Il y a une opinion courante qui a décidé de sanctifier Martinez Zogo du fait de son assassinat et décider que, jusqu’à preuve du contraire, il n’y aura plus de réflexion sur le sens de cet acte ignoble pour notre société.
La mort de Martinez Zogo serait-elle le signal de la fin de la critique comme éthique journalis-tique ? Quand je parle de critique comme éthique, je parle de la capacité à poser les questions qui fâchent sitôt que de telles questions appellent des réponses qui participent à construire notre vivre-en-harmonie.
Martinez Zogo est mort parce qu’il a été assassiné. Oui ! C’est visible depuis la lune. Nous sommes obligés par notre capacité à penser avec le cœur de nous émouvoir. Mais nous avons aussi un cerveau et il ne doit pas être supplanté par la raison du cœur. Il n’est en effet pas possible, pour un esprit capable de penser à plus de deux choses en même temps, de s’en tenir à cette unique cause immédiate.
Notre compatriote est AUSSI mort du fait d’une pratique du métier de journaliste à l’emporte-pièce. Le dire n’est pas faire l’apologie de l’assassinat dans l’espace public. C’est précisément faire acte de salubrité.
Exactement comme ces annonces qui indiquent que l’alcool au volant tue. Est-ce une manière de pardonner au chauffeur de grumier impatient qui cogne le chauffard saoul qui s’en dort au volant du fait des effluves d’éthanol ? Non ! Est-ce du cynisme ? Non !
L’alcool au volant tue et les chauffeurs de grumiers pressés tuent AUSSI.
La même mort peut avoir plusieurs causes, si on se force à penser à plus d’une chose en même temps. À force de ne pas le dire, l’assassinat du directeur d’Amplitude FM semble avoir dé-multiplié les usines à s’amuser dans l’opinion publique. On accuse les gens d’assassinat sans la moindre preuve, on les envoie en prison sans aucune vérification. On détruit des couples, s’immisce dans la vie privée des citoyens. On crie, on vitupère. En même temps on revendique l’immunité devant la justice. Et on espère que la fameuse liberté de la presse va nous protéger.
Breaking News. Ce qui protège le journaliste avant toute chose, c’est la mise en pratique des règles professionnelles. Or beaucoup ne sont pas journalistes quand ils violent les règles du métier et se retrouvent journalistes quand ils subissent les conséquences en prévision des-quelles les règles ont été édictées.
C’est ça qui est la vérité.