Les chiffres officiels font état de ce que «54% des femmes enceintes ont effectué leurs Consultations prénatales au Cameroun, et reçu au moins trois doses de Traitement préventif intermittent en 2022». Mais cela n’a pas empêché que le paludisme poursuive ses ravages sur le territoire camerounais. Au Comité national de lutte contre le paludisme (Cnlp), 3 millions 327 mille 381 cas de paludisme répertoriés par les formations sanitaires au Cameroun au cours de l’année précédente. Soit 29,6% des consultations hospitalières. Tant au Cnlp qu’à Impact santé Afrique (ISA) qui a fait de la lutte contre cette maladie son cheval de bataille, le constat laisse voir un certain relâchement dans le combat contre la plus grande tueuse, mais aussi, que «les journalistes ne maîtrisent pas toujours les fondamentaux dans cette thématique».
Eux qui dans leur mission de reliance sociale, doivent accompagner ce genre de combat. Et dans l’exposé qu’il fait à Kribi à l’occasion du séminaire de renforcement des capacités des journalistes sur le traitement de l’information sur cette maladie, organisé par ISA les 27 et 28 septembre dernier, Joseph Mbeng Boum, président de l’Association des médias pour la promotion de la santé, a relevé les lacunes des journalistes dans le traitement de l’information sur cette maladie. A travers un exposé intitulé «Traitement de l’information scientifique sur le paludisme : comment mettre en relief les données impactantes dans les reportages». Notamment les graphismes, tableaux et autres techniques pour aider à amplifier une information ou lui donner plus de valeur dans un texte.
DÉBROUILLARDISE
Pendant trois jours, une trentaine de journalistes ont été ainsi sensibilisés sur la nature et la spécificité du principal vecteur du paludisme qu’est l’anophèle femelle, le niveau du combat jusqu’ici mené par le Cameroun, les principaux écueils rencontrés... Dans ce sens, les uns et les autres ont reconnu les avancées et faiblesses du combat mené par les pouvoirs publics. Notamment l’épineuse question de la moustiquaire imprégnée dont la distribution a fait défaut à un moment. «Il faut avouer que la survenue de la pandémie du Covid-19 a perturbé la campagne, avec l’imposition des mesures-barrières, mais tout est revenu à la normale», assure-t-on au Minsanté.
En revanche, toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne. Si l’instabilité dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest n’a pas facilité la tâche dans cette campagne, les régions du Centre et du Sud devront attendre les Fonds de contrepartie de l’Etat. «Vous savez que l’Etat est interpellé sur divers fronts, ce qui a quelque peu ralenti le déblocage des fonds», a essayé de justifier Oumarou Ngambe du Cnlp. Entre temps, sur le terrain, chacun se débrouille. Ici à Kribi, la situation préoccupe : «J’ai appris qu’on va distribuer les moustiquaires ici aujourd’hui ?» s’est renseigné un riverain du Centre culturel du groupement Batanga ce 27 septembre 2023. Depuis 2019 en dehors des femmes enceintes, cibles prioritaires, beaucoup n’ont plus vu la Milda. Chacun se débrouille.
«Chez moi c’est complètement déchiré ; on se débrouille à rafistoler car même si on n’est pas à l’aise en dormant dedans, on n’a pas le choix», a compris un vieux. Cette salle a abrité un échange entre les séminaristes venus de divers coins du pays et des ménages. L’homme d’une cinquantaine d’années a été déçu, mais a tenu à suivre les échanges au cours desquels les femmes ont été entretenues sur le Traitement préventif intermittent (TPI). Lequel est administré aux femmes enceintes dès la 13ème semaine de grossesse, tous les mois ; et les enfants de la 10ème semaine à 15 mois. Il s’avère que son application n’est pas toujours régulière. «Quand j’ai commencé les visites prénatales, on m’a prescrit dès la 13ème semaine de grossesse les médicaments à boire une fois par trimestre», confie Odile N. Les séminaristes sont par ailleurs allés à la rencontre du centre de Protection maternelle et infantile (PMI) de la ville côtière pour s’en quérir de la situation.
L’avènement du Covid-19 avait quelque peu mis en berne les autres maladies qui ont souvent préoccupé l’Etat et ses partenaires nationaux et internationaux, tant la pandémie a fait des ravages en un temps record. Mais une fois ce vent passé, les acteurs impliqués ont cru devoir remobiliser les troupes contre ce qui a toujours constitué la première cause de mortalité en Afrique et au Cameroun en particulier. Le combat se fera avec une plus grande implication de la presse.