Quelques minutes d’accalmie, puis la sérénité est balayée. Les brancardiers courent vers la sortie du centre. Un taxi vient d’y marquer un arrêt brusque. Trois hommes sortent du véhicule tenant une dame qui crie de douleur. Elle est rapidement conduite à la prise des paramètres. L’on apprend qu’elle a été percutée par un véhicule et sa jambe est amochée. Il faut l’opérer de toute urgence pour éviter les dégâts.
Pendant qu’on l’apprête pour le bloc, Thérèse Tuekam, responsable du service de tri et ses collaboratrices gèrent les autres patients. Au bloc opératoire, le directeur vient d’achever sa troisième intervention du jour. Il est un peu plus de 14h. Les opérés sont transférés en salle d’hospitalisation, aux petits soins de Monique Mengono Mengono, major du service.
On la surprend au chevet du jeune Inoussa, 15 ans. Il a de la peine à parler mais tient à expliquer ce qui lui est arrivé. « C’est au carrefour Emia qu’une voiture m’a cogné. Je ne me souviens pas de la suite », relate-t-il. A en croire la major, il est désormais hors de danger. L’opération s’est bien passée et il pourra à nouveau marcher. Seul hic, c’est qu’après le CURY, la prochaine destination est hypothétique. « C’est un enfant de la rue. Il est nourri et pris en charge mais nous ne pouvons pas le garder », regrette Monique Mengono Mengono.
Autre personne sortie des griffes de la mort au CURY : Madeleine Biloa, 19 ans. « C’est une violente douleur au bas-ventre qui m’a conduite ici. On m’a dit que c’est une grossesse extra-utérine. C’était comme si j’allais mourir. Heureusement, quand je suis arrivée, on m’a bien accueillie et j’ai été opérée sans avoir à débourser un franc. Je vais déjà bien et je leur dis merci », déclare-t-elle. D’après notre source, si l’intervention n’avait pas été rapide, on parlerait d’elle au passé, parce qu’elle aurait fait une hémorragie interne.
Dans une autre salle, Jean Mouthé, 37 ans, occupe le premier lit. « J’avais mal au bas-ventre. Une échographie a montré que j’avais une appendicite. J’ai été opéré mais depuis qu’on m’a enlevé la sonde, les douleurs ont repris», explique-t-il, entre deux gémissements. Et sur la prise en charge, la réponse est claire : « On m’a pris en charge sans demander un radis. Arrivé ici avec un mal de ventre, ils m’ont également fait une radio du thorax avant l’opération. Je suis satisfait mais c’est la facture qui ne rit pas». Comme ces hommes et femmes, plusieurs personnes ont sollicité les services du CuRY pour se soigner en situation d’urgence. L’on append de source bien introduite que depuis la mise en marche du centre, 3100 patients ont déjà été reçus. Les cas les plus récurrents portent sur les accidents de la voie publique, les accidents vasculaires cérébraux et les infarctus du myocarde. Le taux de mortalité est actuellement de 4,77%. En rappel, ce centre a été créé par le chef de l’Etat, Paul Biya, pour réduire les décès dans les urgences au Cameroun. Situé en contrebas de l’Hôpital central, il a une capacité d’accueil de 50 malades.