• 37,5 % de Camerounais sont incapables de suivre le traitement des hépatites
• Le traitement contre l’hépatite B coûte environ 2 400 000 de FCFA
• Il est plus avantageux de se faire vacciner contre les hépatites A, B et E que de se faire soigner
Selon une récente évaluation, le traitement contre l’hépatite B coûte environ 2 400 000 de FCFA pour une durée indéterminée. Une somme considérable dans un pays où plus du tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, selon des chiffres de l’Institut national de la statistique (INS). « Il est donc évident que 37,5 % de Camerounais sont incapables de suivre le traitement des hépatites. D’où l’intérêt de se faire vacciner », écrivent Mindja et Dang Babagna.
Pour créditer cette thèse, les experts citent en exemple les pays qui ont accepté de se conformer au programme de vaccination systématique des enfants encouragé par l’OMS. « La Belgique, la Bulgarie, l’Espagne, l’Estonie, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie déclarent des taux de couverture chez les enfants de moins de deux ans qui dépassent 95 % ».
Dans un article intitulé « Lutte contre les hépatites : succès pour la santé publique du monde, paradoxe au Cameroun », Pius Michel Mindja, doctorant en sciences de gestion, et Isabelle Dang Babagna, hépato-gastro-entérologue à l’hôpital Général de Yaoundé, suggèrent au gouvernement camerounais de se conformer au programme de vaccination systématique des enfants promu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 1992.
« Il est plus avantageux de se faire vacciner contre les hépatites A, B et E que de se faire soigner. Non seulement le traitement est long et élevé, mais la probabilité de guérison est faible », soutiennent les deux auteurs.
« Le vaccin est extrêmement sûr et efficace. Depuis 1982, plus d’un milliard de doses ont été administrées dans le monde. Dans bien des pays où 8 à 15 % des enfants devenaient des porteurs chroniques, la vaccination a permis de ramener cette proportion à moins de 1 % », confirme l’OMS.
Malheureusement, au Cameroun, les taux de prévalence sont encore élevés. À titre d’exemple, dans la tranche d'âge de 15 et 59 ans, le taux de prévalence pour l’hépatite B est de 8,3 %.
Toutefois, même s’il ne s’est toujours pas conformé à la vaccination systématique des enfants, le Cameroun a initié des actions. C’est le cas du Plan stratégique national (PSN) de lutte contre les hépatites virales 2020-2024 dont l’objectif est d’accroître de façon considérable la réponse aux hépatites.
Le gouvernement subventionne aussi le traitement. Notamment celui contre l’hépatite C pour lequel il n’y a pas encore de vaccin efficace (comme pour l’hépatite D). Le traitement contre l’hépatite C est donc passé de 7,5 millions de FCFA par personne pour 10 à 12 mois de soins en 2012 à 300 000 FCFA pour trois mois de traitement.