Présidentielle: les réelles raisons des acharnements contre Kamto

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Fri, 3 Aug 2018 Source: Yves Tchakounté

Le candidat à la présidentielle d’octobre prochain, Maurice Kamto, goûte à sa première expérience politique. La présidentielle au Cameroun est une période de tensions permanentes. Elle ravive les passions et les émotions dans l’opinion à travers la Toile et les médias classiques. C’est la principale caractéristique des périodes électorales.

A l’approche de la présidentielle d’octobre 2018, les partis politiques ce sont déjà mis en branle. Cette course à la magistrature suprême est marquée par des rivalités entre les acteurs politiques. D’une part, entre les partis politiques de la majorité présidentielle et ceux de l’opposition. Et d’autre part, entre les différents partis politiques de l’opposition.

Pour ce dernier cas qui nous intéresse ici, la tension entre les partis politiques de l’opposition met au centre des polémiques, le leaders Maurice Kamto, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC).

Pourquoi Maurice Kamto fait-il l’objet de tant de fixation pour cette présidentielle au Cameroun ?

Le Cameroun a toujours eu à passer des moments de vives tensions marquées par une situation particulière à la veille des échéances électorales. Depuis le retour du multipartisme en 1990, les élections présidentielles pluralistes de 1992, 1997, 2004 et 2011 ont, chacune, toujours été marquées par un serpent de mer : la coalition des partis politiques de l’opposition.

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Si celle de 1992 a été un succès pour le moins éclatant avec Ni John Fru Ndi comme candidat de la coalition de l’opposition, cette expérience hante toujours l’opinion. Les expérience ratées de 1997, 2004 et 2011 ravivent encore les tensions au point où certains laisseraient croire que l’opposition doit encore passer par cette option de coalition pour espérer une alternance. Il serait toutefois naïf de ne pas penser que dans cette derrière idée de coalition se cache le mythe de Sisyphe : la quête du leadership.

Les partis politiques de l’opposition veulent construire un leadership à l’image de Ni John Fru Ndi, leader charismatique, en 1992. C’est ce que les idéologues du MRC de Maurice Kamto ont compris. Un projet de société conçu autour de l’idéologie du social-libéralisme est le socle sous lequel se fonde le leadership. Libérer l’homme, libérer la parole pour permettre la confrontation et exploser les talents. C’est dans la concurrence des talents que le développement est possible. Pour y arriver, la stratégie du MRC est évidente : se livrer à la bataille communicationnelle semblable au concept de la guerre de l’information.

Les conséquences de cette stratégie communicationnelle

La bataille communicationnelle a cet inconvénient qu’elle expose le leader et le livre à la vindicte. Maurice Kamto, en s’exposant, s’attend à recevoir des coups de massue. Cette bataille communicationnelle choisi par le MRC n’est pas naïve. Elle est fondée sur l’objectif de la propagande politique de son idéologie.

Cette propagande est exercée dans un contexte de frustration de nombreux Camerounais face à une opposition sclérosée de 26 années de batailles sans succès. Le MRC, né seulement en 2012, n’a donc pas de choix que de se lancer dans la conquête d’occupation du terrain politique pour rattraper le retard qu’il a avec les autres partis politiques de l’opposition qui sont là depuis 1990.

L’enjeu est donc grand et pour une première participation à la présidentielle, Maurice et son parti le MRC n’ont pas droit à l’erreur. Mais avant d’y arriver, Maurice Kamto fait face aux griefs de ses détracteurs les plus féroces à travers les médias et sur la Toile.

Cette bataille communicationnelle a lieu entre les pro et les anti Maurice Kamto. Voici quelques morceaux choisis, et pas les moindres, où les deux camps se livrent une lutte féroces qui a lieu généralement sur les réseaux sociaux. Maurice Kamto, un « nain politique »? La plupart des griefs balancés contre le leader du MRC sont focalisés sur sa modique expérience sur le plan politique.

En effet, les détracteurs s’attardent sur le fait que Maurice Kamto n’a aucune expérience politique. Selon eux, le leaders fait son entré en politique lors de sa nomination en tant que Ministre Délégué auprès du Vice-Premier Ministre, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux de décembre 2004.

Pourtant, il est établi que Maurice Kamto avait été le Directeur de campagne du candidat de la coalition de l’opposition de la présidentielle de 1992. Pour rappel, les résultats de la présidentielle donnait Paul Biya vainqueur avec 40% contre Ni John Fru Ndi, son suivant avec 36%. Ce résultat, jusqu’ici, est contesté par toute la classe politique de l’opposition qui estime avoir remporté la partie.

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Ce score de 36% de l’opposition à la présidentielle reste pourtant une victoire pour beaucoup d’observateurs pour deux raisons. D’une part, il est le plus gros score jamais engrangé par un leader de l’opposition au cour des scrutins suivants. D’autre part, jamais, l’opposition camerounais n’a été aussi soudée pour faire face à un seul ennemi : le parti politique (UNC-RDPC) au pouvoir depuis l’indépendance du Cameroun oriental en 1960.

La force politique du leader du MRC de Maurice Kamto peut donc se mesurer à partir de cette période inédite dans l’histoire de l’opposition au Cameroun. Pour des raisons que l’on ignore, il n’y a plus eu de coalition des partis politiques de l’opposition. Plus grave encore, après cette expérience, Maurice Kamto s’éclipse.

Auteur: Yves Tchakounté
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