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L’économiste compte les coups politiques - Jean Nkuete

Nkuete Jean Jean Nkuete

Fri, 7 Aug 2015 Source: Mutations

Qui l’eût cru ? Le bouillonnant et volubile président de la Dynamique, Albert Dzongang, sur le chemin du retour au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Et ce, grâce au (redoutable) flair politique – nous y reviendrons – de Jean Nkuete, actuel patron administratif du « parti du flambeau ».

Plus que le calibre ou la taille de la prise, c’est davantage l’identité du chasseur et le stratagème déployé par ce dernier, qui frappent les esprits. D’autant que la légendaire bonhommie et les difficultés d’élocution de l’ancien vice-Premier ministre en charge de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) suscitent au mieux compassion, au pire, sarcasmes.

Un « handicap » avec lequel Jean Nkuete hérite le 09 décembre 2011, du stratégique poste de secrétaire général du Comité central (Sg/Cc) du Rdpc. A cette date, pas grand monde ne croit alors à son succès. Mais voilà, près de quatre ans plus tard, certaines actions de Jean Nkuete forcent l’admiration.

La dernière en date ? L’orchestration du retour au Rdpc d’Albert Dzongang, chef de file de la Dynamique, et challenger de Paul Biya – champion naturel du Rdpc – lors de la présidentielle du 09 octobre 2011. Si cette opération a eu autant d’écho, c’est surtout en raison de ses ressorts politiques.

De fait, dans une correspondance datée du 06 juillet dernier, que Jean Nkuete adresse à Paul Biya, il justifie cette action par « la nécessité de contenir et de neutraliser l’activisme des personnes incontrôlables comme messieurs Nintcheu à Douala, Kouemo à Bafang et Maurice Kamto dans les Hauts-Plateaux ».

L’on apprend en outre de la même missive, que l’autre objectif affiché de ce mercato politique, est de « faire face efficacement au vide créé à Douala par le décès de la présidente Foning », en ramenant Albert Dzongang au bercail, « et si possible, avant le renouvellement des organes de base ». Rien de moins.

Félicitations

La chausse-trappe est imparable ! Puisque l’opinion publique sera informée – un peu prématurément certes – de l’abdication « sans conditions et de manière irréversible » du sieur Albert Dzongang. Même Peter Agbor Tabi, réputé avare en compliments, est bluffé par ce coup politique. Il ne s’en cache d’ailleurs pas.

Dans une note adressée au locataire du palais de l’Unité, il affirme que « le retour au Rdpc d’un dissident bruyant est toujours une bonne nouvelle et le secrétaire général du Rdpc mérite des félicitations pour cette action d’éclat ». Comme un grand, c’est donc Jean Nkuete, qui a initié cette étonnante manœuvre qui sonne comme un cinglant pied de nez à ceux qui ne l’en croyait pas capable.

Faut-il rappeler que c’est le même homme qui avait reçu le 06 septembre 2013, Aminatou Ahidjo, la fille du premier chef d’Etat du Cameroun. Vêtue aux couleurs du Rdpc, la progéniture de Germaine Ahidjo – dont les rapports avec Paul Biya sont loin d’être amicaux – avait à l’occasion été exhibée tel un trophée ? C’est également sous le magistère cet enfant de Balessing dans la Menoua, que certains actes parmi les plus importants ont été pris.

Citons entre autres, et à titre d’illustration, la décision fixant les indemnités des membres et des responsables du secrétariat du Comité central, l’élargissement des collèges électoraux au sein des organes de base du Rdpc, la création de 21 nouvelles sections. L’entrée en service de la commission de discipline (ad hoc), le lancement de la campagne du renouvellement des organes de base sont également intervenus sous le « règne » de Jean Nkuete.

A 71 ans, celui qui a été tour à tour, directeur des affaires économiques, conseiller technique dans les services du Premier ministre, secrétaire général-adjoint de la présidence de la République, secrétaire général du gouvernement, directeur général de Paribas Cameroun, directeur de l’agence Beac de Douala, secrétaire exécutif de la Cemac, n’a cependant pas tout réussi au Rdpc.

La gestion calamiteuse de l’opération des investitures des candidats du « parti flambeau » aux sénatoriales d’avril 2013 – qui avait disqualifié le Rdpc dans les régions de l’Ouest et de l’Adamaoua – apparait comme le symbole le plus retentissant des échecs de l’ère Nkuete au Rdpc.

Selon certaines indiscrétions, cet évènement putatif, vécu comme un véritable cataclysme politique par certains militants, a d’ailleurs contribué à effriter l’autorité du Sg/Cc du Rdpc, dont on dit avoir l’oreille de Paul Biya.

A ce propos, « l’homme du 06 novembre 1982 » fera t-il grâce à la requête de son « ami » au sujet de l’enrôlement d’Albert Dzongang ?

Source: Mutations