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Affaire Afrique Media: Faut il choisir son camp ?

Mar., 11 Août 2015 Source: Bazou Batoula

e ne serai pas étonné que l’on découvre un jour que la France ait monté Afrique Média de toutes pièces. Je ne serai pas étonné si l’on remonte à sa paternité Chinoise ou Américaine ou même Panafricaine.

Tout est donce possible. Car du moment où des groupes veulent se positionner sur le long terme ou veulent élargir le champ de ce qu’ils considèrent comme leur idéologie, ils prennent du temps, ils observent, ils anticipent, ils organisent, bref ils manipulent la matière pour que les faits à venir soient le plus proche de leurs anticipations.

Ce qui leurs confère à chaque fois une longueur d’avance sur la protection objective de leurs intérêts, oui rien que de leurs intérêts.Cependant, le Peuple a besoin de vivre simplement, de manière basique, je dirai même de manière naïve et enfantine, sans savoir ce que Robisson et Ezoka se seraient racontés.

Le Peuple s’en fout de ça. Par contre, le jour où le Peuple soupçonnera que ses intérêts à lui sont menacés, les responsables n’auront pas le temps de faire leurs valises. Oui, au final tout dépendra du Peuple.

Trois évènements ont attiré mon attention lorsqu’il a fallu parler d’Afrique Media. Cette chaîne avait diffusé un reportage sur des agissements dans les Plantations du Haut Penja en lien avec l’affaire Paul Eric Kingué. Ensuite, il y a eu la question de la prétendue main de la France dans la déstabilisation sécuritaire du Cameroun.

Enfin, il y a eu la collaboration de Kemy Seba dans l’étoffe du panel d’Afrique Media. Autour de ces trois évènements, j’ai simplement lu trois problématiques.

La première – Affaire Plantation du Haut Penja- soulevait au moins une interrogation : Comment certaines entreprises françaises au Cameroun entretenaient des comportements économiques, sociaux et éthiques sûrement dans l’intérêt de la mère patrie, mais avec pour corollaire la misère des populations, notamment de celles environnantes.

La crainte de la France est très simple : Si un reportage sur PHP ouvre la voie à ces questionnements, qu’en sera-t-il des autres enquêtes sur les 9 autres entreprises « françafricaines » qui entretiennent objectivement le pillage des richesses au Cameroun ?

La deuxième – Affaire Boko – soulevait des zones floues dans les agissements de la France lorsque la panique hantait les camerounais, notamment ceux du Nord. Personnellement, je n’ai pas besoin de vérifier si oui ou non ce qui est dit sur la France à ce sujet est fondé.

Je sais une chose : la France a agi, agit et agira toujours dans le sens de ses intérêts. Si ceux-ci doivent passer par la mort ou le traumatisme des autres peuples, il y aura toujours un service après-vente pour les consoler. Il faut que cela entre de façon claire et définitive dans le cerveau des gens. Or les débats sur cette question sur les plateaux d’Afrique Média étaient objectivement gênants pour la France, elle souhaite donc « objectivement » ne plus être indexée. Quoi de plus normal pour un pays qui défend ses intérêts ?

La troisième – Collaboration de Kemy Seba- renferme à mon avis la plus grande crainte, celle de la propagation du virus de la conscience à plus grande échelle. Car cette propagation va de facto exiger des moyens plus élevés pour y faire face, mais surtout elle risquerait effectivement de créer un panafricanisme propre à l’Afrique.

Chose qu’elle n’a surement pas anticipé comme celui qui se fait à Addis Abeba. Or si les Africains rectifient le tir vers un panafricanisme d’exigence, la place de la France en Afrique – de la françafrique – va arithmétiquement diminuer. Se permettrait-elle le luxe de laisser sans rien faire ?

Afrique Media était au rendez vous de ces trois problématiques. Voilà aussi pourquoi c’est une chaîne à abattre. En moins de cinq ans, elle a affronté le terrain de l’éveil des peuples, chose qu’aucune autre chaine avant elle n’avait faite. Etait ce programmé ainsi ? Si oui, par qui ? Je n’en sais rien.

Ceci étant, il est important de se rendre compte d’un fait : L’Africain est trop doux. Voilà pourquoi lui-même a peur de ses propres agissements quand bien même ceux-ci seraient violents et à sa faveur. Je suis surpris de voir des hommes politiques africains, des intellectuels africains tourner autour du pot lorsqu’il leur est demandé leur avis sur le cas Afrique Media. La question est pourtant simple. Voulez vous vous que l’arique se mette enfin debout ou pas?

Pour décomplexer le débat, je crois qu’au lieu de fermer Afrique Media, il faut plutôt en créer des dizaines d’Afrique Media. De cette façon, ce qui est dénoncé comme contradiction de la chaine serait donc mis sur la table du débat pour que la vérité soit faite, si tant est qu’Afrique Media prononce des mensonges. Même si l’Africain est doux, il vit dans un monde violent au sein duquel un minimum d’adaptation s’impose.

Quant au Conseil National de la Communication, CNC, je crois que c’est un jeune organe qu’il faut continuer de renforcer, de forger, donc de préserver. La triste réalité est que le niveau d’Afrique Media est trop grand par rapport à celui du CNC. La légitimité d’Afrique Media est trop forte pour la CNC. Le combat d’Afrique Media enfin est profitable – oui c’est ainsi – à la CNC, et non l’inverse.

Afrique Media est sur le terrain stratégique, la CNC est un régulateur. Afrique Media dans sa posture se bat donc aussi pour l’indépendance réelle de la CNC. Il ne faut donc plus mélanger les gens et les genres. Finie donc l’époque où un calcul politique pouvait se faire sur le prisme du combat d’un « média ». Non, Afrique Media n’en est pas un. C’est une « chose » créée en représailles à la « chose » créée pour maintenir la françafrique. Elle échappe au conformisme, oui mais doit elle s’en excuser.

J’ai la faiblesse de penser que malgré toutes les énormités qu’Afrique Media débite, malgré toute la violence verbale dont elle fait l’objet, malgré toutes ses contradictions, elle dépose de l’autre côté de la balance un poids tellement précieux pour le réveil des masses africaines.

Elle contribue à allumer des cerveaux endormis. Je sais par expérience de quoi l’ennemi de l’Afrique est capable (Cf. Libye, Côte d’Ivoire, RDC, UPC, Apartheid). Jamais je ne commettrai plus l’erreur de ne pas me positionner. Oui, même naïvement, je soutiens Afrique Media et j’invite ceux qui le peuvent à en faire de même.

Auteur: Bazou Batoula