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Comment Paul Biya et Ahidjo

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Mar., 21 Juil. 2015 Source: Esther Ayissi

À des moments précis dans l’exercice du pouvoir, Ahmadou Ahidjo puis Paul Biya ont été confrontés à la question de leur retraite. Selon le quotidien Mutations de ce mardi 21 juillet 2015, « le débat sur la longévité au pouvoir se posait déjà à l’époque d’Ahmadou Ahidjo, même si personne n’avait le courage de l’évoquer en public ».

Le journal, sous la plume de son rédacteur en chef Georges Alain Boyomo, rappelle qu’en mai 1982, cinq mois avant sa démission, le premier président camerounais avait confié à Jean Claude Ottou dans l’émission « Le Club de la Presse » sur RFI : « Pour ma succession, la seule chose que je puis dire est que la procédure est prévue par la Constitution et que je ferai en sorte, si tout va bien et si Dieu le veut, que ma succession se déroule normalement, qu’il n’y ait pas de vide au Cameroun (…) Je vous ai dit que je faisais la politique depuis 35 ans et demi.

Vous admettez, après tout ce temps, que j’éprouve une certaine lassitude, comme d’ailleurs vous-même, quand vous aurez accompli 25 ans dans la radio ou à l’information, vous serez peut-être lassé ».

Le journal précise : Avant cette déclaration, le président Ahidjo avait fait adopter un mois après sa réélection à la présidence de la République le 5 avril 1975, une réforme constitutionnelle disposant que « le président de la République peut nommer un Premier ministre responsable devant lui seul et aux attributions laissées à son appréciation ».

33 ans après, Paul Biya vient de répondre à François Hollande devant la presse : « Je commencerai par dire que ne dure pas au pouvoir qui veut, mais qui peut ». Et d’ajouter plus loin, précisément au sujet de la retraite : « Et le moment venu, les Camerounais, les amis français et tout le monde, sauront si je suis candidat ou si je prends ma retraite ».

En privé, selon les câbles de Wikileaks datant de 2006, Paul Biya qui répondait à une question de l’ex-ambassadeur des Etats-Unis à Yaoundé Niels Marquadt : « Quelle fierté aurais-je si je laissais le Cameroun dans cet état aujourd’hui ? »

Citant Jeune Afrique qui situe Paul Biya au troisième rang de chef d’Etat le plus ancien d’Afrique, Mutations fait référence à la récente sortie du Directeur du Cabinet civil Martin Belinga Eboutou pour qui « au Cameroun longévité n’est pas synonyme de dictature », avant de s’interroger au sujet de ces petites phrases de présidents évoquant leur retraite : « Quelle formule adoptera Paul Biya (qui n’évoque guère « une certaine lassitude ») pour éviter « le vide » après lui au Cameroun ? L’équation à plusieurs inconnues est-elle résolue avec le seule avènement du Sénat ? »

Auteur: Esther Ayissi