Enquête: ces trois ministres du Sud qui énervent Paul Biya

Paul Biya Paulbiya Présidentcamerounais Ils croyaient renforcer leur position en accueillant sans invitation le chef de l’Etat

Sun, 29 Oct 2017 Source: camer.be

Edgar Alain Mebe Ngo’o, Jacques Fame Ndongo et Jules Doret Ndongo, tous originaires de la région du Sud, se sont inopportunément retrouvés devant les grilles du palais de l’unité, le 21 octobre 2017, pour chanter les louanges de Paul Biya. Une attitude qui aurait non seulement provoqué la colère du chef de l’Etat, mais aussi, suscité des grands remous au sein des communautés anglophones qui ont vu par cet acte la promotion de l’ethnie et la tribu au sein du palais.

Les manœuvres politiciennes gagnent de plus en plus du terrain car elles constituent le champ privilégié de certains pontes du régime dont le soutien au chef de l’Etat se résume essentiellement à la défense des intérêts égoïstes. En gratifiant l’opinion d’un triste spectacle, le 21 octobre dernier lors du retour du chef de l’Etat de son séjour en Europe, Edgar Alain Mebe Ngo’o, ministre des Transports que certains observateurs voulaient voir à Eséka pour la célébration du 1er anniversaire de la catastrophe ferroviaire, Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur, présenté à tort ou à raison comme le fervent défenseur de la cause Bulu et Jules Doret Ndongo, ministre délégué auprès du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation en charge des Collectivités territoriales décentralisées, manifestement suiviste, se sont installés avec une poignée de militants RDPC venant de Zoétélé à l’entrée du palais de l’unité pour ovationner le couple présidentiel.

Dans un environnement de psychose généralisée qui caractérise l’état d’esprit de plusieurs dignitaires du régime, Edgar Alain Mebe Ngo’o et ses deux compagnons ont fait preuve d’agitation sans précédent. Pour certains Camerounais, ces membres du gouvernement, habillés en tenue du parti au pouvoir qui criaient comme des escogriffes à l’entrée du palais de l’unité, avaient peut-être chacun quelque chose à se reprocher.

Paul Biya est-il le Président des Bulu ?

Pour quelle raison Alain Mebe Ngo’o qui a refusé de se rendre à Eséka où sa présence était plus nécessaire a-t-il fait venir de Zoétélé, sa ville natale, une poignée de militants du RDPC? L’ancien Mindef a mobilisé ses camarades du parti acquis à cause et non au RDPC et à son président national, Paul Biya. Il faudrait d’ailleurs noter qu’il n’aurait pas reçu le quitus du chef de la délégation départementale du RDPC en la personne de Jean Jacques Ndoundoumou pour ce déploiement. Pourquoi ces trois élites de la région du Sud ne se sont pas fait accompagner dans leur malencontreuse escapade par leurs collègues du gouvernement, originaires des autres régions du pays ?

Ils auraient dû faire ainsi pour démontrer que leur démarche n’était pas une promotion de l’identité Bulu au pouvoir. Mais, il y a quelques années, Paul Biya a dit que la gesticulation n’est pas un signe de vitalité. L’homme lion n’aime pas cette exhibition à outrance de la fibre ethnique ou tribale dans les milieux sensibles comme le pouvoir.

Les trois ministres qui croyaient renforcer leur position en accueillant sans invitation le chef de l’Etat à l’entrée du palais de l’unité, auraient plutôt provoqué une vive colère de Paul Biya. Le président de la République, nous apprend-on, se serait étonné de leur présence en ces lieux. En se comportant comme les élèves d’un établissement primaire qui attendent la visite d’un sous-préfet, Edgar Alain Mebe Ngo’o, Jacques Fame Ndongo et Jules Doret Ndongo ont peut-être inconsciemment ou par excès de zèle, grillé leur carte politique dans leur opération de séduction qui avait pour seul but d’œuvrer pour leur maintien au gouvernement.

Les milieux séditieux anglophones et leurs différents soutiens dans la partie francophone, tapis dans les arcanes du pouvoir, sont montés au créneau pour dénoncer le caractère « obscène » du geste des trois ministres de la République. Ces milieux pensent que ces trois personnalités transmettaient un message codé pour montrer que le pouvoir appartient aux Bulu. Alors, ils pouvaient librement se rendre au palais sans aucune invitation ou instruction d’une tierce personnalité à la présidence.

Le jeu trouble de Charles Ndongo

Les trois mousquetaires, comme par enchantement, auraient été confortés par les loyaux services du directeur général de la Crtv qui a improvisé une interview au ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo. Une initiative empreinte de relents tribaux qui alimentent encore des commentaires dans tous les milieux du pouvoir. Plusieurs observateurs, sidérés par l’agitation des trois ministres, se sont interrogés sur l’intérêt du Dg de la Crtv à se mêler d’une telle vulgarité politique des hommes, identifiés comme ceux qui scient subrepticement le fauteuil de Paul Biya.

Pourtant Charles Ndongo est perçu comme le chouchou du chef de l’Etat dont le professionnalisme n’est plus à démonter. Dans tous les cas, les dés sont jetés et seule la réaction de Paul Biya pourrait peut-être rassurer les Camerounais qu’il ne cède pas aux manœuvres politiciennes des caciques du RDPC.

Source: camer.be