Pendant que l’opinion attend d’être édifiée sur une coalition entre candidats, ces derniers racolent dans le paysage politique au sein des partis en proie à des dissensions internes.
Ces dernières semaines, les candidats de l’opposition à l’élection présidentielle s’illustrent par des alliances avec des personnes ou groupes de personnes, supposées représenter des partis politiques. Cela se passe au moment où l’opinion attend qu’ils fassent une coalition entre candidats. A un mois de l’élection, aucune annonce n’a encore été faite dans ce sens. En attendant, certains candidats ont décidé d’aller d’abord chercher ailleurs, ayant peut être compris dans la stratégie de préparation, il fallait grossir leurs bases politiques, cela pourra toujours être bénéfique au cours d’une négociation. Le premier qui jusqu’ici mène la barque dans la quête des alliés extérieurs à la course à la présidence, c’est le candidat Akere Tabeng Muna du mouvement Now.
Akere Muna et ses alliances à problème
Le 25 août 2018, il a officialisé son alliance avec la faction Upc de Issa Habiba. Cette dernière a soutenu son adhésion par l’argument selon lequel la partie majoritaire du pays habitée par les francophones, a confisqué le pouvoir depuis 60 ans, qu’ils prônent le vivre-ensemble mais montrent le contraire sur le terrain. Le vivre-ensemble veut dire qu’il est aussi temps de passer le pouvoir à nos frères anglophones, se justifiait-elle.
Une semaine plus tard, le 1er septembre, Akere Muna a également bénéficié d’un soutien de plus, celui de Dieudonné Yebga du Manidem, ou de l’autre Manidem pour être précis. Dieudonné Yebga, qui signait comme président national se disait séduit par la proposition d’une période de transition que fera l’ancien Bâtonnier s’il est élu. «C’est quelqu’un qui, dans son programme, propose une transition dès qu’il est élu. La première des choses sera de revoir la Constitution, le Code électoral, réorganiser de vrais élections, », soutenait le président national du Manidem.
Des alliés en mal d’unité
Mais dans sa quête des alliances autres qu’avec les candidats, Akéré Tabeng Muna semble poursuivi par des partis aux bras cassés, ou en phase de dislocation. L’on se souvient que l’Upc qui lui apporte son soutien a déjà fait l’objet d’une polémique au sujet de celui qualifié pour parler en son nom. A ce sujet, le ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji a écrit il y a plus d’un mois aux gouverneurs et préfets pour leur demander de veiller à ce que le seul à parler au nom de l’Union des populations du Cameroun soit Robert Bapooh Lipoh, qui soutient la candidature du président sortant.
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Les militants de l’Upc restent alors divisés sur la question, et dans le camp de Bapooh Lipoth l’on dit bien que Habiba parle en son nom propre et pas au nom du parti. La division ne s’arrête pas là. Le 2 septembre 2018, la coordination régionale Ouest du même parti à Bafoussam, a signé un communiqué pour apporter son soutien au Mrc de Maurice Kamto. Les signataires, dont Michel Eclador Pekoua en tant que Secrétaire national à la préparation de l’avenir du parti, motivent leur position par l’absence d’un candidat du parti à cette élection et l’absence d’une directive harmonisée émanant du comité directeur de l’Upc.
Le virus de la division mine également le Manidem qui a apporté aussi son soutien au Fils Muna. A peine le communiqué officialisant l’alliance signé le 1er septembre, une déclaration a été rendue publique le lendemain, signée au nom du bureau politique du comité de Direction par Anicet Ekane, sans précision sur le titre. La déclaration est intitulé « escroquerie politique d’Akere Muna vouée à l’échec.»
On y lit «usant de faux, Akere Muna se sert d’un ex-militant du Manidem, égaré et exclu du parti depuis le dernier congrès, pour tenter de s’attirer les faveurs de l’électorat populaire et patriotique.» Ekane Anicet va plus loin dans le document pour rappeler que depuis le mois de Juillet le Manidem a rendu public un programme minimum de gouvernement autour duquel devait se nouer une coalition gagnante de l’opposition, et a écrit à tous les candidats à cet effet, mais le bâtonnier au lieu de s’y intéresser préfère un ex militant du parti.
La coalition sérieusement compromise
On en est là, avec une opposition incapable de s’entendre, même pour s’opposer. Nous avons là l’Upc qui soutient pour la même élection le candidat du Rdpc, le candidat du Mrc et le candidat du Mouvement Now. Nous avons le Manidem qui soutient le candidat du mouvement Now et un virtuel candidat du consensus en même temps, nous avons là l’opposition camerounaise en somme. Inconstante et peu convaincue des objectifs qui sont les siens. Nous avons surtout là les candidats à l’élection présidentielle qui tardent à construire une union autour d’un seul candidat, chacun étant jusqu’ici convaincu qu’il peut cavaler seul, où avec ceux qui viendront se joindre à lui mais pas l’inverse.
Si ces candidats en sont désormais à fouiller dans les paniers, où l’on trouve les crabes de l’Upc ou les clés du Manidem, c’est un indicateur que les signaux ne sont pas bons entre eux les candidats, à moins que comme indiqué précédemment cela ne participe au renforcement de la base électorale à mettre sur la table au moment de la négociation. Rendu à ce stade, il est désormais clair qu’une coalition entre candidat ne pourra plus se faire sans d’importantes conséquences financières.
La loi électorale précise que la caution peut être remboursée à un candidat, à condition qu’il se désiste avant le début de l’impression des bulletins de votes. Or les rotatives de l’imprimerie nationale tournent depuis au moins une semaine. Donc si un candidat veut se rallier maintenant à un autre il faudra qu’il consente à perdre les 30 millions. Qui est prêt à le faire maintenant ?