Médiation : le Cameroun face à une impasse dans la résolution de la crise anglophone

Ce qui se joue, au fond, c’est la recherche d’un nouvel équilibre

Mon, 27 Mar 2023 Source: Intégration

S’il y a place pour diverses interprétations, le site internet d’Africa Intelligence met un point d’honneur sur la mission de Peter Mac Dougall à Yaoundé: «relancer la médiation sur la crise anglophone des régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest, menacée après plusieurs mois d'avancée dans le plus grand secret».

Au-delà de l’énoncé strict de l’objectif de l’arrivée du membre du gouvernement canadien au Cameroun, l’on peut avancer sans trop trahir qu’Ottawa entend ébaucher un nouveau contexte à son offre de médiation gelée depuis janvier dernier par Yaoundé. Selon un diplomate canadien en poste dans la capitale camerounaise, «cette visite de M. Peter Mac Dougall agit comme une métaphore cristallisant beaucoup d’attentes pour Ottawa».

«Lobbying»

Ce qui se joue, au fond, c’est la recherche d’un nouvel équilibre entre l’intérêt de la partie camerounaise et la teneur de l’offre canadienne. «Plus fondamentalement, Peter Mac Dougall espère convaincre Yaoundé d’accepter officiellement la médiation de son pays dans la crise anglophone», éclaire Daniel Nkomba. «Indépendamment des objectifs secrets, poursuit l’internationaliste camerounais, le but de cette visite est de soumettre les modalités de la démarche canadienne aux autorités camerounaises».

Vue sous cet angle, l’arrivée de Peter Mac Dougall a dûment été programmée. Sans doute, elle est en conformité avec la position incarnée de façon insistante par James Emmanuel Wanki. «Dans le cadre de son engagement à promouvoir la paix et la sécurité dans le monde, le Canada continuera d’appuyer une résolution politique et pacifique du conflit au Cameroun. Le seul intérêt du Canada sur cette question est une résolution pacifique du conflit, dans le but d’assurer l’avenir de tous les civils touchés par ses conséquences tragiques», avait en effet émis le porte-parole au département des Affaires mondiales du ministère canadien des Affaires étrangères. (Voir Intégration N° 544 du lundi 20 février 2023).

Passage en force?

Ainsi le Canada, qui se désigne implicitement comme un parrain à toute épreuve, semble avoir fait le choix de «se lancer» hardiment vers Yaoundé. Làbas, depuis janvier dernier, le pouvoir local visiblement dépité de ne pas être la seule instance arbitrale dans la recherche de solutions à la crise anglophone, avait brillé par une réaction à la fois tumultueuse et ré ticente. En effet, dans un communiqué signé le 23 janvier 2023 par René Emmanuel Sadi (ministre de la Communication), le gouvernement camerounais martelait n’avoir «confié à aucun pays ou entité extérieure un quelconque rôle de médiateur ou de facilitateur pour régler la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest». Un jour avant cet «arrêt», quelques responsables religieux (soutenus par la Conférence épiscopale nationale du Cameroun) des régions anglophones du pays avaient salué l’annonce de la médiation d’Ottawa, publiquement portée par Mélanie Joly (ministre canadienne des Affaires étrangères). Mais rien n’avait bougé.

Sur le terrain, horreurs et misères déferlent sur les actualités quotidiennes. En plus de l’explosion d’une bombe survenue le samedi 25 février 2023 à Buéa (Sud-Ouest) lors du lancement de la 28e édition de l’ascension du Mont Cameroun, la chronique la plus récente fait état de messages de terreur diffusés en direction des populations qui oseraient fouler aux pieds le calendrier des villes mortes tenu par des séparatistes.

Source: Intégration