Ce parti bénéficie de la remontée des revendications sociopolitiques pour devancer le Rdpc.
En attendant les chiffres officiels, les premiers signaux en provenance du Nord-Ouest, à l’issue des sénatoriales organisées au Cameroun le dimanche 25 mars 2018, affichent une avance du Social Democratic Front (SDF) face au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, parti au pouvoir), son principal challenger politique dans cette circonscription.
Sur 1039 votants attendus (collège électoral), 1037 suffrages ont été valablement exprimés. Au final, le parti de Ni John Fru Ndi tient le haut du pavé avec 517 voix (49,76%), suivi du Rdpc 496 (47,74%), de l’Udp 16 (1,54%) et de l’Undp 02 (0,19%).
L’avance prise par le SDF suscite des interrogations quant au respect des consignes de vote données aux conseillers municipaux du Rdpc, majoritaires au départ. Puisque le parti au pouvoir en comptait 538 contre 500 conseillers aux couleurs du SDF. Qu’est qui peut bien expliquer ce renversement de situation, au point de provoquer une désaffection dans les rangs du parti de Paul Biya ?
Qu’est ce qui a pu pousser certains conseillers à ignorer les directives du président national et du secrétaire général du comité central du Rdpc, qui est lui-même descendu à Bamenda pour battre campagne ?
Nos sources indiquent que le Rdpc récolte ainsi un «vote sanction» du fait de l’inaction des premiers sénateurs (cuvée 2013) tout au long de leur mandat. Mais, il y a aussi, pour en rajouter à la «traîtrise», l’interminable crise dite anglophone qui a fragilisé le Rdpc, jadis détenteur du trophée électoral dans ce fief autrefois «naturel» au SDF.
«Les Anglophones du Nord-Ouest donnent ainsi un signal fort pour les prochaines élections qui s’annoncent au Cameroun», analyse un observateur averti. Si au Rdpc dans le Nord-Ouest, certains militants tiennent un curieux discours en indiquant qu’il fallait «faire gagner le SDF pour apaiser les tensions sociales», tout laisse penser qu’une frange de conseillers municipaux, élus Rdpc, vient de porter un coup au mythe de l’invincibilité de ce parti et accessoirement de son leader.
Et de présenter le visage des militants occasionnels, poussés par le vent pour adhérer à un parti sans véritablement croire à ses idéaux. On peut le dire, l’élite locale incarnée par le Premier ministre, Philemon Yang, et le ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, qui aurait «mis le paquet», en sort affaiblie. Le SDF tient sa revanche. En effet, à l’issue des sénatoriales 2013, le Rdpc avait remporté tous les sept sièges du Nord-Ouest avec 516 voix, loin du SDF (476), dont la tête de liste était John Fru Ndi.