Les députés du Sdf sont revenus à la charge hier à l’occasion de la présentation du programme économique, social et culturel du gouvernement. Quand le chef du gouvernement prend la parole, les députés Sdf se lèvent, entonnent des chants de protestation. Pendant que certains des élus chantaient d’autres faisaient du bruit avec des sifflets. Le Premier ministre a continué son discours malgré ce chahut. Le président de l’Assemblée nationale n’a pas interrompu la séance, qui s’est poursuivie.
Le jeudi 23 novembre 2017, les députés sont réunis à l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Luc Koa, député Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), rapporteur de la commission des finances et du budget, vient de présenter intégralement le projet de loi de règlement qu’est venu défendre le ministre des Finances. Joseph Banadzem, président du groupe parlementaire du Social democratic front (SDF) demande la parole. Le président de la chambre Cavaye Yeguié Djibril la lui accorde. Il monte sur le pupitre et fait un réquisitoire sur le mutisme qu’il observe jusqu’à présent sur la crise anglophone. Pendant une dizaine de minutes, le président du groupe parlementaire Sdf pose un diagnostic du problème anglophone.
Cette prise de parole exaspère les députés RDPC. Il s’en suit un brouhaha au sein de l’hémicycle. Le président de la chambre suspend la séance plénière. Mais les députés Sdf ne désarment pas. Ils se lèvent tous et investissent le pupitre et entonnent des chants hostiles au régime de Paul Biya. Les autres députés RDPC, UNDP, MRC, UDC et UPC et quelques membres du gouvernement quittent l’hémicycle.
Jean Michel Nintcheu, député Sdf pour le Wouri qui se veut plus explicite annonce le blocus des travaux à l’Assemblée nationale : « Début de l’opération blocus à l’hémicycle : zéro délibération, zéro plénière. Nous exigeons avant toute chose l’ouverture d’un dialogue inclusif sur la crise anglophone », a laissé entendre le président régional du Sdf pour le Littoral. Joshua Osih, pour sa part, fustige le régime et l’accuse d’entretenir une logique insurrectionnelle pour, selon lui, en profiter pour reporter les échéances électorales prévues en 2018.
Si leurs raisons peuvent être compréhensibles, leur démarche est porteuse d’embarras. Même s’ils ne le disent pas, les députés Sdf dans le Nord-ouest et le Sud-ouest subissent des menaces de la part des sécessionnistes qui veulent les obliger à cesser toute collaboration avec les institutions de Yaoundé.
Pour eux, trouver une solution pour mettre fin à la crise anglophone est un impératif de survie pour leurs familles et leurs biens menacés, ainsi que leur survie politique en tant que députés de la nation. Sauf que, dans leur démarche, ils n’ont déposé, ni mémorandum, ni proposition de loi, ni proposition franche sur la forme, les acteurs et le cadre du dialogue que le gouvernement a toujours recherché depuis l’éclatement de cette crise.