Le processus a pris les allures d’une pagaille normalisée en dépit des directives du président national de ce parti, M. Paul Biya.
Dans une lettre circulaire, le président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), M. Paul Biya, aurait cru devoir encadrer le processus électoral dans son parti. Il y magnifiait l’esprit de camaraderie, la connaissance des textes du parti, fustigeait l’étalage de l’argent, le clientélisme. Il croyait que les militants de son parti, candidats aux divers postes mis en jeu pour les élections à la base du Rdpc allait devoir se plier à ces directives. Les candidats n’en ont fait qu’à leur tête. Si pour les cellules, les comités de base et dans une certaine mesure les sous-sections, le consensus a prévalu, c’était tout à fait autre chose pour les sections. On s’est battu à coups de fric, de gueule et même à coups de poing.
A Okola, un député candidat à la section a violemment insulté le président de la Commission communale, le patriarche André Tsala Messi. Il l’a traité de menteur, de bricoleur devant des militants ahuris par tant de grossièretés sortant de la bouche de quelqu’un qu’on appelle « honorable ». C’est vrai que ce député est un sanguin. Dès qu’il entend le mot débat, il sort souvent le révolver. A Elig-Mfomo, le député du coin a menacé de « casser la gueule » au maire. Les coups bas ont été légion. On a confisqué les cartes d’adhésion pour empêcher les militants d’aller voter. Dans certaines zones, on ne donnait ces cartes qu’à « des gens sûrs » faussant donc ainsi le jeu démocratique. Une fois de plus, on a empêché les militants de choisir qui ils voulaient.
L’argent a circulé à flot. Pour acheter des boeufs, des tonnes de poisson et de sacs de riz, de la bière à gogo, pour donner même aux militants « un peu d’argent de transport ». Bref les consignes du président national du Rdpc ont été bafouées ouvertement. On nous dit même que dans le Mfoundi, un ancien député a passé son temps à « faroter » et à corrompre l’électorat. Sans se cacher. Un comportement qui aurait dû être sanctionné lourdement. Par une disqualification par exemple. Mais tout cela s’est fait sous le regard complaisant des « arbitres » désignés par la hiérarchie du Rdpc. Plus grave, on a même parlé de charters électoraux. Le Rdpc nous étonnera doc toujours. Même en son sein, on ne peut pas ne pas entendre le mot fraude. Etonnez-nous encore que la plupart des voleurs présumés ou réels sortent des rangs de ce parti. Ils ont de l’entraînement dans leur propre parti.