Considéré par les Massa et Moundeng comme un "arbre magique", le néré soigne plusieurs maladies et nourrit plus de 20 millions de personnes réparties sur 14 pays africains
Plante aux mille et une vertus, telle que qualifiée par plusieurs communautés du continent noir, arbre poussant dans les zones sèches du continent africain, le Néré, ou "Parkia biglobosa" de son nom scientifique, a plus d'un tour dans son sac, affirment des spécialistes, nutritionnistes et guérisseurs traditionnels.
Considéré par de nombreuses communautés africaines, notamment les communautés gabrie et gama au Tchad, les mooré au Sénégal, les Kaba et Mbaï en RCA, les Massa et Moundeng au Cameroun, comme une "plante sacrée", le néré est associé à une "alvéole civilisationnelle".
Cet arbre d'une taille qui ne dépasse généralement pas les 20 mètres, générateur d'un fruit contenant de nombreuses graines noires enrobées de pulpe jaune a en effet des vertus avérées aussi bien pour guérir certaines maladies qu'en termes nutritionnels.
Selon les contrées et les communautés, il se rattache, à une certaine symbolique sociale et culturelle qui lui confère une valeur autrement plus importante.
Plante "magique" telle que qualifiée par plusieurs communautés du continent noir, le Néré soigne, en effet, nombre de maladies et nourrit plus de 20 millions de personnes réparties sur 14 pays africains, affirme une récente étude africaine réalisée dans le cadre du projet After (Aliments traditionnels africains), publié en février 2015 à Ouagadougou au Burkina Faso.
"Le Néré est connu pour ses nombreuses propriétés antinévralgiques, diurétiques, fébrifuges, toniques et antiseptiques. Ses graines riches en matières grasses servent à fabriquer un fromage végétal pour assaisonner les sauces (Soumbara en Côte d'Ivoire, dawdawa au Tchad...)", souligne la biologiste ivoirienne Annick Tahiri, dans une récente étude, citée par le site professionnel ivoirien des sciences (Scidev).
Cette plante contient des protides, lipides, glucides, de l'iode, et plusieurs vitamines. Elle constitue à ce titre une source très importante en termes d'alimentation et de nutrition de qualité, indique Annick Tahiri.
Le nutritionniste tchadien, Jean Pierre Varé, précise que la farine de Néré et ses grains fermentés sont prescrits par les médecins aussi bien dans les cas de malnutrition que d'hypertension. "La farine jaune du Néré est riche en protéine, en calcium et en fer. Elle est très nourrissante. C'est pourquoi, sa bouillie est recommandée par les médecins aux enfants et aux adolescents qui souffrent de malnutrition, les grains de Néré sont, également, efficaces contre la tension artérielle", informe-t-il.
"Cent grammes de farine de Néré sec apportent à l’organisme 432 calories et contiennent 36,5 mg de protides, 28 ,8 g de lipides, 378 mg de fer, de la vitamine BB et nombre d'éléments nutritifs", affirme l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) dans une étude publié en janvier 2016.
A propos de ses vertus contre diverses maladies, la FAO indique que la consommation régulière de ce produit et de ses dérivés serait un bon moyen pour prévenir l’hypertension artérielle, voire, lutter contre elle. La plante préviendrait et réduirait certaines formes d’anémie. Il semble par ailleurs qu’elle donne de très bons résultats dans les traitements de certains cas de décalcification, selon la même source.
Pour certaines communautés camerounaises, le rameau de la plante de Néré est un remède contre les morsures de serpent et les brûlures. « Le rameau de Néré est efficace contre les venins des serpents. On presse les morceaux frais de rameau dans un récipient en argile, pour ne pas perdre la sève et on l'applique sur la morsure, ça permet ainsi de neutraliser le poison et les enflures », indique le médecin traditionnel camerounais, Ousmanou Modou.
Volet artisanal et culturel, le bois du néré est également utilisé dans la construction des habitations et est parfois mis au service de l’énergie. La plante est également appréciée pour son ombrage, c’est une espèce agro-sylvo-pastorale reconnue comme fourragère fertilisant le sol. Sa pulpe et ses graines s'avèrent ainsi des sources de revenus pour certaines populations locales d'Afrique.