Guerre des mots au sein du Gouvernement

Cabinet Meeting Yaoude Palace Les membres du Gouvernement lors d'un Conseil de Cabinet

Thu, 6 Oct 2016 Source: cameroon-info.net

Déclarations et contre déclarations, vérités et contrevérités… les membres du Gouvernement gratifient l’opinion de duels de mots parfois intéressants.

La solidarité gouvernementale ! Le souhait est du Président de la République, Paul Biya, pour une action du Gouvernement plus cohérente et plus efficace. Mais ce vœu pieux est confronté à la dure réalité des faits. Celle de membres du Gouvernement qui se livrent souvent à guerre des mots sans merci. Dans son numéro du 6 octobre 2016, La Nouvelle Expression (LNE) a répertorié une demi-dizaine de cas illustratifs.

Le premier concerne l’actuel Ministre des Transports (MINTRANS), Edgard Alain Mebe Ngo’o et son Ministre délégué, Mefiro Oumarou. En août dernier, indique le quotidien privé, «le MINTRANS avait remonté les bretelles à Mefiro Oumarou pour ses sorties médiatiques à la Cameroon Radio and Television (CRTV) (les émissions Actualités Hebdo et Inside the Presidency)».

«Au cas où vous l’aurez perdu de vue, en vos qualités respectives de Ministre Délégué auprès du Ministre des Transports et de PCA de CAMAIR-CO, vous demeurez placé sous l’autorité du Ministre, en vertu de mon double statut de chef de département des Transports et de tutelle technique de la compagnie aérienne nationale. Et à ce titre, toutes vos sorties médiatiques doivent être subordonnées à mon autorisation préalable» avait tonné l’ancien Ministre de la Défense.

Il y a quelques semaines, la presse faisait état de la mésentente entre le PCA de la CAMWATER Jérôme Obi Eta et le DG Alphonse Ondoa Akoa. Le premier reprochait au second d’avoir procédé à deux nominations à titre intérimaire sans l’aval du Conseil d’administration. Aussi, le PCA demandait-il au DG «de surseoir à l’exécution de ces décisions avec effet immédiat». Car, précisait-il, «ces décisions relèvent de la responsabilité du Conseil d’administration».

Les téléspectateurs de la chaîne privée, Canal 2 International se souviennent encore de la sortie très remarquée de Christian Penda Ekoka. Invité de l’émission La Grande Interview, le conseiller de Paul Biya n’a pas mis les gants pour critiquer la politique, surtout économique du Gouvernement. Il s’est ainsi, note le journal, ‘‘attaqué’ à Jacques Fame Ndongo en critiquant le projet de 500.000 ordinateurs défendu bec et ongles par le Ministre de l’Enseignement supérieur. «C'est la bonne intention avec le mauvais cadeau. La bonne intention c'est celle du président et le mauvais cadeau c'est ceux qui lui ont suggéré cette affaire…», a-t-il déclaré.

Concernant les projets structurants, Penda Ekoka a souligné que «les besoins en énergie du Cameroun sont importants… il y a des projets comme Hydro-mekin que je n’approuve pas du tout parce que non seulement ils sont très petits, 15 Mégawatts qui va nous coûter plus de 40 milliards FCFA. Il n’était pas un projet absolument innovant et absolument nécessaire». S’exprimant au sujet de l’endettement, il n’a pas été tendre non plus. «On s’endette souvent pour n’importe quoi et à n’importe quel moment. Vous ne voyez plus les priorités d’urgence et de hiérarchie dans l’endettement. C’est surtout ça qui doit être inquiétant», avait affirmé le Conseiller de Paul Biya.

Le 4 octobre, Jean Paul Ayina, Ministre plénipotentiaire a signé une tribune libre publiée dans les colonnes de l’hebdomadaire Essingan. L’enseignant à l’IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun), fustigeait l’expression «pleine de vigueur», utilisée par le Ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, Louis Paul Motaze, pour qualifier la croissance économique du Cameroun. «Il faut reconnaitre que ce taux de croissance n’est pas encore robuste bien que légèrement au-dessus du taux prévu dans le DSCE pour la période 2010-2020à à savoir (5.5%)… au regard du potentiel économique du pays» déclare-t-il.

En plus, a-t-il ajouté, «le MINEPAT a voulu démontrer que l’État du Cameroun opère désormais comme un État stratège c’est-à-dire, entre autres, un État qui a une vision, des objectifs clairs à atteindre et une stratégie pour ce faire. Mais l’État stratège doit être sous-tendu et soutenu par la bonne gouvernance politique et économique … Et la bonne gouvernance comme socle de la croissance économique soutenue et du développement durable est encore la grande faiblesse du Cameroun».

Source: cameroon-info.net