A la faveur d’une réunion de son Bureau politique, tenue mardi 28 juillet 2015 à Yaoundé, l’Union des populations du Cameroun (Upc) dont les membres estiment que le parti du crabe a payé le lourd tribut des exactions de l`armée française durant les luttes pour l`indépendance. Ces militants proposent des mesures de dédommagement.
La visite de François Hollande joue les prolongations. Deux semaines après le bref séjour du président français en terre camerounaise, l’Upc continue le débat.
A preuve, parmi les points inscrits à l’ordre du jour des travaux de la réunion statutaire de son Bureau politique, tendance Bahebeck, tenue mardi dernier au lieu-dit «Rue Ceper» à Yaoundé, figurait en bonne place ce qui a été appelé « la déclaration sur la reconnaissance du massacre anti-upéciste par François Hollande».
Cette question sensible et très attendue, au regard du sentiment anti français qui a précédé le séjour du chef de l’ancienne colonie au Cameroun lui avait été posée à l’ouverture de la conférence de presse.
«C’est vrai qu’il y a eu des épisodes extrêmement tourmentés et tragiques même, puisqu’après l’indépendance, il y a eu une répression en Sanaga maritime et en pays bamiléké… Des militants indépendantistes ont été réprimés par les forces françaises», avait reconnu du haut de son pupitre, le sixième président de 5ème la République française.
Plus de cinquante ans après les faits qui se sont déroulés peu avant les indépendances, directement par les forces françaises, puis après 1960 par l’armée nationale camerounaise, mais sous le commandement de l’ancienne puissance tutélaire.
Opportunisme béat
S’inspirant donc de ce mea-culpa du colon, le parti a voulu recentrer le débat pour « remettre tous ces cadres au même niveau de compréhension » et envisager une consultation à la base avec les familles des survivants des martyrs. « Le président Hollande a parlé de l’Upc ; il n’a pas parlé des autres. Que les gens revendiquent aussi, qu’ils ne commencent pas à faire des faux procès à notre parti. Nous ne faisons pas de l’opportunisme béat.
L’histoire est têtue et la vérité implacable », prévient d’entrée Jean Bahebeck, le désormais secrétaire général de l’Upc depuis le limogeage du Dr Pierre Sende le 6 juin denier. Pour le médecin orthopédiste, maintenant que François Hollande reconnaît les crimes et dit sa disposition à déclassifier les dossiers, il reste à la partie camerounaise, l’Upc principalement, d’engager la procédure de réparation. Suivant le mode : « La procédure que nous proposons se passera en trois temps :
Le premier concerne la présentation des grands martyrs. Tout le monde les connaît. Cela ne se discute pas.
Le deuxième temps portera sur la recherche des autres martyrs qui s’effectuera sur la base d’un recensement scientifique et objectif dirigé par une Commission composée d’historiens, d’anthropologues, des physiciens, des chercheurs et d’autres experts. Cela ne sera pas une histoire où des gens sortent de nulle part et viennent pointer du doigt.
Et enfin, la mise sur pied d’un dialogue consensuel entre les Upécistes et les dirigeants pour que ce tort soit enfin réparé», dit Jean Bahebeck.
Autres grandes résolutions de cette réunion du Bureau politique qui a également évoqué, en dehors de l’actualité autour de la situation sécuritaire du pays, la sonnette d’alarme tirée à l’endroit des autorités camerounaises sur les nombreuses frustrations et matraquages subis par Bahebeck.
Les sympathisants de cette faction, prenant, le président de la République et les Camerounais à témoins, crient leur colère contre certains caciques du parti au pouvoir « qui ont juré depuis sa nomination au poste de Sg du parti, de faire de sa vie socio-professionnelle, un enfer ». Ce que les militants trouvent inadmissible pour «une icône mondialement reconnue» Cabales
Fervent militant de l’Upc depuis 1992, le député suppléant de Pierre Sende dans l’arrondissement de Matomb dans le Nyong-et-Kéllé, confesse que son militantisme à outrance doublé du génie qu’il incarne dans la science, ne lui ont pas fait que des amis. Ce d’autant plus que certains de ses collègues, et même ses supérieurs hiérarchiques, ont mené plusieurs fois des cabales pour l’ « étouffer », sous le prétexte qu’il n’appartient pas au régime en place.
Pire, sa nomination au poste de chef de service des urgences n’a jamais été accompagnée d’un acte officiel. Cela explique certainement pourquoi le digne fils Bassa crie aujourd’hui à qui veut l’entendre que, « dans le milieu professionnel, mes relations avec mes patrons sont beaucoup plus conflictuelles qu’harmonieuses. Pour eux, il ne faut pas briller. Ils pensent que tout le monde doit se ranger dans leur camp. Ce qu’ils oublient c’est que je suis un esprit libre. En plus, j’ai la chance de pouvoir positiver la haine et la jalousie que les gens me portent», lance-t-il un brin moqueur.