Opinions

Actualités

Sport

Business

Culture

TV / Radio

Afrique

Pays

Recrudescence des attaques de Boko Haram

Fri, 25 Sep 2015 Source: Raoul Guivanda

La forte pression de l’armée nigériane dans l’Etat du Borno, conjuguée à l’inaction de la Force Multinationale Mixte (FMM), n’est pas sans conséquence sur la situation sécuritaire dans la région de l’Extrême-Nord, notamment dans les départements du Mayo-Sava, Logone et Chari et Mayo-Tsanaga.

«Les terroristes de Boko Haram se sont émiettés en petits groupes, mobiles, et harcèlent nos positions le long de la frontière. Ils essayent d’étirer la ligne de front», commente un officier en poste dans le Logone et Chari. Résultat : incursions et embuscades se multiplient.

Pour la population, le prix à payer est très lourd. A Aïssa Hardé, dans le Mayo-Sava, ce sont 9 villageois qui ont été sauvagement tués par des combattants de Boko Haram dans la nuit du 16 au 17 septembre 2015.

Le lendemain, ce sont trois bergers qui trouvaient la mort à Warami, après une attaque de la localité par des éléments de la secte. Quand les villageois réussissent à échapper, ils abandonnent leurs maisons et autres bétails à la merci des assaillants.

250 têtes de boeufs ont ainsi été emportées à Warami ; des maisons brûlées et du bétail emporté dans le village Madina entre Makary et Bodo, dans la nuit du 18 au 19 septembre 2015 ; deux troupeaux de bétail emportés entre Kangaleri et Abuja, dans la journée du 17 septembre 2015.

Les populations des villages frontaliers ne sont pas les seules à être visées par les attaques. L’armée camerounaise est ces derniers jours, une cible régulière.

Elle a ainsi perdu à Ngoulma, dans la journée du 17 septembre 2015, sur la nationale n°1 entre Dabanga et Maltam, deux hommes et trois camions.

Boko Haram a récidivé le matin du 19 septembre 2015 en attaquant un convoi sur l’axe Dabanga-Maltam. Face à la nouvelle donne, l’armée camerounaise fait montre d’une certaine résilience.

Dans la nuit du 16 au 17 septembre 2015, elle a pilonné des positions de Boko Haram dans les environs de Banki, au Nigeria. De sources concordantes, au moins 17 combattants de la secte ont perdu la vie.

Toute la matinée du 20 septembre, l’artillerie de l’armée camerounaise a pilonné des positions de la secte à Banki et ses environs, pour permettre à l’armée nigériane de progresser. Mieux, les forces de défense et de sécurité multiplient les arrestations.

Quatre membres de Boko Haram, les nommés Oumar Aga, Malloum Amada, Oumar et Baba Ali, ont été arrêtés à Kerawa, dans la journée du 17 septembre 2015. Une vingtaine d’autres personnes ont été interpellées à Zigagué, et transférées à Maroua dans la journée du 19 septembre 2015…

«En plus d’une réorganisation du dispositif dans le secteur Tildé-Dabanga, le génie militaire va travailler certaines parties de la nationale n°1 entre Mora et Kousseri pour assurer une certaine fluidité, car ces terroristes profitent de l’état de la route pour tendre des embuscades », explique un officier Camerounais.

Les travaux devraient démarrer, selon nos sources, très rapidement. D’après divers observateurs, le regain d’activités de Boko Haram aux frontières est le signe de son essoufflement.

Une analyse relativement admise par certains officiers sur le terrain. «Oui, il y a une mutation qui s’est opérée avec la progression de l’armée nigériane dans l’Etat du Borno qui se traduit par la reconquête fulgurante des villes tenues autrefois par la secte.

La résultante de cette situation est que nous avons désormais affaire à de petits groupes mobiles, dispersés sur une large bande frontalière entre l’Extrême-Nord et l’Etat de Borno, qui opèrent en plus dans leur registre favori : la guérilla.

Géographiquement, oui, Boko Haram a perdu du territoire, mais militairement, sa capacité de nuisance est toujours là. N’oublions pas que le groupe a tout simplement refusé de combattre l’armée nigériane, livrant juste quelques escarmouches pour ralentir son avancée.

Le plus dur est à venir, quand les armées ne seront plus mobiles, quand elles vont se cantonner à sécuriser les villes, bref, quand elles vont s’arrêter.

C’est en ce moment qu’il faudra résoudre bien de problèmes», explique un analyste. Un avis partagé par de nombreux militaires qui ne comprennent pas le discours distillé actuellement par des hommes politiques sur «l’essoufflement de Boko Haram».

«De telles déclarations dans une guerre hybride où les critères d’appréciation restent flous, ne peuvent contribuer qu’à démobiliser les populations qui, croyant l’affaire réglée, peuvent baisser la garde», regrette un officier supérieur.

Auteur: Raoul Guivanda