Code pénal : Le point de vue du leader du MDR

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Tue, 21 Jun 2016 Source: cameroon-info.net

Quels sont les points qui ont attiré votre attention dans ce projet de loi révisant le Code pénal ?

Dakolé Daïssala: Je ne voudrais pas rentrer dans les détails de cette bible camerounaise, mais il y a des points qui m’intéressent particulièrement. Par exemple, l’introduction de la sanction de l’adultère qui s’appliquerait aux deux sexes. Je trouve que c’est une bonne nouvelle pour les dames. Mais ce qui attire véritablement mon attention, c’est ce problème de mendicité qui est capital parce que je suis malheureusement ressortissant d’une région où la mendicité est devenue la règle. Malheureusement. Vous avez ce qu’ils appellent les griots, vous avez les marabouts et autant de formes de parasitisme social. Au lieu d’avoir des gaillards qui vont au champ ou de faire autre chose pour essayer de gagner honnêtement leur vie comme tout le monde, ils veulent plutôt la gagner à la sueur du front des autres.

Alors, si on peut appliquer cette disposition du Code pénal, ça arrangement tout le monde parce que c’est vraiment désagréable d’être accosté par des gens qui racontent leur vie, et qu’on doit monnayer. Vous voyez par exemple, un peu partout, des gens qui quittent leur Nigeria natal et qui envahissent nos villes. Que chaque société prenne en charge ses handicapés. Le Cameroun ne doit pas être un dépotoir de tout le monde. Les griots, les mendiants des rues, c’est une mendicité inadmissible. On doit appliquer la loi. Malheureusement au Cameroun, il y a des passe-droits. Tous ces mendiants se recrutent dans la Communauté musulmane.

Les écoles coraniques ne sont-elles pas en partie à l’origine de cette révision en l’article 6 qui prévoit une sanction pénale contre le ou les parents qui refusent de payer la pension à leurs enfants quand on sait que dans la partie septentrionale, beaucoup de parents optent pour ces écoles au lieu de celles traditionnelles ?

Dakolé Daïssala: C’est la loi de la République. On ne va pas faire des lois pour chaque petite communauté. Dans tout le Nord, les musulmans représentent moins de 20%. Alors pour cette minorité, on ne va pas faire une loi à part. S’ils sont Camerounais, ils sont assujettis à une loi camerounaise. Les enfants doivent aller à l’école de la République. J’ai grandi un peu dans les milieux musulmans et on faisait l’école coranique le soir. Les enfants se retrouvaient autour de leurs marabouts le soir.

Ce qui laissait largement aux enfants la possibilité d’aller à l’école de la République. Aujourd’hui, si avec toutes les déviances, Boko Haram et autres, si on prend en compte l’ignorance qui caractérise cette communauté-là, on ne peut pas avancer. Il faut s’en tenir à la loi qui s’applique à tout le monde. Ça ne pénalise personne ; ils n’ont qu’à s’organiser en conséquence.

Finalement, un tel code ne sera-t-il pas contraignant pour les Camerounais ?

Dakolé Daïssala: Eh bien, c’est tant mieux. Avec une société comme la nôtre qui est complètement dévoyée, il fallait bien en arriver à cette rigueur-là. Mais une fois encore, qu’on ne nous gratifie pas de cette volumineuse bible juridique si ce n’est pas pour appliquer les dispositions et le faire de façon juste et républicaine. Presque tout chez nous est déformé. Même si c’est bon au niveau de la conception, en aval pour l’application, tout est déformé et on ne s’y reconnait plus. Mon souhait, c’est donc que cette loi soit appliquée de façon rigoureuse et républicaine. Pas pour servir des règlements de comptes comme cela arrive trop souvent dans ce pays qui est le nôtre.

Source: cameroon-info.net