Quand on est éthiquement limité, les bonnes intentions ne suffisent pas, et on construit sur du sable. Le problème fondamental du gouvernement camerounais, ce sont ses limites éthiques. Tout est calcul politique même l'humanitaire. La bêtise coûte cher, qu’elle soit individuelle ou collective. La facture est bien salée et ce n'est que le début. Au Cameroun, nous allons de bêtise en bêtise dans la crise anglophone. Si le gouvernement avait opté pour le dialogue dès le départ, on n’aurait pas besoin aujourd’hui de dépenser 13 milliards pour l’humanitaire. Un dialogue national bien organisé nous aurait couté au maximum un milliard. Mais le régime en place a opté pour la répression et nous voici dans un bourbier où nous font patauger les extrémistes des deux bords. On n’en est même pas encore sorti qu’on nous parle déjà du plan de reconstruction. Pourquoi est-ce une autre poudre jetée aux yeux des Camerounais comme, hier, la fameuse commission du bilinguisme ?
L’humanitaire, me disait encore récemment un interlocuteur avisé, se nourrit de la guerre et de la pauvreté. Le plan humanitaire gouvernemental du Cameroun chiffré à près de 13 milliards à la faiblesse d’ignorer la cause du mal pour se focaliser sur les effets. C’est comme un médecin qui préfère soigner le symptôme au lieu de s’attaquer à la racine du mal. 13 milliards pour panser les plaies d’une guerre sale et inutile qui est loin d’être finie. Comme aime à le répéter le sage philosophe camerounais Eboussi Boulaga, une société qui se ment à elle-même a choisi les ténèbres et ne peut pas évoluer. Nous sommes en plein dans une autre opération plus politique qu’humanitaire qui vise principalement à couper l’herbe au pied de l’humanitaire international. Le régime Biya, nous l’avons plusieurs fois dit, n’a pas les moyens de résoudre cette crise toute seule, à cause de ses limites éthiques. Il faut donc craindre que ce fameux plan humanitaire comme beaucoup d’autres tournants dans cette la gestion gouvernementale de cette crise ne soit qu’un autre coup d’épée dans l’eau.