La (pré) campagne électorale en vue de la prochaine élection présidentielle est irréversiblement sur les rails. Les candidats déclarés à ce scrutin rivalisent d’actions de marketing politique. La convention du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun tenue, Maurice Kamto, est toutes voiles dehors pour rallier les électeurs à son projet de société. Après avoir parcouru des coins et recoins du Cameroun, Akere Muna a entamé une opération de charme à l’étranger.
A l’occasion d’un meeting tenu lundi dernier à Mbouda, Joshua Osih, avec à ses côtés Ni John Fru Ndi, a fort bien remué la nostalgie de ce Social Democratic Front qui faisait courir les foules au début des années 90. Pour sa part, Cabral Libii, qui est investi par le parti Univers, s’impose une débauche d’énergie et d’ingéniosité, pour une mobilisation citoyenne autour de sa candidature. En attendant la désignation officielle de son porte-étendard pour l’élection présidentielle, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) est sur le terrain pour pérenniser son hégémonie.
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Au stade actuel de la campagne électorale, le suspense s’établit autour de deux principales questions : Paul Biya (85 ans, dont 34 au pouvoir) sera-t-il candidat à sa propre succession ? L’opposition ira-t-elle en rangs serrés ou en ordre dispersé face au candidat du Rdpc ? Pour de nombreux analystes, le suspense autour de la candidature de Paul Biya est un faux. Des signes existent qui montrent que le champion du Rdpc n’est pas prêt à se retirer de l’arène.
Se sachant scruter par ses adversaires politiques et une certaine communauté internationale, qui a la longévité en horreur, le chef de l’Etat sortant attend manifestement le bon moment pour tomber le masque.
Face à Paul Biya, une dynamique unitaire de l’opposition est-elle possible ?
Des contacts ont été noués, mais pour l’heure, la stratégie commune en incubation ne laisse pas encore prospérer l’hypothèse d’une candidature unique. Les déclarations publiques de certains lieutenants des poids de lourds de l’opposition tendent même à faire penser qu’aucun des candidats n’est disposé à s’effacer pour un autre. D’aucuns misent sur un scénario à la gambienne (à la surprise générale, Adama Barrow a remporté la présidentielle en 2016, face à Yaya Jammeh, au pouvoir depuis 22 ans), faisant mine d’ignorer l’histoire et la pratique électorale au Cameroun.
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Dans son livre «Cameroun, l’opposition en panne» (2012, Editions Lupeppo), Ahmadou Sehou fait une autopsie de l’échec de l’opposition, laquelle a vocation à être une piqûre de rappel pour des candidats déclarés. «L’examen des vingt dernières années a démontré que les menées solitaires sont sans lendemain et que les pertes engrangées sont plus importantes que les bénéfices tirés des compromissions, des trahisons et des neutralisations réciproques. Loin d’être devenus plus forts, les partis d’opposition se sont décrédibilisés dans l’opinion et ont perdu progressivement le soutien populaire», écrit l’enseignant-chercheur.
D’ici à la convocation du corps électoral, tout est encore possible. Et c’est peu de dire que toute erreur stratégique se paiera cash. Meurtri par des années de délitement social, le peuple n’en reste pas moins maître de son destin. De l’usage qu’il fera du bulletin de vote, dépendra son avenir pour les sept prochaines années.