La Chicha ou la mort au bout d’une pipe à eau

Fumer la chicha affecte de manière irrémédiable le système cardio-vasculaire des jeunes

Fri, 14 Jul 2023 Source: Cameroon Tribune

Souvent considéré comme moins néfaste pour la santé que la cigarette, fumer la chicha affecte de manière irrémédiable le système cardio-vasculaire des jeunes qui représentent la couche sociale la plus accro à ce tueur à petit feu.

Pas un snack sans chicha ! C’est devenu la vedette de tous les coins chauds de Yaoundé. L’attraction numéro 1 des jeunes qui en sont de plus en plus séduits, car ils l’associent à des moments festifs entre amis. Les virées nocturnes et les « charters » se transforment en véritables cheminées. Le drame c’est que beaucoup en consomment sans en avoir une idée de la composition ou de son origine.

La chicha (appelée aussi narguilé, narghilé, hooka ou waterpipe selon les endroits) est une pipe à eau permettant de fumer du tabac. Le tabac est placé dans une douille qui donne sur une cheminée conduisant au fond d’un vase rempli d’eau. Il est chauffé et partiellement brûlé par adjonction dans la douille d’un charbon incandescent ou d’une braise ardente, séparés généralement du tabac par un papier d’aluminium percé.

Un ou plusieurs tuyaux sont reliés au sommet du vase pour permettre aux utilisateurs d’inhaler, aspirant la fumée dans la cheminée à travers l’eau. La teneur de la fumée de chicha, notamment en béryllium, en chrome, en cobalt, en plomb et en nickel, est plus élevée que celle de la fumée de cigarette.

Secteur en pleine expansion

Une étude récente a démontré qu’ « un gramme de tabac à chicha libère entre 24 et 80 mg de goudrons, tandis qu’en Europe une cigarette standard (1 g) ne peut libérer au maximum que 10 mg de goudrons ».

Toutefois, la composition du goudron d’une cigarette est différente de celle de la chicha à cause des différences de température de combustion (900 °C pour la cigarette et 450 °C pour la chicha). Il ne faut pas oublier que « la fumée de chicha, en plus des métaux du tabac, contient également du charbon, du revêtement du fourneau et de la colonne, du tuyau ou de la feuille d’aluminium ».

Le phénomène est devenu à la mode au point où il existe des maisons spécialisées pour fumer la chicha au grand bonheur de la première clientèle constituée des jeunes qui n’hésitent pas à « tirer un coup » quand l’occasion se présente. L’évolution technologique n’a pas épargné ce secteur en pleine expansion puisqu’on est parti de la chicha classique faite en aluminium à la chicha électronique qui se présente sous forme de pipe rechargeable par courant électrique capable de sortir la fumée et ses arômes.

Lobbying des entreprises de cigarettes

Le phénomène a tellement pris de l’ampleur qu’il devient aujourd’hui une véritable menace pour la santé des jeunes camerounais qui en sont presque devenus dépendants. La solution, pensent certains experts, c’est de s’inspirer du modèle rwandais. En interdisant la chicha, le Rwanda s’aligne ainsi sur des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (Oms). L’instance a en effet classé la pipe à eau comme dangereuse pour la santé.

« Inhaler la fumée qui en est issue durant une heure, équivaudrait à fumer deux paquets de cigarettes et impliquerait une addiction, ajoute l’Oms ». Même si pour beaucoup de jeunes au pays de Paul Kagamé cette interdiction n’est que la conséquence du lobbying des entreprises de cigarettes, pour protéger leurs ventes. Sur les réseaux sociaux au Cameroun, certains internautes se demandent pourquoi la consommation et la commercialisation de la cigarette – a priori plus dangereuse – ne sont toujours pas interdites. A méditer !

Source: Cameroon Tribune