Affaire Mme Kamto: la fausse polémique

Couple Kamto Politique Pour ces détracteurs, une telle nomination n’aurait qu’un seul objectif: affaiblir son époux

Fri, 17 Nov 2017 Source: Longin Cyrille Avomo

La nouvelle dynamique insufflée la semaine dernière aux administrations respectives du Minrex et des ambassades du Cameroun à l’étranger a été une occasion pour Paul Biya de récompenser une fois de plus le mérite. Tout en respectant les grands équilibres.

Après de longues années passées sans nomination au niveau des principaux postes de travail techniques et administratifs dans les services centraux et extérieurs du ministère des Relations extérieures (Minrex), le Président de la République a procédé, en milieu de semaine, à l’un des mouvements les plus vastes jamais opérés dans ce département ministériel. Ainsi, non seulement tous les postes créés dans le nouvel organigramme mis sur pied en 2013 ont été pourvus, mais en plus, presque tous les responsables ont été bougés.

Dans l’administration centrale, les trois inspecteurs généraux, les directeurs et assimilés, les sous-directeurs et les chefs de services ont bougés. Dans cette mouvance, aucun responsable n’a conservé son poste. Ceux qui, jusque-là, n’avaient pas encore servi dans les missions diplomatiques et consulaires y ont été redéployés, remplacés par de jeunes collègues qui étaient en attende de responsabilisation ou surtout, par des diplomates ayant longtemps séjourné à l’étranger.

Dans les ambassades, les hauts commissariats, les missions permanentes et les consulats du Cameroun à l’étranger, c’est plutôt le mouvement inverse qui a été observé. Les fonctions de Ministre conseiller, Premier et Deuxième Conseillers, ou de Premier et Deuxième secrétaires sont à majorité occupées par des diplomates venus de l’administration centrale.

Honneur aux femmes

A travers ces textes, Paul Biya renouvelle considérablement le personnel diplomatique, renforce les équilibres sociologiques et culturels du pays, sans oublier de faire, une fois de plus, honneur aux femmes. Justement, parmi les femmes promues figure une certaine Fantchom Wega Suzanne Julie, épouse Kamto, nommée Inspecteur général des services, avec rang de secrétaire général. Ministre plénipotentiaire, elle a atteint le plafond dans le cadre des diplomates, et ferait donc partie, selon ses collègues, de la crème de la diplomatie camerounaise. Seulement, la presse à gage et certains « opposants » en mal de sensation sont vite montés au créneau pour critiquer la décision du président de la République de la porter à ce niveau de responsabilité. Et pour cause, elle est l’épouse de Maurice Kamto, le célèbre universitaire et opposant à Paul Biya.

Pour ces détracteurs du régime, une telle nomination n’aurait qu’un seul objectif : affaiblir son époux, à quelques mois de la prochaine élection présidentielle. Ce qui, au regard de la carrière antérieure de l’intéressée, apparait comme une injure ou une forme d’amnésie. Ces critiques qui semblent ne reconnaitre à Mme Kamto aucune compétence, en dehors de celle d’épouse de son politicien de mari, oublient qu’elle vient de passer une décennie aux fonctions stratégiques de Directeur des Affaires d’Europe. Pour qui connait vraiment l’intérêt que le Cameroun accorde à cette partie du monde, il s’agit à n’en point douter, de la plus grande direction du Minrex : c’est elle qui suit les relations avec le vieux continent, où se trouve la première puissance économique du monde (l’Union européenne), cinq des huit premières puissances militaires et industrielles de la planète, et trois des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu.

Au Minrex, l’on s’accorde pour dire que Mme Kamto a, en son temps, plutôt bien tenu cette importante et stratégique direction, si l’on s’en tient aux résultats de la coopération entre le Cameroun et l’Europe au cours des dix dernières années. Elle a donc été, de fait, la vraie patronne de la diplomatie camerounaise, sans faire ombrage à son époux ni nuire aux intérêts politiques de ce dernier. Ce n’est pas maintenant que cela risque d’arriver.

Source: Longin Cyrille Avomo