans l’affaire du train de la mort.

Le 1er Février 1962, en gare de Douala au Cameroun un groupe de 57 nationalistes camerounais (de la prison de New Bell à Douala) constitué d’hommes, de femmes et d’enfants est embarqué tôt le matin dans un wagon métallique dont la porte est verrouillée.

Il a été scellé et plombé au départ. Quand le train arrive à Yaoundé au début de la soirée, 25 cadavres, tous asphyxiés. Le restant des survivants achèvera leur destin à l’hôpital pour certains et dans les geôles de la Brigade Mixte Mobile (BMM) pour d’autres. Le clergé va se mobiliser et protester pour réclamer justice.

Parmi ces réactions de protestations, la réaction de Mgr Albert Ndongmo fut mémorable. Jeune abbé, il eût le courage d’adresser à travers son journal “Essor des Jeunes” (Essor des Jeunes de Mars 1962, p.1.) une lettre ouverte au Président Ahidjo :

“Il me semble qu’en régime démocratique – qui est le nôtre – le peuple est à respecter…Le peuple n’est – il souverain que pendant les élections ?... Le peuple brimé sent qu’il a moins à craindre du côté du maquis que du côté qui devrait être le facteur de la paix…

…Quand nous ‘‘abattons’’ des citoyens qui n’ont pour tort que le fait de ne pas épouser nos opinions, nous méconnaissons la dignité humaine. Quand nous chosifions des citoyens

camerounais en les ‘‘fourrant’’ dans un wagon plombé pour les tuer en les asphyxiant, parce qu’ils sont des détenus politiques venant des prisons de New - Bell et du pays Bamiléké, nous vilipendons la dignité de la personne humaine. Quand on peut ‘‘descendre’’, avec une facile aisance, des hommes qui, par malheur, passent par le boulevard présidentiel à Yaoundé, on fait preuve qu’un singe est supérieur à un Camerounais”.

Et Albert Ndongmo de conclure :

“Jamais époque historique ne méprisa la personne humaine comme le vingtième siècle : c’est un fait absolument évident…Je ne parlerai pas de l’homme – cobaye, terrain d’expériences des nouvelles sciences médicales ; je ne parlerai pas de l’homme numéro, de l’homme chosifié dans l’arène du travail où il est méprisé et traité moins qu’un chien…J’ai l’impression – et ce n’est qu’une façon de parler – que, dans le peuple, dans le maquis, et jusque même dans l’olympe où trône l’autorité gouvernementale, la dignité de l’homme camerounais n’est ni connue, ni respectée…”

Monseigneur Jean Zoa, le tout nouvel Archevêque de Yaoundé, publiait dans le journal ( Effort Camerounais) , un communiqué invitant les fidèles à assister le 22 février à une messe à l’intention des 25 victimes et de leurs familles :

“Pour que notre patrie soit une terre respectueuse de la vie et des droits de ses enfants”. Les autorités demandent à l'archevêque d’annuler la messe de requiem; celui-ci va refuser de l’annuler. Elle se tiendra le 22 février 1962 en présence d’une foule immense venue malgré les menaces policières.

Les protestants vont se joindre à la protestation : “ Si un jour, l'Etat réclame ce qui est à Dieu , s’il outrepasse ses limites , s’il vous empêche d’annoncer le royaume de Dieu, alors résistez-lui” lance le journal protestant “La semaine Camerounaise” du 15 mars 1962 .

Auteur: Arol Ketch
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