Crise au Rdpc : bombe à sous-munition chez Jean Nkuété

Jean Nkuété, le SG du RDPC

Wed, 20 Oct 2021 Source: La Nouvelle Expression

La guerre du renouvellement des organes de base se poursuit dans le fief du secrétaire général du parti au pouvoir.

Le délai officiel pour les opérations de renouvellement des organes du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) est révolu depuis le 30 septembre dernier, mais la partie se poursuit. Et parmi les poches de résistance, le département de la Menoua. Chez le Secrétaire général du Comité central du Rdpc, on n’avait jusqu’ici pas entendu de bruits, pourtant en l’absence apparente de cendre, du feu couve sous la poussière.

Au front, François Ndi, l’ancien député-maire de Santchou. L’homme ne parvient pas à digérer sa défaite à la présidence de la section Rdpc Menoua-Sud. La requête déposée auprès de la commission départementale de contrôle pour le renouvellement des organes de base du parti, en vue de la disqualification des listes concurrentes à celles des siens, n’ayant visiblement pas retenu l’attention des instances chargées de les traiter.

L’honorable François Ndi dénonce de nombreux vices dans les dossiers de ses concurrents, notamment ceux de Béatrice Ndonkou et Sylvère Elat qui selon lui «violent des dispositions communes et spécifiques de la note du secrétaire général» du 2 juillet 2021 encadrant ledit processus. «Mme Ndonkou ne remplit pas la condition spécifique d’avoir déjà été membre du bureau de la section Menoua-Sud, ni présidente ou vice-présidente de la section Ofrdpc de Menoua-Sud, de l’Ojrdpc, ou même présidente de sous-section», écrit-il.

Aussi, «monsieur Manga-Nzouk Joseph, délégué aux organisations spécialisées dans sa liste est en même temps membre de bureau de la sous-section ne Nteingue, ce qui est illégal», relève-t-il. Quant à Sylvère Elat, le requérant dénonce dans son dossier le non-respect de la condition de résider à Santchou, d’avoir été membre de bureau de la section Rdpc de Menoua-Sud. Et bien d’autres défauts sur les dossiers des candidats qu’il voit dans le camp adverse.

Une plainte en perspective

Du coup, le candidat malheureux demande l’annulation pure et simple de l’élection à la section Menoua-Sud. Faisant valoir que «malgré le fait qu’ils avaient dés dossiers qui ne remplissaient pas les conditions, j’avais proposé une liste consensuelle, ils ont refusé, mais les chargés de mission ont laissé prospérer le faux».

Et puis «la section Menoua-Sud a procédé aux élections sans tenir compte de l’Ofrdpc. L’Ofrdpc n’est pas allée au vote…au moins un tiers des militants ont été privés de leur devoir de vote, impactant à suffisance l’élection de la liste du bureau Rdpc», souligne-t-il. Plus grave, «non seulement des gens sans cartes du parti ont voté, mais plus grave, on n’exigeait même pas la carte nationale d’identité aux électeurs», poursuit-il.

L’homme sera-t-il écouté? Rien n’est sûr, doute-t-il. «Ce qui fâche le plus, c’est que des recours ont été déposés, et les délais sont révolus, sans aucun retours», s’indigne l’ancien député. «S’ils avaient pu traiter et rendre n’importe quelle décision, on aurait compris», souligne celui qui tient à réparer le tort à sa manière: la justice. «Je vais saisir les tribunaux, puisqu’ils n’ont pas l’intention de m’écouter», promet-il.

Estimant que le fief sociologique du patron réel du parti de Paul Biya ne peut pas constituer le terreau de l’indiscipline et de l’usage du faux, entretenus selon lui par Joseph Tédou et Gutenberg Kouédem, respectivement président de la commission départementale et chargé de mission. En tout cas,, si le secrétaire général du Comité central du parti de Paul Biya laisse les flammes prospérer chez lui, François Ndi, ne compte pas se laisser y périr, et tient à se faire rétablir dans ses «droits».

Le Sdf en embuscade, le Mrc force une place

Outre la fronde de l’intérieur, le parti au pouvoir n’a pas une garantie certaine de résister après Jean Nkuété. «C’est sa personnalité qui ramène encore beaucoup au Rdpc, sinon, tous seraient au Sdf, ou désormais au Mrc qui vient en, force. Il est quand même le patron du parti au pouvoir», analysait déjà un connaisseur de la région, lors de la présidentielle de 2018. D’autant plus que Me Tsapi Lavoisier, conseiller juridique du Sdf, est un homme politique assez populaire dans la région de l’Ouest et singulièrement dans le département de la Menoua.

Et au sein du parti au pouvoir, les batailles actuelles dans le cadre du renouvellement des organes de base se justifient par le souci de se donner une chance d’exister après le champion, que l’on sait être à la fin de son séjour à Etoudi. Au cas où le parti des flammes conserve les rênes du pouvoir.

Source: La Nouvelle Expression