Coordinateur national de l’Association « Foi et Justice », il livre les grandes leçons de l’atelier de plaidoyer d’une meilleure réponse face à la circulation et la consommation non médicale des médicaments psycho actifs et autres en milieu scolaire au Cameroun.
Qu’est-ce qui a motivé, la tenue d’un atelier de plaidoyer pour la protection du milieu scolaire contre les drogues au Cameroun ?
Voici bientôt sept ans que notre association s’est engagée dans la lutte contre la circulation et la consommation non médicale des médicaments psychoactifs et autres drogues en milieu scolaire au Cameroun. Durant ces sept années nous avons mené un certain nombre études, d’enquêtes en milieu scolaire ;
Nous y avons fait de nombreuses actions de sensibilisation et de formation aussi bien des enseignants que des élèves. Il était temps de faire un petit temps d’arrêt pour, au regard de tout ce vécu de terrain, présenter aux principaux acteurs concernés, notre position relativement au phénomène de drogue dans nos écoles.
Quelles sont les drogues les plus répandues en milieu scolaire ?
Il y a une multitude de drogues qui circule dans nos établissements scolaires, mais selon nos études, il y a plusieurs drogues qui sont prisées par les jeunes en milieu scolaire, notamment : le tabac et ses dérivés comme la chicha, l’alcool et le tramol.
A l’issue de l’atelier, quelles sont les résolutions prises ?
Nous ne sommes pas à proprement dit sortis de cet atelier avec des résolutions, mais plutôt avec des recommandations adressées à l’endroit des principaux décideurs concernés par la question. Nous sollicitons de ces derniers :
• l’adoption d’une réglementation spécifique portant « protection du domaine scolaire contre la circulation et l’usage non médical des substances psychoactives en milieu scolaire » et prise en charge des élèves en situation d’addition,
• l’application ferme de la règlementation interdisant la fabrication et la commercialisation de l’alcool en sachet,
• la fermeture ou le transfert de tous débits de boissons situés aux abords des écoles,
• l’application ferme de la loi relative à la circulation et à la vente sans ordonnance des produits psychoactifs,
• le renforcement de la prise en charge et de l’accompagnement des victimes, l’établissement de l’état des lieux (Rendre opérationnel la base de données Ndlr).
Mais aussi le renforcement de l’éducation à la santé sur la drogue, l’élaboration et la mise en place d’un programme national de traitement et de prévention des addictions et le renforcement des mesures d’accompagnement psychologique en milieu scolaire.
A vous entendre, le phénomène de circulation et de consommation des drogues en milieu scolaire est devenu un véritable problème de santé publique au Cameroun….
Tout à fait. Il faudrait que les pouvoir publics prennent la mesure du danger qui frappe à la porte de nos écoles et agis- sent car ils sont garants du respect des lois et de la sécurité de tous les citoyens. Néanmoins, je dois aussi dire que l’Etat seul ne peut pas mener une action efficace sans la participation active de la communauté éducative toute entière et la société civi- le, qui a aussi un rôle important à jouer dans le but de sécuriser nos écoles contre les drogues.
Quelles sont vos difficultés au quotidien ?
Dans l’exercice de nos activités, nous sommes confrontés au problème de la compréhension même de la nature de notre action par les cibles. Ce qui peut avoir pour effet la fermeture de certains établissements scolaires à notre initiative. Nous avons également des difficultés à satisfaire la demande des établissements scolaires en termes de sensibilisation, de formation et de fourniture des outils de sensibilisation.
Parlez-nous un peu de l’association Foi et Justice?
L’association « Foi et Justice » est une initiative des congrégations religieuses du Cameroun qui veut promouvoir la justice sur le plan économique et social. Nous œuvrons pour l’avènement d’un monde juste, avec des relations équitables entre les hommes, où tous vivent pacifiquement dans l’acceptation mutuelle et le respect de la diversité.
Par des actions de plaidoyer, nous œuvrons à la transformation des structures qui affectent négativement la vie des personnes au Cameroun et principalement de celles qui sont en situation de vulnérabilité en collaboration avec d’autres acteurs de la société civile.