Au moment où le Cameroun célèbre la 16ème édition de la journée « tolérance zéro aux mutilations génitales féminines», les derniers résultats de l’enquête sur la prévalence nationale des mutilations sexuelles féminines (Mgf), publiés par l’Institut national de la statistique (Ins), datent de 2004. Les chiffres révèlent en effet que 1.4% de filles et femmes âgées entre 15 et 49 ans sont victimes de cette pratique. Ces statistiques depuis 19 ans n’ont pas connu d’évolution selon les données de Ins qui ont été publiées sur le site Orchid project en 2019.
Toujours sur le même site, on peut lire que les régions dévoilant les prévalences les plus élevées sont issues des zones foyers, parmi lesquelles la région de l’Extrême-Nord où 5.4% de filles sont victimes des Mgf. Aïssa Doumara, fondatrice de l’Association de lutte contre les violences faites aux femmes (Alvf), explique que, ces chiffres sont statiques du fait que, les victimes ne se signalent pas assez par peur d’être stigmatisées. Et cette situation pourrait non seulement ralentir les enquêtes menées par l’Institut national de la statistique, mais aussi fausser les données. Marthe Wandou, militante féministe, explique néanmoins que cette pratique est en régression dans le septentrion malgré l’absence des données actualisées.
Pour l’Organisation mondiale de la santé (Oms), les mutilations génitales féminines sont internationalement considérées comme une violation des droits des jeunes filles et femmes. D’après l’institution mondiale, plus de 200 millions de filles à travers le monde sont victimes de cette pratique et sont généralement âgées entre 9 et 15 ans. Et les conséquences de cette pratique sont associées à un risque accru pour la santé. Les complications immédiates peuvent être violentes, et peuvent causer des saignements excessifs, des infections telles que le tétanos, des problèmes urinaires. Des lésions des tissus génitaux adjacents, des problèmes sexuels, un risque accru de complications lors de l’accouchement pouvant causer le décès non seulement de la mère mais aussi du nouveau-né. D’où la nécessité d’agir afin de venir au secours de ces jeunes filles qui font face à ces violences en silence.
A travers la mise sur pieds d’un plan d’action qui consiste à prévenir et éliminer les mutilations génitales féminines, le Cameroun s’est engagé en 2011 à lutter contre ce phénomène. Et c’est en marge de ce combat que des Organisations non gouvernementales comme Plan international Cameroun voudraient apporter leur pierre à l’édifice. Le 06 février dernier à Yaoundé, membres du Gouvernement, représentants des Organisations des Nations unies, membres de la société civile, jeunes et jeunes filles, se sont réunis aux côtés de l’Ong afin de trouver des stratagèmes qui vont permettre de lutter contre les Mutilations génitales féminines. au Cameroun
Avec pour thème : « mettre fin aux mutilations génitales féminines à travers un partenariat avec les hommes et les garçons pour transformer les normes sociales et de genre», cette année, la journée «tolérance zéro aux Mutilations génitales féminines», a permis à ces acteurs unis pour le même combat de prendre à bras le corps le problème.
Dans son discours, Johnson Bien-Aimé, directeur national de Plan international précise que cette Ong voudrait implémenter le plan d’action camerounais de lutte contre la pratique de Mutilations génitales féminines, qui avait été révisée en 2017. Par la voix de son directeur national, Plan international Cameroon dit être « conscient de l’existence de ces politiques, les vulgarisent, les utilisent pour informer ses priorités, ses programmes tout en s’efforçant de les rendre opérationnelles au niveau national, et communautaire », souligne Johnson BienAimé. Il salue également le courage des hommes et femmes qui s’engagent au quotidien dans cette lutte pour mettre un terme à cette pratique qui figure selon lui parmi les pires formes de violence dont les femmes et les jeunes filles font face en silence et dans l'intimité de leur famille. Ce combat de lutte contre les mutilations génitales féminines est aussi celui de l’Association de lutte contre les violences faites aux femmes. Cette dernière « sensibilise les filles et femmes sur les causes de cette pratique et les conséquences qu’elle pourrait entraîner sur la santé de la reproduction et de la santé maternelle», précise Aïssa Doumara, fondatrice de L’Alvf.