La récente tournée du ministre de la défense Edgar Alain Mebe Ngo’o dans la région de l’Extrême-nord, après les attentats de Mora, n’a pas laissé insensible le vétéran de l’UPC, Woungly-Massaga. Dans une lettre ouverte adressée au Mindef et relayée par le quotidien Le jour édition du lundi 28 septembre 2015, le commandant Kissamba «félicite sincèrement le ministre Mebe Ngo’o», pour avoir condamné avec fermeté les détournements des primes des soldats au front, lors de cette tournée.
Mais c’est surtout les déclarations du Mindef à propos de la lutte contre Boko Haram qui ont retenu l’attention du vétéran. Le ministre Mebe Ngo’o affirmait en effet que «malgré l’émotion que suscitent les attentats kamikazes, ces actions participent de la lâcheté et d’une certaine manière d’un certain désarroi de la part de nos ennemis».
Pour le vétéran de l’UPC, la nébuleuse Boko Haram n’a pas changé de mode opératoire « elle dispose de plusieurs modes opératoires qu’elle utilise selon le contexte. Le recours à tel ou tel mode opératoire n’est pas une question de lâcheté, de désarroi ou d’épuisement, mais d’opportunité».
Une lutte efficace contre Boko Haram est possible souligne t-il « mais pas avec des approches qui minimisent cet ennemi et qui s’illusionnent sur les capacités de nos Forces de Défense. C’est très peu probable avec le dispositif actuel de votre régime. Et il y a lieu d’en être moins sûr que vous avec la Force Multinationale sur laquelle vous semblez reposer toute votre confiance et qui de notre modeste point de vue, sera largement impuissante ne serait-ce que face au mode opérationnel actuel des attentas kamikazes», indique t-il.
Pour lui, la seule solution de l’heure, pour mettre Boko Haram «à genoux» : «Changer de monnaie : sortir du Franc CFA pour une monnaie africaine». Il justifie sa position en soutenant que «la nébuleuse se retrouverait avec des tonnes de Francs CFA qui n’auraient plus aucune valeur». Certes, la nouvelle monnaie circulera et quelques djihadistes pourront en collecter quelques billets à gauche et à droite «mais un dispositif efficace pourrait empêcher que les terroristes puissent amasser des sommes importantes pour leurs opérations».
«Nous souhaitons donc vivement que pour faciliter la lutte décisive contre Boko Haram, le chef de l’Etat se prononce comme ses collègues d’Afrique Centrale pour la sortie du Franc CFA et l’adoption d’une monnaie africaine, et adhère à un traité fondateur des Etats Unis d’Afrique centrale doublement amnistiant pour les chefs d’Etat vis-à vis de leur peuple, et pour les opposants vis-à-vis de leur chef d’Etat», recommande Woungly-Massaga.