Ni John Fru Ndi lutte pour sa survie politique. C’est le moins qu’on puisse dire en tout cas. Et pour cause, plus 2018 approche, plus l’avenir politique se complique pour lui, président du Social Democratic Front, SDF, depuis 25 ans. Parti politique avec lequel il n’a connu aucun succès politique depuis sa création.
C’est donc pour se donner un nouvel élan avant les échéances électorales de 2018 qu’une manœuvre est désormais engagée au sein du SDF pour remplacer Ni John Fru Ndi comme président du SDF au prochain NEC qui doit se tenir, en principe, l’année prochaine. Soit deux ans seulement avant les prochaines séries d’élections cruciales pour ce principal parti qui a fêté ses 25 ans en avril dernier.
En effet, à moins de trois ans de la prochaine présidentielle, Ni John Fru Ndi n’a jamais été aussi impopulaire au sein de la population et de son propre parti, le SDF, dont il préside les destinées depuis 25 ans. D’où sans nul doute ses multiples sorties médiatiques de ces dernières semaines et à venir avec des coups d’éclats et des déclarations qui ne séduisent plus personne.
Tout au contraire, ces tentatives de coups d’éclats semblent plutôt ridiculiser le parti sur le timing choisi et qui place le SDF sur la défensive. Pourquoi maintenant. On va le voir très actif dans les jours et semaines à venir.
L’impopularité grandissante et irréversible qu’on observe chez le chef de l’opposition est le résultat direct de l’incapacité du leader du parti socialiste et du slogan qui jadis faisait foule « Suffer don Finish » à se tenir debout du côté du peuple et à réagir promptement à l’actualité nationale mais également son impossibilité à imposer ou à s’intégrer dans l’agenda politique national lors de grands évènements qui se déroulent dans notre pays.
On peut noter surtout son absence et son silence très surprenant lors de la visite du président Socialiste Français François Hollande au Cameroun. Si le chef du SDF, parti socialiste et membre de l’Internationale Socialiste, ne parvient pas à s’insérer dans l’agenda de la visite d’un président socialiste au Cameroun, alors on peut croire que Fru Ndi est hors-jeu ou ne compte plus quand il s’agit d’établir et de suivre les lignes politiques de l’avenir de notre pays.
Fru Ndi désormais effacé de l’agenda politique du Cameroun
Et cet effacement du leader du SDF, assez visible depuis quelques années, n’échappe pas aux yeux des analystes politiques qui ont vu chez John Fru Ndi, des signes d’essoufflement politique mais surtout de manque de stratégies et d’agendas politiques établis.
Comme à la boxe, il se retrouve plus que souvent dans les câbles puisqu’il est toujours en mode réaction. Les membres du parti notent également de nombreux retards, pour le moins qu’on puisse dire, très agaçants qu’il avait mis avant de convoquer le NEC à Bamenda pour donner la position du parti face aux attaques et attentats meurtriers causés par la secte diabolique Boko Harem.
Cette guerre est d’intérêt national « Et le chef de l’opposition doit montrer qu’il est du côté du peuple et c’est ce qu’on ne voit pas chez Fru Ndi qui ne semble pas comprendre la réalité de notre pays», n’hésite pas à dire un membre influant du SDF. Certains cadres du parti ne cachent plus leurs frustrations que leur chef fasse des déclarations toujours depuis Bamenda loin de la capitale politique Yaoundé, lieu où la vraie vie politique se vit, là où il est facile de faire passer son message grâce à la concentration des médias et du caractère politique de la capitale Camerounaise.
25 ans déjà, et après?
On se souvient qu’en avril dernier, le Social Democratic Front fêtait ses 25 ans. Principal parti d’opposition depuis plus de 22 ans, le SDF n’a connu aucune alternance et est dirigé de main de maître par John Fru Ndi, qui a mené son parti à un enchaînement de défaite sur défaite à la présidentielle, aux législatives, aux communales et aux sénatoriales face au pouvoir rouleau compresseur RDPC du président Paul Biya. Face à ce bilan très négatif un quart de siècle après sa création, le SDF souhaite se doter des conditions gagnantes avant les prochaines échéances électorales.
Le SDF recherche un homme ou une femme plutôt jeune, charismatique et au diapason de l’actualité et surtout capable de faire renaître le SDF des années 90 avec une adaptation aux réalités de nos jours. On peut citer à titre d’exemple l’utilisation des réseaux sociaux, la définition et la proposition d’un alignement politique bien connu du peuple et qui répondent aux réalités d’aujourd’hui. Une personne qui peut redonner espoir au SDF et aux milliers de Camerounais qui souhaitent un changement. Bref, réaligner les SDF vers la gauche de l’échiquier politique.
Dans une entrevue à RFI en 2007, l’Honorable député et premier vice-président Joshua Osih a raison de reconnaître que le SDF s’est battu pour l’introduction de la biométrie et d’un code électoral. Cependant, force est de constater que le SDF a continué à connaître ses pires résultats d’élection en élection, surtout aux législatives où le parti, en mode décroissance chronique à chaque élection, pourrait faire élire moins de 10 députés à la prochaine législative.
À cause d’une popularité en chute libre, Fru Ndi est incapable pour le moment de faire bouger le président Paul Biya sur la composition de la Commission électorale Elecam, inféodée de la tête aux pieds par le RDPC. D’où sans doute la nécessité de redynamiser le SDF avec un nouveau chef qui se fera écouter par Paul Biya. Si rien n’est fait à la tête du SDF, et vu le rythme d’allégeance et de ralliement des anciens-nouveaux de l’opposition au RDPC, les quelques députés du SDF devront se battre en solo pour garder leur poste aux prochaines législatives.
Fru Ndi président d’honneur du SDF à partir de 2016
Sentant donc une menace d’éjection se pointer, John Fru Ndi multiplie des sorties publiques ces derniers jours pour récupérer l’espace politique perdu. On l’a vu surtout à un poste de péage routier de Santa sur la nationale reliant Mbouda-Bamenda pourtant l’état chaotique de la majorité de nos routes est connu de tous et ne date pas d’hier.
Une de ses dernières sorties est un communiqué de presse invitant le président Paul Biya à demander des comptes au PAN, l’Honorable Cavaye Yeguie Djibril, à propos de la version national de Boko Haram puisque le PN avait surpris les camerounais en déclarant à l’AN « Boko Haram est parmi nous, ici à l’Assemblée nationale ». Ces propos tenus par le PAN remontent au moins d’octobre 2014. Voilà un exemple patent de retard face à l’actualité.
Il est désormais clair que le premier parti d'opposition politique camerounais aborde un tournant décisif de son existence, voire de sa survie. Face aux nombreuses tergiversations de son leader historique Ni John Fru Ndi. Ce parti est devenu inaudible et chaque jour perd un peu plus de sa crédibilité.
Au point de pousser l’Honorable député Joshua Osih, vice-président du SDF, à déclarer lors d’une entrevue à RFI à propos de la possibilité que John Fru Ndi cède sa place « Le congrès du parti se tiendra en 2016. Les délégués y décideront s’il faut un nouveau président ou pas » Honorable Joshua Osih à RFI (mai 2015). On verra. Le poste de président d’honneur pourrait lui être offert et l’amener progressivement vers une retraite politique bien méritée.