Couverture santé : le rêve camerounais s'envole

Couverture santé universelle

Wed, 1 Nov 2023 Source: Le Messager n°8152 du 31 octobre 2023

Les Camerounais ont faim, très faim ; les Camerounais sont pauvres ; nous avons soif ; nos villes sont de gigantesques décharges publiques ; nos routes sont de véritables cimetières. En riposte à ces réels grands problèmes de santé publique, le gouvernement et ses amis internationaux à travers le ministère de la Santé publique promeuvent la chirurgie esthétique et plastique.

Nos hôpitaux publics sont devenus le réceptacle de ces activités de soins des petits et grands complexes de nos compatriotes obnubilés par la beauté physique. Contre les maladies hydriques, de l’insalubrité, et des infections évitables par une bonne hygiène de vie, le Minsanté et ses partenaires tracent et traquent les populations pour leur offrir des produits pharmaceutiques, des drogues.

Depuis quelques semaines, nos quartiers sont pollués par des jeunes désœuvrés qui ont été recrutés pour mener des activités ponctuelles de dépistages du choléra, du VIH, et de la tuberculose. Ces agents de santé, agents relais communautaires, etc. comme on les nomme vaccinent contre le choléra, distribuent les antirétroviraux et des antituberculeux aux personnes dépistées positives.

Durant des jours, ils se déploient au tréfonds des villes en contrepartie d’une maigre pitance de 1 000 ou 2 000 francs CFA par jour qui leur seront donnés dans un ou deux ans, lorsque le partenaire de l’État qui a financé le projet aura enfin débloqué les fonds qu’il a promis.

Officiellement, 16 000 jeunes des deux sexes, triés sur le volet ou issus des familles des acteurs de la santé parcourent nos plus petits hameaux à la recherche des malades. Contre le choléra, aucun vaccin n’est assez efficace pour protéger contre l’infection et sa transmission. Ils n’ont pas réussi à tuer le VIH depuis plus de 40 ans, la tuberculose fait encore des victimes 26 ans après l’instauration en 1997 du traitement court directement supervisé. Je pense que l'article peut être maintenu tel quel à quelques ajustements près.

La CSU en cours de lancement étant effectivement « au forceps ». En effet, n'ayant pas pu faire les réformes nécessaires pour une CSU appropriée telle que définie par l'OMS et telle que compris et mis en œuvre par les autres pays, le Minsanté veut transformer les initiatives/mécanismes de gratuité et de subventionnement des soins qui existent depuis quelques années, qui sont financés par les partenaires et qui sont mis en œuvre avec beaucoup de difficultés en "première phase de la CSU".

On se demande comment peut-on adosser un système de couverture santé universelle sur des « politiques assistancielles » qui ne sont ni efficaces dans l'ensemble, ni soutenables dans le temps ? À l'analyse de ce qui est en cours de mise en œuvre, il s'agirait d'un "PBF bis" à l'instar de celui qui venait de mourir en décembre dernier. On constate qu'on va essayer de le répliquer en utilisant ses méthodes et techniques d'implémentation et de gestion aux "Users Fees" (financés par Usaid), au "Chèque-Santé" (financé par AFD et KfW) et à la subvention de la dialyse chez les insuffisants rénaux chroniques (financée très difficilement par l'État du Cameroun).

L'autre paquet de service est la gratuité de la prise en charge du paludisme chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, et le subventionnement de la prise en charge du paludisme grave chez les autres, une initiative lancée depuis 2013 sur financement du Fonds mondial, qui s'applique très difficilement sur le terrain aussi bien dans les Fosa publiques que privées, et les intrants (médicaments de traitement du paludisme fournis gratuitement par les FRPS sur financement du Fonds mondial) sont très régulièrement en rupture de stock.

C’est dans ce contexte que le Minsanté a lancé la phase pilote de la couverture santé universelle. Entendu comme une action qui vise à donner à tous les individus accès aux soins de santé, et poursuit un objectif stratégique qui consiste à construire des sociétés plus saines.

Source: Le Messager n°8152 du 31 octobre 2023