Le secrétaire général adjoint du comité central du Rdpc fait le bilan de 35 ans du chef de l'État au pouvoir et n'élude pas la question de l'alternance.
Où étiez-vous le 06 novembre 1982?
J’étais à Yaoundé, une ville du Cameroun dans laquelle vous le savez, on ne pouvait malheureusement pas s’exprimer. Je venais de quitter une entreprise parapublique, choisissant ainsi de faire chemin dans le privé tout simplement parce que j’avais été incarcéré quelques mois plutôt pour avoir lu dans mon bureau un magazine de la CGT (organisation syndicale de gauche en France).
Quelques années plus tôt, un de mes frères ainés avait été incarcéré pendant plus d’un an pour avoir été surpris en entrain de lire « Main basse sur le Cameroun : autopsie d’une décolonisation» de Mongo Beti. Quelques années auparavant c’est la psychologie et la philosophie qui avaient été suspendues d’enseignement à l’Université de Yaoundé.
Voilà un pan de voile du contexte dans lequel nous vivions dans notre pays et il est bon par conséquent que ceux qui parlent du Cameroun aujourd’hui se souviennent d’où nous sommes parti, pour ceux qui étaient là, et que les jeunes générations l’apprennent pour mieux apprécier le chemin parcouru. On aurait pu mieux faire, prétendent certains, mais ils font fi des défis,des accidents et obstacles imprévus, des enjeux qui ont été nombreux, difficiles, parfois cruels et complexes.
Evidemment de façon tout à fait anecdotique, le soir du 04 novembre face au changement à la tête du pays, certains se posaient la question de savoir s’il fallait manifester la joie ou l’inquiétude. En effet, à l’annonce de la démission du Président Ahidjo, c’était l’émoi et ayant eu le courage de sortir ce soir-là dans les rues de la ville de Yaoundé, on aurait pu, s’il fallait donner un titre au scénario vécu, on l’aurait intitulé « peur dans la ville » tant les rues étaient désertes !
Il faut toutefois reconnaitre que le 06 novembre à la prestation de serment, des assurances ont été données et des espoirs sont nés avec le discours du Président Paul BIYA à l’Assemblée nationale. J’ai cependant observé deux ans avant de m’engager politiquement.
35 ans après que dites-vous du Cameroun?
35 ans après le Cameroun poursuit, comme toutes les grandes nations ou du moins celles qui aspirent à l’être, sa longue et victorieuse marche vers le développement dans la paix, pour le progrès socio-économique.Le pays avance doucement pour certains mais résolument et sûrement sous la conduite d’un Président visionnaire et libéral, prudent et tolérant, ambitieux et réaliste.
Paul Biya répondant à un journaliste a déclaré un jour, qu'il souhaiterait quel'histoire garde de lui l'image de l'homme qui a amené démocratie et prospérité au Cameroun. Pensez-vous qu'il est sur la bonne voie?
Je constate qu’il est sur la bonne voie et ma conviction est qu’il réalisera ce grand vœu. Pour preuve, les avancées en matière de libertés individuelles, d’expression sociale et de pluralisme politique sont expérimentées par tous, parfois même dans des excès d’opinion qui heurtent davantage les opposants au Renouveau, tant le Président Paul Biya prône plus de tolérance, de pédagogie et d’encadrement.
Car si la démocratie est par principe un idéal, dans la pratique c’est un apprentissage continu pour des jeunes nations comme la nôtre. Il a également tracé les voies de la prospérité sur lesquelles il poursuit notamment la construction d’infrastructures de transport, la réalisation d’œuvres éducatives, sociales, énergétiques, sportives, sanitaires et la consolidation du vivre ensemble national.
Conformément à sa vision, il a renforcé le dispositif institutionnel pour le libéralisme économique, mis en place le cadre législatif et réglementaire pour favoriser un bon climat des affaires, encourager l’entreprenariat. En un mot comme en plusieurs, la volonté politique est là, des réalisations structurelles existent, d’autres chantiers naissent, se créent et les réalisations se poursuivent. Il appartient aux camerounais, malgré la conjoncture et des contraintes exogènes pas toujours favorables au plan international, de continuer à travailler pour participer à la construction de leur pays sous la direction du Président Paul BIYA.
La réussite de cette immense œuvre n’est possible qu’avec la participation des fils et filles de ce pays.
Ce 35ème anniversaire se déroule dans une ambiance particulière... Ne pensez-vous pas que pour éteindre le feu, Paul Biya devrait par exemple se rendre à Bamenda/Buéa?
Je regrette cette ambiance particulière que vous évoquez et où nous avons connu la perte de plusieurs camerounais qui auraient pu apporter beaucoup au développement de notre pays. Nous partageons la douleur des familles et profitons de votre tribune pour leur présenter nos condoléances. A son initiative personnelle et au gré des événements certes plus heureux, le Président Paul BIYA a déjà été dans ces régions et il y’a fort à parier qu’il y repartira mais il reste maitre de son agenda.
Par ailleurs en tant que premier citoyen, il lui appartient de choisir quand est-ce qu’il veut jouir de son droit d’aller et venir sur toute l’étendue du territoire national. Cependant vous me donnez là l’opportunité de rappeler aux Camerounais qui l’ont élu pour diriger ce pays que pour y parvenir, l’organisation de notre Etat prévoit qu’il y’ait des institutions qui fonctionnent, des personnalités choisies par lui pour le représenter, porter son message, montrer ses actions, rendre concrète sa vision pacifique et surtout acter les valeurs de dialogue, de tolérance et de préservation de l’unité et de l’intégrité nationale.
Je pense ici au Gouvernement dont le chef a fait le déplacement pour aller à la rencontre des camerounais qui ont des préoccupations, à ces occasions il leur a transmis le message du Président de la République et ma conviction est que malgré quelques positions encore tranchées, les populations ont été sensibles et le message du Président Paul Biya est entendu et bien compris.
En outre souvenez-vous, dans nos traditions africaines, on peut penser tout ce qu’on veut du messager mais il convient toujours d’écouter et d’examiner le message et c’est aussi cela le dialogue dans nos cultures. En effet, le dialogue reprend progressivement droit de cité dans ces régions et des solutions aux problèmes posés continuent d’être apportées par le Président de la République. Même si nous ne faisons pas partie du problème, même si nous n’en sommes pas à l’origine, nous sommes tous acteurs des solutions à trouver et à appliquer ; chacun devant apporter sa contribution où qu’il se trouve car le Cameroun est notre bien commun.
35 ans aujourd'hui, et l'an prochain, une nouvelle candidature... N'est-il pas temps que le régime se renouvelle?
J’aurai souhaité savoir sur quels aspects vous questionnez le renouvellement du régime. Le projet politique du Renouveau est fondé sur les piliers constants : Rigueur-moralisation-démocratisation et justice sociale. Compte tenu des défis qui interpellent encore notre pays face aux mutations de la société mondiale en proie à toutes sortes de dérives, le Renouveau reste donc d’actualité et vous pouvez constater qu’au fil des mandats sollicités le Président Paul BIYA a de manière dynamique invité les Camerounais à vivre de grandes ambitions, à apporter leur pierre à la construction de grandes réalisations pour notre pays, sans s’écarter des valeurs qui ont forgé l’esprit camerounais, l’esprit du Renouveau.
Je pourrai vous en dire plus en indiquant par exemple que le régime se renouvelle par ses hommes et ses femmes, avec l’arrivée aussi bien dans le Parti que dans l’Administration de jeunes formés et compétents qui dans un alliage parfait avec leurs aînés, bâtissent résolument notre pays, lui apporte des améliorations de l’intérieur, corrigent progressivement des dysfonctionnements inhérents à tout régime, pour reprendre votre expression.
Ceci n’est peut-être pas encore assez visible par vous qui ne voyez de renouvellement qu’à travers le changement d’un homme mais tenez compte des dynamiques existantes et entretenues sur le socle du Renouveau dans l’esprit de la solidarité intergénérationnelle prescrite par le chef de l’Etat Paul Biya.
Vous arrive-t-il de penser au jour d'après?
Oui le jour d’après existe mais pour l’instant le jour présent c’est avec le Président Paul Biya qui est encore celui choisi par la grande majorité des camerounais et le candidat du RDPC pour la prochaine consultation présidentielle conformément à nos textes.
Quand nous pensons au jour d’après, nous voyons un jour où même les plus sceptiques reconnaitront l’œuvre accomplie par le président national du RDPC et saluerons le leader charismatique et visionnaire qu’est le chef de l’Etat Paul Biya.
Mais permettez-moi surtout de vous rappeler que la politique est avant tout un engagement personnel, la décision de diriger un pays est aussi une volonté et un engagement personnels à prendre en son âme et conscience.
Nos textes sont clairs, Paul Biya Président national du RDPC est notre candidat pour la prochaine élection. Lorsque vous nous interrogez sur le jour d’après, ne vous est-il jamais venu à l’esprit la question de savoir si Paul Biya décidait de ne pas se présenter ?
En tant qu’observateur et analyste de l’actualité politique de notre pays, vous conclurez avec moi que les récents évènements de ces deux dernières années nous fondent à penser que le moment venu il va se présenter parce qu’il aurait pu laisser entendre le contraire lorsque certains dans notre camp réclamaient une élection anticipée, ce qui soit dit en passant, aurait pu alors être interprété comme une démission pour les uns ou un coup d’Etat constitutionnel pour les autres (car élection anticipée entrainait automatiquement et conformément à la Constitution, la non représentation du Président Paul Biya...).
Donc pour le moment, il n’y a que des indicateurs en faveur de sa candidature et l’on peut voir que cet engagement personnel du Président Paul Biya à poursuivre une mission à la magistrature suprême ne vise qu’à laisser à la postérité, aux générations actuelles et futures, un pays à la souveraineté inattaquable, à l’intégrité territoriale imperméable et à l’indépendance et à l’autonomie économique solide pour que le jour d’après, pour que les jours d’après auxquels nous pensons voyez-vous, soient des jours heureux pour tous les Camerounais.
Et lorsque le jour d'après arrivera, et tous les hommes et femmes que nous sommes y pensent, il faudra tout simplement faire fonctionner les mécanismes de passation de témoin conformément à nos textes de base et aller solliciter les suffrages des électeurs aux élections, en espérant que personne n'osera vouloir venir s'imposer par des moyens autres que démocratiques et légaux.